C'est ce 14 mai que Vivendi a finalisé la vente de sa participation dans Maroc Telecom à l'opérateur émirati Etisalat. L'occasion de faire le point sur l'opération annexe qui doit voir transférer la propriété de six filiales d'Etisalat à l'opérateur marocain, l'impliquant dans cinq nouveaux pays africains. Une expansion significative aux conséquences imprévisibles : les nouvelles filiales sont pleines de potentiel mais affichent un EBITDA deux fois moins élevé que Maroc Telecom.
Le 5 mai, Maroc Telecom a annoncé qu'il se portait acquéreur de 6 filiales africaines d'Etisalat réunies au sein de la société Atlantique Telecom pour 650 millions de dollars.
Cette transaction est intervenue comme un nouveau chapitre dans les négociations entre les deux groupes, alors que vient d'être finalisé ce 14 mai le rachat pour 4,2 milliards de dollars par l'opérateur émirati des 53% de parts de Vivendi dans Maroc Telecom officiellement dénommé Ittisalat Al-Maghrib (IAM).
Maroc Telecom, sous l'impulsion de son patron Abdeslam Ahizoune a érigé en priorité le développement en Afrique de l'ouest. Les télécoms y sont en plein boom et le potentiel de développement reste plus important que celui du marché marocain saturé et réparti entre trois opérateurs IAM, Meditel (Orange) et Inwi (Zain/SNI) .
Présent en Mauritanie depuis 2001, l'opérateur chérifien s'est ensuite implanté successivement au Burkina Faso, au Gabon et au Mali entre 2006 et 2009.
La même méthode a été employée à chaque fois : le rachat de la majorité des parts de l'opérateur historique du pays d'installation. Il s'agit de Mauritel en Mauritanie, Onatel au Burkina Faso, Gabon Telecom au Gabon et Sotelma au Mali.
Des opérations qui lui ont plutôt réussi : fin 2013, le chiffre d'affaires de ses filiales subsahariennes a progressé de 9,5% à 7,754 milliards de dirhams (691 millions d'euros) pour un EBITDA en hausse de 18% à 3,904 milliards de dirhams, soit 50,4% de marge!
L'acquisition des six actifs d'Etisalat ferait passer l'opérateur marocain à la vitesse supérieure. Maroc Télécom s'emparerait simultanément de nouveaux ancrages au Bénin, en Côte d'Ivoire, au Niger, en République Centrafricaine, au Togo et au Gabon par le biais de l'opérateur Atlantique Telecom.
Créée en 2002 par l'homme d'affaires ivoirien Bernard Koné Dossongui avant qu'il ne l'a revende en plusieurs fois, Atlantique Telecom est implantée sur le marché mobile de ces six pays africains notamment avec la marque Moov. A quoi s'ajoute la société Prestige Telecom opérant dans le domaine des prestatation de service aux opérateurs de la téléphonie. L'ensemble réalise un chiffre d'affaires de 450 millions d'euros. A noter qu'Etisalat ne cède pas à IAM ses très lucratives filiales au Nigéria ou en Egypte.
Après l'acquisition d'Atlantique Telecom, Maroc Telecom disposera d'environ 42 millions de lignes actives dans 10 pays d'Afrique francophone, dont 18 millions hors du Maroc : un véritable empire. Cette opération compte tenu des autorisations légales nécessaires prendra néanmoins de long mois pour être finalisée, peut-être un an.
STAGNATION DU CHIFFRE D'AFFAIRES
Cette expansion représente-t-elle une bonne affaire pour autant ? Sur un marché africain où se livrent bataille des géants comme le sud-africain MTN, l'indien Bharti Airtel ou encore Orange, la question reste ouverte.
Etisalat, un groupe extrêment rentable (20% de marge nette) a eu du mal selon les experts à se développer via Atlantique Telecom sur les marchés francophones et compte sans doute sur l'expertise d'IAM.
Le bilan d'activité de la filière Afrique d'Etisalat , tel que présentée dans ses résultats du 1er trimestre 2014, montre que le nombre de souscriptions stagne depuis trois ans à environ 12 millions de lignes (Soudan et Tanzanie compris pour un cinquième).
Le chiffre d'affaires sur ce premier trimestre a même connu un léger recul de 694 à 685 millions de dirhams émiratis (soit 136 millions d'euros) en un an, alors qu'Atlantique Telecom connaissait une croissance à deux chiffres en 2011 et 2012.
