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Le palmier dattier dans la tradition et les écrits

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  • Le palmier dattier dans la tradition et les écrits

    Succulentes, stimulantes, appétissantes, riches en éléments nutritifs, les dattes auraient vite fait l’enrichissement des maîtres du marché si la consommation avait suivi son cours normal. Conformément à une coutume chère aux musulmans, les pratiquants doivent manger une ou deux dattes dès qu’ils ont entendu l’adhane du Maghreb et avant d’entamer la prière.
    Ainsi, si les spéculateurs pratiquent eux aussi, à leur manière, ils ont d’autres préoccupations et ce, d’autant plus que le début de Ramadhan a coïncidé avec la récolte des dattes née dans le désert sans pitié qui laisse vivre les uns et mourir les autres.

    Symbole de résistance et des délices de la nature


    Les plus croyants nous interpellent souvent pour nous dire que si toutes les variétés de dattes voient le jour sous une chaleur cuisante, des températures extrêmes et dans un espace sablonneux, il y a de quoi faire méditer des incroyants purs et durs, sur l’existence d’une puissance divine, la même qui assure un niveau satisfaisant de remplissage en eau à Bir Zemzem, bien que, chaque année, des millions de pèlerins viennent y puiser et qu’il n’y pleuve jamais.

    Cela nous rapproche de la résistance d’un animal emblématique, le chameau, pour les services qu’il a rendus à l’homme pendant des millénaires, de commerce caravanier et de nomadisme, et pour sa capacité à rester sans eau ou sans manger pendant quinze jours de traversée du désert.
    Donc, que de similitudes donnent à voir ces deux êtres emblématiques que les livres sacrés présentent comme des dons divins sans lesquels des populations auraient disparu depuis longtemps.

    Le palmier dattier procure de quoi mettre à l’abri de la faim, revigorer en donnant du plaisir, dans une nature hostile.

    Le chameau sert de moyen de locomotion d’une oasis à l’autre ou d’un continent à l’autre comme du temps où, faute de véhicules mécanisés, le transport des marchandises s’effectuait à dos de bêtes qui, lourdement chargées, devaient traverser sur des milliers de kilomètres des régions difficiles d’accès.

    On ne doit pas perdre de vue aussi la complémentarité du palmier et de la chamelle dans cette zone aride. L’un produit les dattes, les palmes, le bois, l’autre procure à la fois la laine, la chair et le lait.

    Le palmier dans les textes écrits

    Poètes de l’oralité, hommes de religion, écrivains, chanteurs n’ont jamais tari d’éloges sur cet arbre aux avantages vitaux. La production de fruits merveilleux dans un espace fait de sable et dominé par un soleil brûlant, relève du miracle. A la manière d’un peintre très sensible à sa beauté, un écrivain étranger, M. A. Rimbaud parle de l’arbre béni sur un ton admiratif faisant l’enchantement : «C’est aussi de l’or, ces dattes pareilles à des doigts de lumière, d’une saveur si exquise que les anciens croyaient retrouver en elle ce fabuleux lotus, délicieux au point de faire oublier la patrie, filles diaphanes du soleil qui mûrissent là-bas bien loin dans le Sud, sous le panache des hauts palmiers dont les racines plongent dans la fraîcheur des sources et dont les têtes s’épanouissent dans le feu du désert.»

    L’étranger, de passage dans le Sud, n’a pas tort de parler de l’or. On ne sait pas à quand remonte son voyage, mais on peut être sûr qu’il parle de Deglet nour, la meilleure variété de dattes que l’Algérien de la basse classe n’a pas la chance de goûter, à moins que l’on ne lui en ai fait don, sous forme de charité, au cours d’un mois de Ramadhan, de la part de quelque généraux nanti. L’auteur a su trouver les mots exacts «fabuleux lotus, filles diaphanes du soleil» pour faire une description à la mesure de la beauté du fruit.
    Dommage que tous les auteurs arabes ne se soient pas beaucoup intéressés au palmier au point d’en faire des descriptions exhaustives et de manière poétique. Tout juste s’il est cité comme élément d’un décor de roman ou de conte, sinon de légende ou de fable, à la manière d’un mythe ancien que relate Homère dans l’Odyssée d’Ulysse selon lequel un superbe palmier était tout à coup sorti de terre, à Delos, pour servir d’appui à Latone, la déesse de l’île lorsqu’elle donna naissance à Apollon.

    Cheikh Kamel Eddine, érudit et auteur d’un ouvrage d’histoire naturelle, a donné dans son ouvrage une brève présentation du palmier, d’une manière originale. En voici un extrait : «Le palmier est un arbre béni. On ne le trouve qu’en pays musulman. Le Prophète a dit : «Traitez généreusement votre oncle le palmier, parce qu’il a été créé du surplus du limon de la terre dont Adam fut lui-même façonné. »

    Cheikh Kamel Eddine, doit-on rappeler, ne parle pas à la manière d’un littéraire, ce qui justifie sa prédilection pour l’aspect descriptif en sa qualité de botaniste. Et pour être plus connaissant, il use de la comparaison. Il ajoute ainsi : «Il ressemble à l’homme par la rectitude de sa taille et sa hauteur, par sa distinction entre le mâle et la femelle et la particularité de sa fécondation. Si sa tête venait à être coupée, il mourrait ; si son cœur était exposé à quelque accident, il périrait. N’en est-il pas de même de la cervelle de l’homme lorsqu’elle est atteinte ? Lui coupera-t-on des branches, il n’en repoussera plus à leur place, comme il en advient des membres humains. Il est recouvert d’une sorte de bourre analogue aux poils de l’homme, et c’est seulement la proximité du mâle et de la femelle et l’odeur séminale dont il est pénétré qu’il peut produire.»

