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Ziryâb, l’homme qui révolutionna l’art de vivre européen

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  • Ziryâb, l’homme qui révolutionna l’art de vivre européen

    Le 16 et 17 décembre derniers, Marc Loopuyt présentait à l’Institut du monde arabe son nouveau spectacle musical, Andalousie. Sous-titré Du Gange au Guadalquivir, cette suite de tableaux mélodiques indo-arabo-espagnols se veut entre autres un hommage à Ziryab, un génie musical venu d’Orient, et auquel l’Occident, musulman ou chrétien, doit beaucoup. Fondateur, au IXe siècle, du premier conservatoire musical d’Europe, il est aussi, et d’abord, celui de l’ensemble des traditions musicales savantes d’al-Andalus. Abû al-Hasan ‘Alî Ibn Nâfi’ naît à Mossoul en 789 au sein d’une famille kurde.

    Son teint sombre et sa voix claire semblent lui avoir valu le surnom de Ziryâb, « merle noir ». Il est l’élève talentueux de Ishâq al-Mawsilî, chef de file de l’école arabo-persane et premier musicien de la cour, dans une Bagdad centre mondial de culture, d’art et de science. C’est ce même maître qui le contraindra, sous la menace, à émigrer : le disciple avait en effet fait la plus grande impression sur le calife abbasside Harûn al-Rashîd, et le maître en avait pris ombrage.

    Au sultan, Ziryâb expliqua qu’il allait jouer d’un luth (‘ûd ) totalement inédit, un instrument auquel il a ajouté une cinquième paire de cordes, placée entre la seconde et la troisième.

    L’artiste venait d’inventer le luth moderne, avec sa tessiture et sa délicatesse d’expression si caractéristiques. Il émigra donc vers l’autre extrémité de l’Empire, et arriva, en 822, à Cordoue, capitale des Omeyyades. Rivaux des Abbassides, les Omeyyades aspiraient à faire de l’Espagne, pays encore barbare, un centre de civilisation à l’image de Damas ou de Bagdad.

    L’inventeur du dentifrice !

    Aussi Al-Hakam Ier, émir d’al-Andalus, s’empressa-t-il d’accueillir Ziryâb, alors le musicien le plus talentueux de tout le Dâr al-Islâm. Il lui alloua un salaire somptueux, qui sera reconduit par son fils et successeur Abd ar-Rahmân II (822-852). L’artiste ne démérita pas.

    A la tradition arabo-persane qu’il maîtrisait parfaitement, il intégra des éléments issus d’Europe du Nord, comme les romanceros profanes ou les chants grégoriens. Ainsi allait naître ces monumentales symphonies que sont les nûbas. Il en créa 24, une pour chaque heure du jour, à l’image des ragas classiques de l’Inde qu’il connaissait par ailleurs. Ces nubâ-s inaugurent, certes, la tradition de la musique arabo-andalouse encore vivace. Mais elles ont également exercé une profonde influence sur le développement de la musique médiévale européenne, au travers de l’art des troubadours et des ménestrels.

    Dans les chœurs de la nûba, inspirés du chant grégorien, Ziryâb intégra des chanteurs « n’ayant pas mué », innovation qui dans l’Europe chrétienne créera les fameux castrats, dont la voix résonnera jusque sous la coupole de la chapelle Sixtine, la chapelle privée du Pape. «Homme universel» au sens où sept siècles plus tard, le concevra la Renaissance, il révolutionnera les arts de la table, mais aussi la cosmétique, et l’habillement. Il est ainsi l’inventeur de la mode, préconisant, au printemps, des étoffes légères aux couleurs vives, l’été, des vêtements blancs, et enfin, l’hiver, des manteaux et des toques de fourrure.

    On lui doit également l’ordre entrée, plat de résistance, dessert, la popularisation de l’asperge (devenue, depuis, légume de luxe par excellence) ou celle du sorbet en dessert (qu’il préparait avec de la glace de la Sierra Nevada). Fondateur d’un institut de beauté avant la lettre, Ziryâb est l’inventeur du dentifrice, et, en coiffure, de la frange. On lui doit enfin l’introduction en Europe, il y a un millier d’années, du jeu d’échec et du polo.

    source Zaman
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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