L'homme qui sait choisir les femmes , pas les hommes .
Le dernier gouvernement a été considéré, presque, comme le non-événement post-élection. Dans le grand portrait du régime unipersonnel, ces fonctionnaires-ministres sont frappés de flou et se confondent dans le brouhaha des prénoms et noms de famille, au fil des nominations trop fréquentes. On croit savoir que le centre de décision ne dépend pas d'eux, qu'il se résume à un homme ou trois, et que Bouteflika tolère peu de grands caractères, dans son périmètre, et donc on ne s'y intéresse pas. En plus, on le sait tous, la fonction d'un ministre, sous le règne unipersonnel, se résume à expliquer que cela dépend d'un autre ministre, en se passant le singe ; l'un à l'autre. Donc rien? Non. Le plus important est sous les yeux: avec sept ministres femmes, on conclut à l'essentiel : Bouteflika sait choisir les femmes.
C'est avec son choix des hommes que c'est un désastre. Celles de la nouvelle équipe ont l'avantage, en gros, de ne pas traîner de casseroles (presque), de ne pas focaliser les haines et les rancunes et sont diplômées, universitaires, lettrées ou alphabètes ; au moins. On ne trouve pas de Belkhadem femme et encore moins le féminin Ouyahia. Ce dernier, choisi pour manager la révision de la constitution, a été le pire choix de Bouteflika 4 : on ne confie pas une telle tâche à un homme qui a déjà une couleur partisane, qui a été chef de gouvernement, au mauvais moment, qui a mauvaise image médiatique. Très bon technicien, il n'est, cependant, pas le bon choix politique pour assurer le spectacle. Passons et revenons. En gros donc, quand il choisit les femmes, Bouteflika les choisit, fortes de caractère, diplômées, expérimentées et capables de gérer la cuisine algérienne de leurs ministères. Et, quand il choisit les hommes, il les préfère, politiquement, sans consistance, soumis, obéissants et malheureusement peu compétents, dociles et sans vision et même corruptibles par l'âme ou par le ventre et incolores et inodores (presque). D'où la conclusion du chroniqueur que le salut est dans le matrimoine: le choix d'un gouvernement entier de femmes, illustrant la contradiction nationale d'un pays qui produit le plus de ministres femmes pendant que les femmes sont les plus voilées au Maghreb. Des personnalités qui ne seront pas tentées, du coup, à imiter qui l'une le Soudan vestimentaire, qui l'autre le FLN-ENA des années 80. Fières amazones de notre salut futur, exemple de la réussite de l'école algérienne malgré la saoudisation. Cap sur la suprématie régionale par la suprématie du genre. Tout cela pour dire que le seul grand évènement de ce nouveau gouvernement a été ses femmes. Malgré la nomination de Hamid Grine. Ce sont elles qui ont provoqué la polémique, la surprise, l'intrigue cinématographique et ont alimenté les discussions et mêmes les haines primaires de la Guilde des paranoïaques anti-juifs, enfants de l'école de Benbouzid.
Ce sont d'elles qu'on attend, un peu plus que de la tiédeur et ce sont les seules qui ne s'écrasent pas devant «Lui» car déjà ce sont les seules à qui «Lui» sourit, parfois, dans ses méditations. Il n'y a pas de Saidani femme. Et c'est peut-être pourquoi le pays tient encore debout, même quand il est assis.
par Kamel Daoud
Le Quotidien d'oran
Le dernier gouvernement a été considéré, presque, comme le non-événement post-élection. Dans le grand portrait du régime unipersonnel, ces fonctionnaires-ministres sont frappés de flou et se confondent dans le brouhaha des prénoms et noms de famille, au fil des nominations trop fréquentes. On croit savoir que le centre de décision ne dépend pas d'eux, qu'il se résume à un homme ou trois, et que Bouteflika tolère peu de grands caractères, dans son périmètre, et donc on ne s'y intéresse pas. En plus, on le sait tous, la fonction d'un ministre, sous le règne unipersonnel, se résume à expliquer que cela dépend d'un autre ministre, en se passant le singe ; l'un à l'autre. Donc rien? Non. Le plus important est sous les yeux: avec sept ministres femmes, on conclut à l'essentiel : Bouteflika sait choisir les femmes.
C'est avec son choix des hommes que c'est un désastre. Celles de la nouvelle équipe ont l'avantage, en gros, de ne pas traîner de casseroles (presque), de ne pas focaliser les haines et les rancunes et sont diplômées, universitaires, lettrées ou alphabètes ; au moins. On ne trouve pas de Belkhadem femme et encore moins le féminin Ouyahia. Ce dernier, choisi pour manager la révision de la constitution, a été le pire choix de Bouteflika 4 : on ne confie pas une telle tâche à un homme qui a déjà une couleur partisane, qui a été chef de gouvernement, au mauvais moment, qui a mauvaise image médiatique. Très bon technicien, il n'est, cependant, pas le bon choix politique pour assurer le spectacle. Passons et revenons. En gros donc, quand il choisit les femmes, Bouteflika les choisit, fortes de caractère, diplômées, expérimentées et capables de gérer la cuisine algérienne de leurs ministères. Et, quand il choisit les hommes, il les préfère, politiquement, sans consistance, soumis, obéissants et malheureusement peu compétents, dociles et sans vision et même corruptibles par l'âme ou par le ventre et incolores et inodores (presque). D'où la conclusion du chroniqueur que le salut est dans le matrimoine: le choix d'un gouvernement entier de femmes, illustrant la contradiction nationale d'un pays qui produit le plus de ministres femmes pendant que les femmes sont les plus voilées au Maghreb. Des personnalités qui ne seront pas tentées, du coup, à imiter qui l'une le Soudan vestimentaire, qui l'autre le FLN-ENA des années 80. Fières amazones de notre salut futur, exemple de la réussite de l'école algérienne malgré la saoudisation. Cap sur la suprématie régionale par la suprématie du genre. Tout cela pour dire que le seul grand évènement de ce nouveau gouvernement a été ses femmes. Malgré la nomination de Hamid Grine. Ce sont elles qui ont provoqué la polémique, la surprise, l'intrigue cinématographique et ont alimenté les discussions et mêmes les haines primaires de la Guilde des paranoïaques anti-juifs, enfants de l'école de Benbouzid.
Ce sont d'elles qu'on attend, un peu plus que de la tiédeur et ce sont les seules qui ne s'écrasent pas devant «Lui» car déjà ce sont les seules à qui «Lui» sourit, parfois, dans ses méditations. Il n'y a pas de Saidani femme. Et c'est peut-être pourquoi le pays tient encore debout, même quand il est assis.
par Kamel Daoud
Le Quotidien d'oran
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