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Aider la jeunesse pour sécuriser le Maghreb"

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  • Aider la jeunesse pour sécuriser le Maghreb"

    Les réseaux terroristes affichent un intérêt tout particulier envers la jeunesse du Maghreb. Mais qu'est-ce qui rend les jeunes de cette région si dignes d'intérêt ? Et comment les extrémistes sont-ils en mesure de les convaincre d'abandonner leurs foyers pour le jihad ?

    Pour tenter d'obtenir des réponses à ces questions, Magharebia a rencontré le militant algérien Omar Bachir Ben Hammou à l'occasion d'une récente conférence organisée à Nouakchott consacrée à l'intégration maghrébine. Le directeur de la Fondation algérienne Abou al-Houda pour la culture et les médias travaille avec le ministère de la Jeunesse et des Sports depuis 1987 et a dirigé de nombreux ateliers de formation des jeunes dans plus de quinze pays.

    Ben Hammou connaît également très bien le mécontentement de la jeunesse ; il vit à Ghardaïa
    Magharebia : Comment les groupes terroristes s'y prennent-ils pour attirer la jeunesse maghrébine ?

    Omar Bachir Ben Hammou : La raison principale qui pousse les jeunes vers l'extrémisme est le fait que les groupes terroristes exploitent leurs faiblesses, comme le manque de formation et d'éducation. De plus, il n'existe aucun plan d'action conjoint entre les pays du Maghreb pour créer un programme d'enseignement qui développe les capacités des jeunes…

    Les organisations extrémistes qui cherchent à étoffer leurs rangs font de fausses promesses à ces jeunes, leur parlant d'accès au paradis et de bonheur dans cette vie et dans l'au-delà.

    Dans la plupart des cas, les groupes terroristes repèrent de jeunes toxicomanes et les attirent, parce que ces jeunes sont habituellement dans des situations psychologiques et sociales peu enviables.

    Les groupes terroristes possèdent aussi de l'argent, et les jeunes toxicomanes et les sans-abri sont des proies faciles pour ceux qui sont en mesure de leur procurer un peu d'euphorie et de les aider à supporter la détresse psychologique qu'ils connaissent dans leur vie quotidienne.

    Magharebia : Que peut-on faire pour redonner à ces jeunes une vie normale ?

    Ben Hammou : Les gouvernements du Maghreb devraient disposer d'un plan d'action pour lutter contre la délinquance juvénile. Malheureusement, la plupart de ces gouvernements n'ont encore proposé aucun plan sérieux pour sortir les jeunes de la déviance.

    Lorsque l'Algérie traversait des temps difficiles, durant les années 1990, de nombreux jeunes s'étaient engagés dans des groupes armés, pensant avoir trouvé le moyen d'atteindre leurs objectifs. Les gouvernements successifs ont réussi à remettre nombre d'entre eux dans le droit chemin.

    Magharebia : L'intégration du Maghreb est-elle une partie de cette solution ?

    Ben Hammou : Ce séminaire organisé à Nouakchott pourrait être de bon augure pour nous encourager à développer des programmes de formation pour les jeunes Maghrébins et les éloigner du terrorisme et de l'extrémisme.

    Magharebia : Au vu de la réalité que connaissent les jeunes, comment les états nord-africains devraient-ils lutter contre les groupes terroristes selon vous?

    Ben Hammou : J'ai toujours le sentiment qu'il n'existe aucun consensus au Maghreb concernant une coopération militaire de grande envergure. Les pays du Maghreb souffrent d'un certain nombre de risques sécuritaires, qui exigent que leurs armées combinent leurs forces, relèvent collectivement les défis à leur sécurité et mettent en place un bouclier fort en coordination avec le reste du Sahel. Je pense que la sécurité commune a un rôle significatif qui vient compléter les actions de sensibilisation en direction de la jeunesse.

    Magharebia : Pourquoi la région connaît-elle une montée de l'extrémisme ?

    Ben Hammou : Ce qui s'est produit après le Printemps arabe, en termes d'infiltration par les extrémistes et d'orientation de nombreux jeunes vers la violence dans certains pays du Maghreb, a été le résultat naturel d'années de répression.

    La jeunesse algérienne avait connu la même expérience dans les années 1990, ce qui avait permis à des groupes radicaux de mettre en place leur stratégie en considérant les révolutions populaires comme le point d'entrée approprié pour s'implanter et former des groupes clandestins…

    Magharebia : Cela veut-il dire qu'il existe un lien entre situation économique et extrémisme idéologique ?

    Ben Hammou : Tout à fait. L'intégration économique du Maghreb, si elle se produit, créera des emplois pour les jeunes et permettra de résorber le chômage.

    Elle contribuera à soulager les problèmes que connaissent les pays du Maghreb et les aidera à répondre à la propagation du terrorisme.

    S'ils veulent le bien de leurs peuples, ces pays devraient faire un effort majeur pour mettre fin à l'extrémisme, et lutter contre le blanchiment d'argent et le crime organisé.

    Magharebia : On parle aujourd'hui beaucoup de réconciliation, de l'intégration des salafistes au Maroc au projet d'amnistie des jihadistes en Tunisie. Ces jeunes peuvent-ils retourner à une vie normale sans crainte d'être poursuivis ?

    Ben Hammou : Si leur intention de réintégrer la société est sincère, je pense que leurs craintes d'être poursuivis ne sont pas justifiées.

    En Algérie, le gouvernement a ouvert la voie de la repentance, avec la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Un terroriste qui souhaite se repentir et revenir à une vie normale peut se rendre aux autorités… il bénéficiera de ses pleins droits et ne sera pas poursuivi.

    Ils sont également réintégrés par le biais des agences pour l'emploi, se voient accorder des prêts et sont ouvertement acceptés et adoptés par la société.

    La même démarche sera adoptée en Libye. J'appelle le reste des pays du Maghreb à faire de même.

    Magharebia : Ghardaïa, votre ville natale, a récemment été le théâtre d'affrontements et de heurts meurtriers. Qu'est-ce qui se cache derrière cette violence des jeunes ?

    Ben Hammou : …Le problème de Ghardaïa est la présence de gangs qui souhaitent transformer la ville en une base de trafic de drogue et d'agitation sociale.

    En tant que fils de cette ville, je demande aux jeunes de renoncer aux idées extrémistes… parce qu'elles portent atteinte aux valeurs sociales, à la tolérance religieuse et à la coexistence.

    Je demande aussi aux responsables religieux de travailler sur le terrain pour parler à ces jeunes, et les sensibiliser au caractère sérieux de ce qui les attend.

    Magharebia : Le terrorisme en Algérie est-il en passe de disparaître ?

    Ben Hammou : Il a certainement diminué de manière significative ces derniers temps, et la plupart de ses poches sont désormais sous le contrôle de l'armée.

    Nous le devons aux interventions rapides destinées à surveiller les infiltrations de terroristes aux frontières. Cela est mis en évidence par la rigueur utilisée contre les groupes terroristes qui avaient l'habitude de franchir la frontière en provenance de Tunisie dans la région du Jebel Chaambi.

    Magharebia : Que peut-on faire dès maintenant pour améliorer la sécurité dans la région ?

    Ben Hammou : Je pense qu'il faut plus d'échanges d'expertises et plus de formations entre les pays du Maghreb

    Magharebia
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