Au sein du monde arabe en effervescence, les pays du Maghreb, qui ne détiennent aucun des leviers commandant la dynamique géopolitique de leur région, évoluent de manière désordonnée vers l’inconnu, sans avoir de vision géostratégique d’ensemble leur permettant de faire face à leur nouveau dessein.
Assoiffées de pouvoir, leurs élites politiques, qui ne se lassent pas de se dresser les unes contre les autres, ne se rendent pas compte qu’autour d’eux la Mauritanie s’enfonce de plus en plus dans l’isolement ; le Maroc, coincé entre le Sahara (occidental) et le «frère ennemi» algérien, tente difficilement de consolider ses acquis économiques et institutionnels (encore fragiles) ; l’Algérie de tous les risques peine à chasser les démons de la déstabilisation tout en re-propulsant à la magistrature suprême une personnalité visiblement impotente, laissant prévoir une grave vacance dans l’exécutif ; la Libye, qui encourt la fragmentation, sombre dans la violence et le chaos ; et la Tunisie, qui s’épuise à contrôler ses frontières, s’embourbe dans une crise financière intolérable qui risque de compromettre les quelques acquis (institutionnels) encore précaires de la révolution et d’exposer dangereusement le pays à la violence et à l’insécurité.
La Libye, foyer de tensions centrifuges au Maghreb
Il est clair aujourd’hui que la Tunisie, le pays le plus avancé de la transition démocratique postrévolutionnaire, se trouve acculé à jouer son indépendance (et sa souveraineté) en quémandant auprès des pays de la rente, des Etats-Unis, de l’Europe et des institutions de Bretton Woods une assistance financière urgente; assistance que les pays du Maghreb (dont certains regorgent de pétrole et de gaz), unis seulement par la contrebande, ravagés par la corruption et peinant à sortir de la dictature et/ou du chaos, ne peuvent lui fournir.
Mais, bien plus que la crise économique et l’insécurité frontalière qui culmine déjà à Chaambi et Ras Jedir, l’état de décomposition que connaît le voisin libyen représente la plus importante menace qui plane sur le pays. En effet, l’immensité du territoire libyen (onze fois plus vaste que la Tunisie), la longueur et la perméabilité de ses frontières terrestres (4 348 kilomètres) et maritimes (1 770 kilomètres) font de ce pays, livré à des milices armées rebelles refusant le retour de l’Etat, un foyer de tensions centrifuges pouvant entraîner trois des cinq pays maghrébins dans le tourbillon d’un conflit régional meurtrier, accompagné de multiples formes d’ingérence étrangère.
Dans cette sombre perspective, l’enjeu sécuritaire national devient maghrébin. Immergée dans les eaux troubles de la géopolitique du monde arabe, l’«Ile du Maghreb» fait l’objet d’une déstabilisation régionale «collective» orchestrée à la fois par les réseaux islamistes que les pétromonarchies soutiennent outrageusement et par les puissances occidentales qui tiennent d’abord à leurs propres intérêts «vitaux». Une question mérite alors d’être posée : est-il aujourd’hui concevable d’aborder les enjeux sécuritaires nationaux de chacun des pays maghrébins en faisant abstraction de l’environnement géopolitique «global» et régional et d’ignorer, corrélativement, la nécessité d’engager, sans tarder, un «plan de convergence géostratégique maghrébine»?
La question ainsi posée n’est pas tant liée à une aspiration «nationaliste» maghrébine presque sentimentale, ou à une conviction politique partisane ou bien à une initiative fantaisiste et précipitée émanant d’une personnalité en quête d’audience qu’à une pressante nécessité de survie et de défense face aux turbulences créées par la montée des périls idéologiques rétrogrades et par les stratégies étrangères de domination
Unifié, certes, par une même orogénèse alpine/atlasique et une même zonation climatique subtropicale humide d’influence méditerranéenne, le Maghreb l’est aussi par une population largement arabisée par la langue, sur un fond ethnique berbère immanent parfois extrinsèque, par un islam homogène sans minorité et sans fanatisme, et plus encore aujourd’hui, par un avenir commun incertain. Situé à la croisée du monde arabe, de l’Afrique subsaharienne et de l’espace euroméditerranéen, le Maghreb, plus que jamais divisé et menacé, se trouve de fait au carrefour de plusieurs «mauvaises influences» qui le contraignent à de profondes remises en question.
