SALAM
Un rêve
Le lion, le serpent
et les rats noir et blanc...
Un homme perturbé par un rêve
qu'il avait fait la veille se rendit
chez un Cheikh afin que ce dernier
tente de le lui interpréter.
Il lui raconta donc son rêve :
« Dans mon rêve,
j'ai vu un lion qui me pourchassait.
Il m'a couru après jusqu'à un arbre
sur lequel j'ai pu grimper et ainsi lui échapper !
Du haut de la branche sur laquelle je m'étais installé,
je vis le lion s'allonger, attendant calmement
que je descende...
Soudain derrière moi,
j'aperçu deux rats rongeant la racine de la branche
sur laquelle j'étais assis.
L'un des deux rats était noir, l'autre blanc.
La branche allait céder d'un moment à l'autre
lorsqu'apparu un énorme serpent noir,
sa bouche grande ouverte juste en dessous,
attendant que je tombe dedans.
Je cherchais alors quelque chose
sur quoi je pouvais m'accrocher
pour échapper à mes prédateurs.
C'est alors que j'aperçu,
sur une branche au dessus de moi,
une ruche dont les gouttes de miel
tombaient les unes après les autres.
J'attrapai une goutte qui me parût
si délicieuse que je me plaçai juste en dessous
la bouche ouverte et avalai goutte par goutte,
tout le miel qui en coulait.
La seule chose qui m'inquiétait sur le moment
n'était autre que les abeilles.
Je fini par me perdre dans la douceur du miel,
oubliant les deux rats grignotant la branche,
le lion couché sur le sol et le serpent,
sa bouche grande ouverte.
Puis je me suis réveillé! »
Le Cheikh lui dit :
« Le lion que tu as vu est ta mort.
Elle te suivra où que tu ailles même si tu l'oublis.
Le rat noir est la nuit, le blanc est le jour.
Ils te tournent autour l'un après l'autre,
et grignotent le temps qu'il te reste
à vivre pour te rapprocher de la mort.
L'énorme serpent noir est ta tombe.
Elle est là, elle attend juste que tu tombes.
La ruche est le monde, son miel est la luxure
et les jouissances de cette dernière.
Nous cherchons à obtenir ces luxures,
nous y goûtons, puis très vite nous y prenons goût.
Jusqu'à ce que cette quête devienne une priorité...
Nous nous perdons alors dans ce monde,
et nous oublions le temps... Nous oublions la mort !