Treize années de recherches, le cauchemar continue
C’est l’histoire d’une jeune femme prénommée Nedjma, devenue un trou noir dans un cosmos où l’injustice broie les plus faibles.
Au matin du 25 mai 2001, Nedjma, alors adolescente, dépose son nouveau-né à la maternité des Apôtres, sise dans le quartier de Sidi Mabrouk, à Constantine. Elle ne va plus le revoir, ni même connaître le sort qui lui a été réservé.
Remontons le parcours qui a généré cette dramatique histoire, Nedjma raconte : «J’ai fait la connaissance d’un jeune homme alors que j’avais seize ans et lui vingt-et-un ans. Après quelque temps, je suis tombée enceinte. Ce fut pour moi le début d’un cauchemar que je n’étais nullement prête à vivre, encore moins à m’en défaire ; pourtant, j’avais la ferme conviction que je ne me débarrasserai jamais de cet enfant, fut-il illégitime, selon la formule consacrée.»
Prenant son courage à deux mains et avec le soutien de son partenaire qui avait manifesté le même désir d’accepter le fruit de leur amour, la jeune mère célibataire allait, avec la complicité de sa grand-mère, entretenir un secret qui allait durer le temps d’une grossesse. En femme avertie, elle suivait assidûment une gynécologue, avec toujours cet espoir de garder son enfant puisque le lien était établi, un lien qu’elle comptait préserver. «J’ai été orientée vers la maternité de Sidi Mabrouk, où j’ai accouché vers sept heures du matin, toute seule et face à une équipe médicale plus préoccupée à en découdre. On m’avait intimé l’ordre de signer un procès-verbal d’abandon, ce que je refusais, mais on m’avait quand même délivré un certificat d’accouchement qui me permettait de récupérer mon enfant dans un délai qui ne peut excéder les deux mois.»
Par ailleurs, la jeune femme fait une révélation lourde de sens et qui ne peut que susciter une grande appréhension quant au sort réservé à ces enfants : la vente de ces bébés : «Lors de ma grossesse, notamment les derniers mois, ma gynécologue m’a fait une proposition que j’ai jugée indécente, à savoir la vente de mon enfant, prétextant qu’il y a déjà un couple qui est prêt à y mettre un bon prix, ce que j’ai refusé tout naturellement. La même proposition m’a été faite par l’assistante qui me suivait et toujours avec le même attrait d’argent, ce qui me confortait dans mes pensées qu’il y a effectivement tout un trafic, et peut-être bien un réseau bien structuré qui commerçait avec les enfants abandonnés.»
En effet, les péripéties que va vivre notre mère célibataire conforteront davantage ses inquiétudes, puisqu’en voulant récupérer son enfant avant les deux mois prévus par la réglementation, elle allait buter sur l’intransigeance du personnel de la direction de l’action sociale de la wilaya de Constantine, qui lui exigeait sa carte nationale d’identité. Peine perdue du fait qu’au moment des faits elle n’avait pas l’âge légal de posséder une carte, et cela a été un prétexte pour la DAS de lui opposer une fin de non recevoir. Sachant que les délais étaient dépassés, elle se limitait à faire des visites dans les pouponnières de la ville. «Je voulais surtout le voir, savoir où il était, le sort qui lui a été réservé et je les implorai de me rassurer s’il était vivant ou décédé. Au contraire, l’on m’informait que si je persistais dans mes recherches, je risquais inévitablement la prison, parce que j’ai commis un grave délit ; c’était d’ailleurs cette menace qui m’avait un tant soi peu découragée», raconte-t-elle.
Toutefois, un autre événement survint avec la reprise des liens avec son compagnon, le père en l’occurrence, qui avait non seulement manifesté son désir de se marier avec ellle, mais mieux encore il avait le même désir de récupérer son enfant, quelles que soient les conséquences. «Je suis prêt à partir en prison, l’essentiel pour moi est de récupérer mon enfant et lui permettre de vivre dans la dignité auprès de sa mère et de son père», lui faisait-il comprendre.
Actuellement, ce couple revendique haut et fort son enfant, sans se cacher et nous informe qu’il va demander au procureur principal de la République près le tribunal de Constantine une enquête concernant le sort de son enfant. «Espérons que notre demande sera acceptée et qu’une enquête sérieuse sera ordonnée pour connaître le sort de notre enfant, et j’espère que ces treize ans d’absence pourront déboucher sur une issue heureuse, qui fera le bonheur et de mon enfant et celui de sa famille qui fera tout pour récupérer le temps perdu», espère Nedjma.
La jeune femme lutte inlassablement depuis plus de treize ans pour retrouver sa chair, en faisant face à un système qui ferme les yeux sur le commerce de bébés, tolère les géniteurs irresponsables et sévit de toute sa force en revanche contre la femme auteure de «la faute».