    Les cultivateurs chargés de la plantation, de l’entretien du palmier et de la récolte des dattes, ont coutume de chanter pendant leur travail, des paroles répétées de génération en génération et qui semblent leur avoir toujours porté bonheur. En voici un exemple : «Béni soit cette sève puissante sous la poussée de laquelle tronc, branches et fruits s’élèvent majestueusement vers le ciel.» Ceci au printemps, pendant la fécondation au cours de laquelle les cultivateurs restent suspendus aux branches des palmiers.
    Quelque part ailleurs, en plein désert, d’autres fellahs demandent à Dieu une récolte féconde de dattes dépend leur avenir. En des vers improvisés qu’ils entonnent à tue-tête pour mieux se faire entendre, ils implorent le Tout-Puissant pour que soit assurée la protection de l’arbre contre la menace des dunes et les vents de sable.

    Le palmier dans les textes religieux

    Historiens, chercheurs dans le domaine des arbres fruitiers, qui se sont beaucoup référés aux livres saints, se sont beaucoup interrogés sur l’origine du palmier dattier. Les uns, sur la base de documents compulsés, rattachent l’arbre aux lieux saints de l’Islam. Ce qui paraît logique. Pour eux, l’expansion de la culture du palmier dattier proviendrait des noyaux de fruits ainsi que des techniques agricoles ramenés d’Arabie.

    Pour d’autres, l’apparition est contemporaine de l’empereur d’Alexandrie, appelé «Alexandre sévère» désigné dans le Coran sous le nom de Iskander «Dhou al quarnaïn» ou le maître de deux empires. Cet empereur, dont l’influence s’est exercée de l’Afrique du Nord au Soudan, a été le fondateur de la ville ci-dessus indiquée.

    En effet, voici ce qui est dit dans la sourate «La caverne» (v. 83 à 99) : «Ils t’interrogent au sujet de dhou al quarnaïn. Dis : «Je vais vous raconter une histoire qui le concerne.» Nous avions affermi sa puissance sur la terre et nous l’avions comblé de toutes sortes de biens. Il suivait un chemin : / et quand il eut atteint le couchant du soleil, il vit que le soleil se couchait / dans une source brillante / et il trouva un peuple auprès de cette source. / Nous lui dîmes : «O dhou al qarnaïn ! Tu peux, ou bien châtier ces gens ou te montrer bienveillant envers eux.»

    «Dhou al qarnaïn» communément appelé par les Occidentaux «Alexandre le grand» sert ici de référence temporelle pour retrouver la date exacte ou en quel siècle a été découvert le palmier. Mais il semble que l’arbre ait été découvert bien, avant Homère qui a vécu au VIIe siècle avant l’ère chrétienne, alors que «Dhou al qarnaïn» remonte au IVe siècle avant J.C.
    Lorsque Adam fut chassé du Paradis, il se prosterna devant la toute puissance de Dieu et s’écria : «O mon Dieu, que Ta gloire soit proclamée.» Le Tout-Puissant lui répondit par l’ange Gabriel qui lui révéla par ses mots la création du premier sauveur : «Tu fus créé de cette manière d’où est sorti l’arbre qui te nourrira. En arabe Kounta «tu fus créé de cette manière » a servi pour désigner le palmier dattier, avant que celui-ci ne prenne le nom de nakhla.

    Le roi Salomon, ainsi que tous les Prophètes et Meriem, mère de Sidna Aïssa, ont enseigné les bienfaits du palmier, don de Dieu. El Boukhari rapporte par l’intermédiaire d’Ibn Omar les propos du Prophète Mohamed (que le Salut de Dieu soit sur Lui) : «Certes, parmi les arbres, il en est dont les feuilles ne tombent pas et qui est l’emblème musulman. Enseignez-moi quel est cet arbre ? Les fidèles pensèrent à divers arbres du désert : quant à moi, dit Abdellah Ben Omar, j’étais persuadé qu’il s’agissait du palmier. Puis comme on demandait à l’envoyé de Dieu quel était cet arbre ? Il répondit : «C’est le palmier.»

    Les dattes étant riches en éléments nutritifs, le Prophète de l’Islam (que le salut soit sur Lui) les recommanda comme nourriture aux femmes, surtout celles qui allaitent.

    Dans un hadith, on a relevé ces paroles : «Nourrissez vos femmes avec le fruit du palmier ; leur corps et leur sang s’amélioreront. Meriem elle-même se nourrissait de dattes lorsqu’elle donna naissance au Prophète Aïssa (que le salut le plus pur soit sur Lui). Ce fut sous un palmier, et à l’abri de son ombre protectrice que la vierge trouva auprès d’une source fraîche, le repos, l’apaisement à la faim et à la soif qui l’avaient
    exténuée.»

    Par la nouvelle République
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