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Soucis et querelles nous font mourir à petit feu

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  • Soucis et querelles nous font mourir à petit feu

    Selon une étude danoise, être en conflit, ouvert ou larvé, avec un proche ou un voisin fait plus que doubler le risque de décès.

    Qu'il s'agisse d'un conjoint, d'un parent, d'un proche ou même d'un voisin, on savait qu'être en conflit prolongé avec son environnement social ou familial est difficile à supporter psychologiquement. Voilà qu'une étude danoise, publiée dans le Journal of epidemiology and community health , vient alourdir encore un peu plus le fardeau: se quereller est aussi mauvais pour la santé.
    «Nous avons découvert que la mortalité est au moins doublée pour les hommes d'âge moyen qui sont fréquemment préoccupés ou sollicités par leurs conjoints ou enfants», explique au Figaro le Pr Rikke Lund. Avec son équipe du département de santé publique de l'université de Copenhague, elle s'est plongée dans les bases de données d'une étude qui avait débuté dix ans plus tôt, pour aboutir à cette conclusion.

    Les hommes plus vulnérables à la pression

    À l'entrée dans l'étude, 9875 hommes et femmes, âgés de 36 à 52 ans, avaient répondu à une batterie de questions dont certaines portant sur l'existence de pressions provenant de leur environnement social et familial. Différents types de pression psychologique étaient détaillés, allant des simples préoccupations ou sollicitations incessantes jusqu'aux authentiques situations de conflits. «Les conflits impliquent toujours la participation active des deux personnes, alors que l'on peut être préoccupé par un proche sans qu'il ne joue un rôle actif direct dans cette inquiétude», justifie le Pr Lund. Une distinction qui, pour être subtile, n'en est pas moins pertinente puisque les résultats ne sont pas les mêmes selon le type de souci considéré.

    Ainsi, l'effet mortifère des préoccupations liées au partenaire ou aux enfants n'est pas significativement augmenté pour les femmes, alors que c'est le cas chez les hommes. «Nous avons effectivement remarqué que les hommes étaient plus vulnérables sur ce plan, sans que l'étude ne nous fournisse d'explication, signale le Pr Lund. L'une des hypothèses est que les hommes tendent à avoir des réseaux sociaux plus réduits souvent focalisés sur leur partenaire, alors que les femmes développent des liens plus vastes et plus diversifiés. Ainsi, si la partenaire est source de sérieuses préoccupations ou de sollicitation permanentes, cela place les hommes dans une position plus vulnérable car ils n'ont personne vers qui se tourner pour en parler.»

    Les conflits de voisinage encore plus dangereux

    «On peut trouver des tas d'explications différentes, comme souvent en épidémiologie sociale», souligne Basile Chaix, directeur de recherche à l'Inserm. Même si les auteurs danois ont pris en compte - et corrigé statistiquement - plusieurs facteurs de risque qui auraient pu influer sur le résultat, il regrette le manque de variables socio-économiques. «Le revenu a une influence évidente au niveau du couple, ajoute le chercheur, et même si on isole statistiquement les expositions auxquelles on est soumis, elles ne flottent pas dans le vide. Elles sont souvent reliées entre elles».
    Ces précautions méthodologiques posées, hommes et femmes semblent au moins égaux devant une situation de stress: le conflit prolongé, quelle qu'en soit l'origine. «Le risque de mourir est multiplié par deux (sur les dix années de l'étude, NDLR) lorsque l'on est en conflit durable avec son conjoint ou ses enfants», explique le Pr Lund.

    Pour le Dr Chaix, «l'intérêt et l'originalité de l'étude danoise est d'avoir étudié l'effet négatif à long terme sur la santé de relations sociales perturbées alors qu'habituellement on se concentre plutôt sur les effets bénéfiques d'un environnement favorable». Les conflits sont plus rares avec des membres de sa famille ou des amis, mais ils sont plus risqués: la mortalité est multipliée par 2,5. Même les conflits de voisinage s'avèrent dangereux, puisqu'ils triplent la mortalité. «Ils sont heureusement plutôt rares et ne concernent que 1 % des gens», minimise le Pr Lund. Du moins au Danemark.

    le figaro
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