N. Benouar-El Watan
C’est l’histoire d’une jeune femme prénommée Nedjma, devenue un trou noir dans un cosmos où l’injustice broie les plus faibles.
Au matin du 25 mai 2001, Nedjma, alors adolescente, dépose son nouveau-né à la maternité des Apôtres, sise dans le quartier de Sidi Mabrouk, à Constantine. Elle ne va plus le revoir, ni même connaître le sort qui lui a été réservé.
Remontons le parcours qui a généré cette dramatique histoire, Nedjma raconte : «J’ai fait la connaissance d’un jeune homme alors que j’avais seize ans et lui vingt-et-un ans. Après quelque temps, je suis tombée enceinte. Ce fut pour moi le début d’un cauchemar que je n’étais nullement prête à vivre, encore moins à m’en défaire ; pourtant, j’avais la ferme conviction que je ne me débarrasserai jamais de cet enfant, fut-il illégitime, selon la formule consacrée.»
Prenant son courage à deux mains et avec le soutien de son partenaire qui avait manifesté le même désir d’accepter le fruit de leur amour, la jeune mère célibataire allait, avec la complicité de sa grand-mère, entretenir un secret qui allait durer le temps d’une grossesse. En femme avertie, elle suivait assidûment une gynécologue, avec toujours cet espoir de garder son enfant puisque le lien était établi, un lien qu’elle comptait préserver. «J’ai été orientée vers la maternité de Sidi Mabrouk, où j’ai accouché vers sept heures du matin, toute seule et face à une équipe médicale plus préoccupée à en découdre. On m’avait intimé l’ordre de signer un procès-verbal d’abandon, ce que je refusais, mais on m’avait quand même délivré un certificat d’accouchement qui me permettait de récupérer mon enfant dans un délai qui ne peut excéder les deux mois.»
Par ailleurs, la jeune femme fait une révélation lourde de sens et qui ne peut que susciter une grande appréhension quant au sort réservé à ces enfants : la vente de ces bébés : «Lors de ma grossesse, notamment les derniers mois, ma gynécologue m’a fait une proposition que j’ai jugée indécente, à savoir la vente de mon enfant, prétextant qu’il y a déjà un couple qui est prêt à y mettre un bon prix, ce que j’ai refusé tout naturellement. La même proposition m’a été faite par l’assistante qui me suivait et toujours avec le même attrait d’argent, ce qui me confortait dans mes pensées qu’il y a effectivement tout un trafic, et peut-être bien un réseau bien structuré qui commerçait avec les enfants abandonnés.»
En effet, les péripéties que va vivre notre mère célibataire conforteront davantage ses inquiétudes, puisqu’en voulant récupérer son enfant avant les deux mois prévus par la réglementation, elle allait buter sur l’intransigeance du personnel de la direction de l’action sociale de la wilaya de Constantine, qui lui exigeait sa carte nationale d’identité. Peine perdue du fait qu’au moment des faits elle n’avait pas l’âge légal de posséder une carte, et cela a été un prétexte pour la DAS de lui opposer une fin de non recevoir. Sachant que les délais étaient dépassés, elle se limitait à faire des visites dans les pouponnières de la ville. «Je voulais surtout le voir, savoir où il était, le sort qui lui a été réservé et je les implorai de me rassurer s’il était vivant ou décédé. Au contraire, l’on m’informait que si je persistais dans mes recherches, je risquais inévitablement la prison, parce que j’ai commis un grave délit ; c’était d’ailleurs cette menace qui m’avait un tant soi peu découragée», raconte-t-elle.
Toutefois, un autre événement survint avec la reprise des liens avec son compagnon, le père en l’occurrence, qui avait non seulement manifesté son désir de se marier avec ellle, mais mieux encore il avait le même désir de récupérer son enfant, quelles que soient les conséquences. «Je suis prêt à partir en prison, l’essentiel pour moi est de récupérer mon enfant et lui permettre de vivre dans la dignité auprès de sa mère et de son père», lui faisait-il comprendre.
Actuellement, ce couple revendique haut et fort son enfant, sans se cacher et nous informe qu’il va demander au procureur principal de la République près le tribunal de Constantine une enquête concernant le sort de son enfant. «Espérons que notre demande sera acceptée et qu’une enquête sérieuse sera ordonnée pour connaître le sort de notre enfant, et j’espère que ces treize ans d’absence pourront déboucher sur une issue heureuse, qui fera le bonheur et de mon enfant et celui de sa famille qui fera tout pour récupérer le temps perdu», espère Nedjma.
La jeune femme lutte inlassablement depuis plus de treize ans pour retrouver sa chair, en faisant face à un système qui ferme les yeux sur le commerce de bébés, tolère les géniteurs irresponsables et sévit de toute sa force en revanche contre la femme auteure de «la faute».
N. Benouar-El Watan
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