La marge d'EBITDA a par ailleurs plongé à 10% au dernier trimestre 2013, avant de se redresser à 23% au premier trimestre 2014. Mais globalement ce niveau est deux fois plus faible que la marge d'Ebitda de Maroc Telecom qui est de 57%. En clair, avant d'éventuelles synergies à venir, l'intégration d'Atlantique Telecom va faire baisser la rentabilité d'IAM.
L'opération fera aussi sans doute grimper la dette du groupe marocain, même si celle-ci reste faible (six mois d'EBITDA actuellement )
Les analystes financiers, s'ils attendent d'obtenir des chiffres plus détaillés pour se prononcer précisément sur l'impact de cette acquisition, restent pourtant assez optimistes.
Kawtar Karbal, analyste financière à Casablanca au Crédit du Maroc Capital (CDMC) jointe par L'Usine Maroc, estime que cette extension pourrait représenter "un véritable enrichissement du portefeuille d'actifs de Maroc Telecom, d'autant plus que le groupe subit un essoufflement du marché marocain du fait de l'accentuation de la concurrence".
Les filiales subsahariennes de Maroc Telecom représentent déjà 27% de son chiffre d'affaires. Les analystes de la bourse de Casablanca pensent que ces chiffres ont de bonnes chances de prendre l'ampleur dans les années à venir, au point de dépasser les 32% d'ici 2018 et de chambouler la croissance de Maroc Telecom.
Ils parient sur le potentiel des pays d'implantation d'Atlantique Telecom, qui regroupent une population globale de 61 millions de personnes pour un taux de pénétration moyen du mobile avoisinant les 64% contre 132% au Maroc.
Le Gabon pourrait notamment représenter une nouvelle force de frappe. En intégrant Atlantique Telecom, Maroc Telecom se retrouverait à la tête de deux des opérateurs du pays : MOOV et Gabon Télécom, l'opérateur historique qu'il contrôle déjà.
Il reste à voir comment sera organisée la gestion de ces deux filiales. Les experts estiment que la part du seul Gabon dans le chiffre d'affaires de Maroc Telecom pourrait grimper de 5 à 9%.
En tout cas, une chose est sûre la cession de toutes ces filiales africaines va permettre à Etisalatat d'alléger de 650 millions de dollars sa facture de rachat d'IAM.
L'usine Nouvelle
Le 5 mai, Maroc Telecom a annoncé qu'il se portait acquéreur de 6 filiales africaines d'Etisalat réunies au sein de la société Atlantique Telecom pour 650 millions de dollars.
Cette transaction est intervenue comme un nouveau chapitre dans les négociations entre les deux groupes, alors que vient d'être finalisé ce 14 mai le rachat pour 4,2 milliards de dollars par l'opérateur émirati des 53% de parts de Vivendi dans Maroc Telecom officiellement dénommé Ittisalat Al-Maghrib (IAM).
Maroc Telecom, sous l'impulsion de son patron Abdeslam Ahizoune a érigé en priorité le développement en Afrique de l'ouest. Les télécoms y sont en plein boom et le potentiel de développement reste plus important que celui du marché marocain saturé et réparti entre trois opérateurs IAM, Meditel (Orange) et Inwi (Zain/SNI) .
Présent en Mauritanie depuis 2001, l'opérateur chérifien s'est ensuite implanté successivement au Burkina Faso, au Gabon et au Mali entre 2006 et 2009.
La même méthode a été employée à chaque fois : le rachat de la majorité des parts de l'opérateur historique du pays d'installation. Il s'agit de Mauritel en Mauritanie, Onatel au Burkina Faso, Gabon Telecom au Gabon et Sotelma au Mali.
Des opérations qui lui ont plutôt réussi : fin 2013, le chiffre d'affaires de ses filiales subsahariennes a progressé de 9,5% à 7,754 milliards de dirhams (691 millions d'euros) pour un EBITDA en hausse de 18% à 3,904 milliards de dirhams, soit 50,4% de marge!
L'acquisition des six actifs d'Etisalat ferait passer l'opérateur marocain à la vitesse supérieure. Maroc Télécom s'emparerait simultanément de nouveaux ancrages au Bénin, en Côte d'Ivoire, au Niger, en République Centrafricaine, au Togo et au Gabon par le biais de l'opérateur Atlantique Telecom.
