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CONSEIL DES MINISTRES POST ELECTORAL : on ne change pas une politique qui ruine

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  • CONSEIL DES MINISTRES POST ELECTORAL : on ne change pas une politique qui ruine

    • jeudi, Mai 08 2014
    • Écrit par Ali Graïchi

    L'Algérie est un pays qui fait pleurer ou rire ; pleurer ses enfants de douleur et d'humiliation et rire ses concurrents par dérision ou cynisme. Pour autant, le chef de l'Etat qui a décidé de ne laisser aucune illusion à ses éventuels adorateurs ne semble pas décidé à s'arrêter une fraction de seconde pour évaluer les conséquences d'une politique basée sur la ruse et l'esbroufe, quitte à prendre le risque de provoquer un chaos qui finirait par l'emporter lui même. Le premier conseil des ministres qui a suivi une campagne électorale délirante est un bel échantillon d'une conception politique qui échappe à toute analyse rationnelle.

    Après plus d'un demi siècle de présence dans la vie publique algérienne, personne ne connaît des amis à Bouteflika, nul ne peut le définir par une conviction ou un programme. Il aura dit tout et le contraire de tout. C'est à dire rien.
    Ceux qui ont entendu ses discours des années 60 peuvent retrouver toute la vulgate arabo socialiste en vogue à l'époque. Plus tard, dans sa traversée du désert, il se donna, quand l'occasion lui en était offerte, comme la victime des régimes despotiques dont il fut un acteur patenté. Dans les années 90, il répudia, au moins dans la forme, une vie de noceur qui hanta toutes les tavernes sulfureuses d'Europe et du Moyen Orient pour exhiber une vie d'ermite exaltant les vertus de la mystique religieuse.
    A son retour aux affaires, conscient du rejet de l'étouffante bigoterie qui pesait sur la nation, il afficha une rafraichissante inclination à la modernité avant de replonger dans les abysses de la « réconciliation piège » qui consiste à dénoncer le terrorisme tout en cultivant une certaine stimulation de sa source doctrinale pour disposer d'une nuisance meurtrière qui lui permette de jouer les recours dans un drame qu'il a, sinon aggravé, du moins savamment entretenu.
    Tout ce qui apparaît comme valeur, idée et proposition porteuse est bienvenu chez Bouteflika. Il est prêt à enfourcher la monture du diable si l'heure est aux adorations sataniques et se tient prêt à se prosterner le lendemain devant toute autre divinité si les temps, les lieux ou les conjonctures le demandent.
    Adversaire historique des libertés démocratiques, il ne jure maintenant que par le respect des garanties qu'il faut assurer à la libre expression, l'autonomie d'organisation et l'indépendance de la justice. Pendant qu'il annone les slogans de l'heure, deux jeunes croupissent en prison pour avoir participé à une manifestation pacifique dont le nombre ne dépassait pas quelques dizaines de personnes, autant dire qu'il n'y avait pas péril au royaume de Tlemcen.
    La mode est à la régionalisation ? Qu'à cela ne tiennent. Bouteflika est prêt à se saisir du dossier et le vider de sa substance en entonnant le couplet de la réforme territoriale. Du coup, expliquent ses meddahs, la crise qui a ensanglanté le Mzab et à laquelle on dénie, contre toute logique,le caractère de conflit communautaire, trouvera,comme par magie,sa solution. Au lieu de créer des pouvoirs locaux démocratiquement élus, on multiplie les représentants d'un Etat pléthorique.
    La corruption explose comme jamais après 15 années d'un pouvoir sans partage ni contrôle ? Pas de problème ; le premier conseil des ministres, dont la quasi totalité des membres devraient dormir en prison – et pour longtemps -, inscrit la lutte contre la corruption à son menu; oubliant qu'il y a déjà plus de dix ans que le même personnage a créé un observatoire contre la même corruption. Concrètement, toutes les procédures lancées sur les grands scandales sont évidemment bloquées. C'est ça Bouteflika !Un arracheur de dents, une espèce de samaritaine où l'on trouve de tout pour tous les goûts, l'essentiel étant de ne pas être regardant sur la qualité et le suivi des annonces car il y a souvent, pour ne pas dire systématiquement, tromperie sur la marchandise.
    A systématiquement dire tout ce que les gens veulent entendre et se déjuger aussitôt, Bouteflika n'a pas seulement focalisé contre lui la colère, sourde ou éruptive, des Algériens, il a durablement déconsidéré la parole publique.
    Il n'est malheureusement pas rare dans les pays du sud de voir des dirigeants promettre, sans trop se soucier des capacités de leur administration à donner une suite, même parcellaire, à leurs engagements. Le problème avec Bouteflika est que la tromperie est une méthode jubilatoire qui est en même temps un objectif. Beaucoup se sont posés la question de savoir pourquoi il recourt à des ruses puériles, y compris quand il n'y est pas obligé et qui plus est ne convainquent personne? Parce que l'homme qui n'a jamais participé à une entreprise constructive doit se rassurer en se prouvant qu'il peut gruger son monde. C'est sa manière de tester sa puissance et, croit-il, son intelligence. Pour lui, le pouvoir n'est pas un moyen mais une finalité. Le premier conseil des ministres d'un quatrième mandat épique vient de rappeler cette singulière et périlleuse conception de la représentation politique si chère à Bouteflika.
    Ali Graichi
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