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Architecture et urbanisme: Retour sur l’oeuvre exemplaire de Fernand Pouillon

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  • Architecture et urbanisme: Retour sur l’oeuvre exemplaire de Fernand Pouillon

    Fernand Pouillon, figurant parmi les architectes majeurs du XXe siècle et concepteur de près d’une quarantaine d’oeuvres majeures de par le monde, est actuellement au centre d’une exposition organisée par l’Institut français d’Alger.

    Inaugurée samedi dernier et se poursuivant jusqu’au 15 juin, avec la mise en avant sur les façades même de l’institut d’une série de photographies, de plans, mais aussi de textes explicatifs sur certaines des réalisations de l’architecte, l’ouverture de la rétrospective sur les oeuvres de Pouillon, qui pour beaucoup tranche par leur style, conception ou même qualité de réalisation, avec des projets pourtant plus récents, fut également marquée samedi par une conférence tenue en présence d’un public très important d’architectes, mais aussi de curieux. Animée par l’architecte Myriam Maachi-Maïza, diplômée de l’Ecole d’architecture de Versailles, mais aussi de l’Ecole polytechnique d’architecture et d’urbanisme d’Alger (Epau), où elle enseigne actuellement, elle est, par ailleurs, l’auteur de plusieurs articles exposant le travail de Pouillon et prépare actuellement une thèse de doctorat sur l’architecture hôtelière de Fernand Pouillon. Très technique, intitulé L’oeuvre algérienne de Fernand Pouillon, exposant les sources d’inspiration méditerranéenne de l’architecte, le témoignage de Gérard Ruot, ancien entrepreneur et associé de Fernand Pouillon pour quatre de ses chantiers en Algérie, a, quant à lui, apporté un éclairage unique sur la personnalité « perfectionniste » et la rigueur au travail de Fernand Pouillon.
    UN PREMIER IMMEUBLE EN 1934 À L’ÂGE DE 22 ANS
    En eff et, longtemps tombé dans l’oubli dans son propre pays, par suite de scandales financiers, d’accusations d’entorses répétées aux règlements ou de malversations, que Gérard Ruot estime être davantage une conséquence des inimitiés qu’il s’attirait en tant que promoteur en « cassant les prix de réalisation », mais qui vaudront tout de même à F. Pouillon d’être condamné en 1963 après un parcours rocambolesque à quatre années de prison, assorti d’une interdiction d’exercer en France, Fernand Pouillon, né en 1912 dans le sud de la France et passant l’essentiel de sa jeunesse à Marseille, où il intégra l’Ecole des beaux-arts, débutera sa carrière d’architecte, mais aussi de promoteur immobilier en construisant son premier immeuble d’habitation en 1934 à l’âge de 22 ans, avant même l’obtention de son diplôme d’architecte 8 ans plus tard. Un temps engagé en politique, dans les rangs du Parti communiste français, alors considéré comme une organisation clandestine par les autorités françaises durant la guerre, il poursuivra au lendemain du second conflit mondial sa carrière d’architecte en réalisant des camps de prisonnier, des logements, mais aussi la réfection du vieux port de Marseille et le célèbre ensemble de la Tourette qui le surplombe. Ambitieux, anticonformiste, il sera à partir de cette étape de plus en plus connu et reconnu pour son travail, d’autant que son organisation particulière des chantiers avait pour conséquence de réduire considérablement les coûts, mais au-delà de cet aspect, c’est son style qui fut considéré comme radicalement nouveau. En effet, très différent des réalisations de l’architecte Le Corbusier, qui a dominé alors la construction de logements sociaux, notamment après la construction de la cité Radieuse de Marseille, Mme Myriam Maachi-Maïza précise à ce titre : « Cela a été deux visions très différentes de l’architecture, alors que Le Corbusier, parti avec le mouvement moderne sur une idée ‘‘d’usine à habiter’’, avec une vision particulière de l’homme moderne, réunissant les magasins, les services concentrés dans un seul bâtiment, Pouillon, lui, a mis en oeuvre sa vision de l’architecture méditerranéenne, davantage axée sur l’espace extérieur. »
    FERNAND POUILLON, PROFONDÉMENT LIÉ À L’ALGÉRIE
    Resté malheureusement peu enseignée, même dans les écoles d’architecture, les caractéristiques de l’architecture de Fernand Pouillon, profondément lié à l’Algérie, tant par le nombre de chantiers qui lui seront confiés, que par les sources d’inspiration qu’il tira de l’architecture et du patrimoine traditionnel du pays, il réussit à mettre en pratique ses dernières, notamment après son retour en Algérie en 1967, se consacrant cette fois-ci à des projets touristiques, y introduisant massivement les formes courbes, en continuité avec le terrain, et en les inscrivant dans une continuité du paysage. En effet, décrit comme un homme très pointilleux dans le choix des matériaux, allant même jusqu’à importer de la pierre de France, mais aussi la façon d’implanter les construction, Gérard Ruot a à ce titre confi é que lors de la construction de l’hôtel El Mountazah (ex-Le Rocher), situé à Seraïdi, sur les hauteurs d’Annaba, « Fernand Pouillon nous avais fait démolir l’un des éléments de l’architecture pour le reconstruire à peine 50 centimètres plus loin, juste pour ne pas gêner la vue du paysage ». Exposant, par ailleurs, des éléments de sa thèse de doctorat actuellement en préparation, le choix de Mme Myriam Maachi- Maïza de travailler sur l’architecture de Fernand Pouillon est lié à cette particularité qu’avait l’architecte d’inscrire ses réalisations dans le contexte culturel, lié au symbole du village méditerranéen, marqué par un agencement des immeubles dans un ensemble cohérent en multipliant les chemins d’accès, les escaliers ou encore les placettes de différentes tailles et formes, mais aussi en faisant appel au savoir-faire d’artistes, à l’image du céramiste Mohamed Boumehdi. « Il a mis en place les jalons et proposé une voie en architecture de ce qu’aurait pu devenir le style traditionnel algérien », insiste la conférencière.
    DE VÉRITABLES LEÇONS D’ARCHITECTURE
    Mais au regard du portrait qu’il en est fait aujourd’hui, mais aussi de l’exposition des nombreuses contraintes liées aux délais de réalisation, mais aussi techniques, financières et logistiques auxquelles ses équipes ont dû faire face, réalisant souvent les ensembles urbains ou des infrastructures touristiques au sommet de crêtes rocheuses ou à fl anc de pente, la question de l’exploitation actuelle du style de Pouillon fut naturellement au coeur de la conférence, au regard des nombreux projets sociaux implantés de manière disgracieuse et cassant les perspectives des paysages, mais aussi aux maisons particulières, au style très éloigné des demeures traditionnelles. A ce titre et évoquant les réalisations de certains logements actuels, Mme Myriam Maachi-Maïza précise : « Aujourd’hui, toutes les leçons qu’a laissées Fernand Pouillon peuvent être récupérées et mises en oeuvre. Aujourd’hui encore, son style propose de véritables leçons d’architecture. » Rappelons que Fernand Pouillon est resté célèbre par sa vision novatrice de l’aménagement des espaces urbains qu’il mit en pratique au début de sa carrière, malgré le caractère d’urgence sociale qui prévalait en France, au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, lors de la réalisation des grands ensembles d’habitation, ou quelque années plus tard en Algérie, avec notamment les célèbres quartiers Diar Saâda et Diar El Mahçoul, tous deux achevés en 1954, ou encore les 5 000 logements de l’ensemble Climat de France (1957), dans la commune d’Oued Koreich.

    par Khaled Zeghmi
    reporters dz
    dz(0000/1111)dz
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