Créée en 2002 par l'homme d'affaires ivoirien Bernard Koné Dossongui avant qu'il ne l'a revende en plusieurs fois, Atlantique Telecom est implantée sur le marché mobile de ces six pays africains notamment avec la marque Moov. A quoi s'ajoute la société Prestige Telecom opérant dans le domaine des prestatation de service aux opérateurs de la téléphonie. L'ensemble réalise un chiffre d'affaires de 450 millions d'euros. A noter qu'Etisalat ne cède pas à IAM ses très lucratives filiales au Nigéria ou en Egypte.
Après l'acquisition d'Atlantique Telecom, Maroc Telecom disposera d'environ 42 millions de lignes actives dans 10 pays d'Afrique francophone, dont 18 millions hors du Maroc : un véritable empire. Cette opération compte tenu des autorisations légales nécessaires prendra néanmoins de long mois pour être finalisée, peut-être un an.
STAGNATION DU CHIFFRE D'AFFAIRES
Cette expansion représente-t-elle une bonne affaire pour autant ? Sur un marché africain où se livrent bataille des géants comme le sud-africain MTN, l'indien Bharti Airtel ou encore Orange, la question reste ouverte.
Etisalat, un groupe extrêment rentable (20% de marge nette) a eu du mal selon les experts à se développer via Atlantique Telecom sur les marchés francophones et compte sans doute sur l'expertise d'IAM.
Le bilan d'activité de la filière Afrique d'Etisalat , tel que présentée dans ses résultats du 1er trimestre 2014, montre que le nombre de souscriptions stagne depuis trois ans à environ 12 millions de lignes (Soudan et Tanzanie compris pour un cinquième).
Le chiffre d'affaires sur ce premier trimestre a même connu un léger recul de 694 à 685 millions de dirhams émiratis (soit 136 millions d'euros) en un an, alors qu'Atlantique Telecom connaissait une croissance à deux chiffres en 2011 et 2012.
La marge d'EBITDA a par ailleurs plongé à 10% au dernier trimestre 2013, avant de se redresser à 23% au premier trimestre 2014. Mais globalement ce niveau est deux fois plus faible que la marge d'Ebitda de Maroc Telecom qui est de 57%. En clair, avant d'éventuelles synergies à venir, l'intégration d'Atlantique Telecom va faire baisser la rentabilité d'IAM.
L'opération fera aussi sans doute grimper la dette du groupe marocain, même si celle-ci reste faible (six mois d'EBITDA actuellement )
Les analystes financiers, s'ils attendent d'obtenir des chiffres plus détaillés pour se prononcer précisément sur l'impact de cette acquisition, restent pourtant assez optimistes.
Kawtar Karbal, analyste financière à Casablanca au Crédit du Maroc Capital (CDMC) jointe par L'Usine Maroc, estime que cette extension pourrait représenter "un véritable enrichissement du portefeuille d'actifs de Maroc Telecom, d'autant plus que le groupe subit un essoufflement du marché marocain du fait de l'accentuation de la concurrence".
Les filiales subsahariennes de Maroc Telecom représentent déjà 27% de son chiffre d'affaires. Les analystes de la bourse de Casablanca pensent que ces chiffres ont de bonnes chances de prendre l'ampleur dans les années à venir, au point de dépasser les 32% d'ici 2018 et de chambouler la croissance de Maroc Telecom.
Ils parient sur le potentiel des pays d'implantation d'Atlantique Telecom, qui regroupent une population globale de 61 millions de personnes pour un taux de pénétration moyen du mobile avoisinant les 64% contre 132% au Maroc.
Le Gabon pourrait notamment représenter une nouvelle force de frappe. En intégrant Atlantique Telecom, Maroc Telecom se retrouverait à la tête de deux des opérateurs du pays : MOOV et Gabon Télécom, l'opérateur historique qu'il contrôle déjà.
Il reste à voir comment sera organisée la gestion de ces deux filiales. Les experts estiment que la part du seul Gabon dans le chiffre d'affaires de Maroc Telecom pourrait grimper de 5 à 9%.
En tout cas, une chose est sûre la cession de toutes ces filiales africaines va permettre à Etisalatat d'alléger de 650 millions de dollars sa facture de rachat d'IAM.
L'usine Nouvelle
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