L’appétit insatiable des Etats-Unis pour les matières premières
1. Une nouvelle réalité s’impose aujourd’hui: l’«Ile du Maghreb» n’en est pas une. Cette région, qui se retranchait derrière son «insularité» et les défenses de ses Etats-nations, découvre tardivement son voisinage sahélo-subsaharien : l’Océan sahélien (J. Dufourq, 2009). Est-il besoin de le rappeler, cet immense «océan», qui flanque le Maghreb par le Sud, est formé d’une succession d’Etats fragiles, gouvernant de vastes territoires sous-peuplés et souvent mal servis par leur morphométrie (étranglée ou allongée). Majoritairement musulmanes (en Mauritanie, au Tchad, au Mali et au Niger) mais ethniquement et linguistiquement très différenciées, ses populations sont très affectées par la pauvreté et la sécheresse et éprouvées par les luttes pour le pouvoir et les conflits régionaux.
De fait, et malgré l’importance de ses richesses naturelles potentielles, le «voisinage sahélo-subsaharien» apparaît aujourd’hui comme un ensemble géopolitique mal intégré dans le système monde, livrée aux franchises d’Al-Qaïda, aux trafiquants d’armes et aux contrebandiers de tout bord dont la connivence avec l’extrémisme hypothèque l’avenir des sahéliens et déstabilise les pays maghrébins que ces factions «nomades» parviennent aisément à infiltrer. Les puissances étrangères, notamment les Etats-Unis d’Amérique, dont l’appétit pour les ressources naturelles demeure insatiable, n’hésitent pas à justifier (par le terrorisme) et à négocier (par intérêt) leur volonté de présence militaire en Afrique du Nord, présence qui permettrait une projection militaire facile, notamment celle de l’US Army Africa (Armée USA pour l’Afrique), composante du Commandement Africa (AfriCom) stationnée pour le moment à Vicenza en Italie du Nord. Nul doute que la «guerre» contre le terrorisme (de l’Aqmi) sert d’alibi à la fois pour contrôler le potentiel de ressources du sous-sol et l’évacuation de ses ressources et pour contrecarrer, sur fond de rivalités internationales, l’entrée économique de la Chine dans la région. Quant à la France, ancienne puissance coloniale, aujourd’hui plus soucieuse de ses intérêts économiques au Sahel et sur la côte ouest, elle n’hésite plus à y déployer ses troupes.
2.Du côté Est, s’étendent les quatre aires géopolitiques du Machrek : la vallée du Nil, le Croissant fertile, la péninsule arabique et la Corne de l’Afrique.
Outre l’inextricable problème palestinien, les enjeux spécifiques qui agitent cette région composite à fort potentiel conflictuel découlent des nombreuses particularités géopolitiques qui la distinguent du Maghreb : l’importance des minorités kurdes établies dans une vaste zone de peuplement à cheval sur cinq pays de la région, l’importance et la diversité des «chiismes» prééminents en Iran. A ces forces centrifuges potentielles d’ordre ethnique et religieux impliquant aussi la Turquie et l’Iran s’ajoutent : la vulnérabilité alimentaire, la dépendance sécuritaire et la course à l’armement, le manque d’eau créant des situations de stress hydrique ou de pénurie absolue et surtout les multiples enjeux liés aux hydrocarbures et leur évacuation.
Mais pour le Maghreb en général et la Tunisie en particulier, les vents déstabilisateurs qui soufflent du Moyen-Orient restent liés aux influences sectaires (étrangères) soutenues par les pétromonarchies apportant leurs financements et les services de certains de leurs médias. Dans le contexte créé par les révolutions arabes, confisquées et exploitées par l’islamisme politique «frériste» ou «wahhabite», les formes d’ingérence se précisent dans le voisinage «étranger proche» du Maghreb, impliquant, outre les Etats-Unis et la France, plusieurs pays émergents comme la Chine, l’Inde, le Brésil, Israël et l’Iran. Ainsi apparaît dans le monde arabe un troisième pivot géopolitique saharien (au contact des frontières sud du Maghreb avec le Sahel) qui s’ajouterait aux deux pivots régionaux déjà existants. Il s’agit du pivot de Bilad Ech-Chem-Irak et de celui de la Turquie, unique Etat musulman laïque et pivot régional entre Europe-Otan et Asie centrale, qui bénéficie du soutien stratégique des Etats-Unis.
Ces pivots géopolitiques régionaux actifs, qui s’enfoncent dans un «chaos prometteur» d’un Nouveau Grand Moyen-Orient contrôlé par les gendarmes du monde, s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie «impériale» mondiale renouvelée.
3.Côté Nord, alors que le Maghreb n’a pas encore conscience de son existence comme une entité géopolitique réelle, les visées «impériales» de la première puissance mondiale se précisent davantage. En effet, celle-ci persiste à suivre les traces de H. J. Mackinder (1861-1947) pour qui celui qui commande l’Eurasie, «pivot géographique de l’histoire», commande le monde. L’Europe occidentale et méditerranéenne, l’Asie du Sud et du Sud-Est formeraient l’«anneau marginal intérieur», donnant accès aux mers (chaudes). Cet «anneau» qui cerne le «pivot» servirait à l’endiguer (stratégie du «containment»). Il doit donc s’en remettre entièrement aux Etats-Unis (l’Otan) pour leur défense, parce que le dominer revient à empêcher l’Eurasie, surtout la Russie et la Chine, puissances continentales (par leur étendue), de devenir des puissances maritimes dotées d’un réel pouvoir maritime («sea power»). L’anneau intérieur est aujourd’hui élargi à l’Afrique subsaharienne qui était placée (théoriquement) dans l’anneau insulaire (extérieur). Le «containment» de la Chine, immense pays émergent à forte croissance économique dirigé par un parti communiste signifierait aujourd’hui contrecarrer son accès aux régions « marginales » à fort potentiel minier et énergétique (Afrique subsaharienne, Asie centrale et mer Caspienne). Ces régions font donc leur retour sur la scène internationale à la faveur de la «guerre du pétrole» (et des oléoducs).
Assoiffées de pouvoir, leurs élites politiques, qui ne se lassent pas de se dresser les unes contre les autres, ne se rendent pas compte qu’autour d’eux la Mauritanie s’enfonce de plus en plus dans l’isolement ; le Maroc, coincé entre le Sahara (occidental) et le «frère ennemi» algérien, tente difficilement de consolider ses acquis économiques et institutionnels (encore fragiles) ; l’Algérie de tous les risques peine à chasser les démons de la déstabilisation tout en re-propulsant à la magistrature suprême une personnalité visiblement impotente, laissant prévoir une grave vacance dans l’exécutif ; la Libye, qui encourt la fragmentation, sombre dans la violence et le chaos ; et la Tunisie, qui s’épuise à contrôler ses frontières, s’embourbe dans une crise financière intolérable qui risque de compromettre les quelques acquis (institutionnels) encore précaires de la révolution et d’exposer dangereusement le pays à la violence et à l’insécurité.
La Libye, foyer de tensions centrifuges au Maghreb
Il est clair aujourd’hui que la Tunisie, le pays le plus avancé de la transition démocratique postrévolutionnaire, se trouve acculé à jouer son indépendance (et sa souveraineté) en quémandant auprès des pays de la rente, des Etats-Unis, de l’Europe et des institutions de Bretton Woods une assistance financière urgente; assistance que les pays du Maghreb (dont certains regorgent de pétrole et de gaz), unis seulement par la contrebande, ravagés par la corruption et peinant à sortir de la dictature et/ou du chaos, ne peuvent lui fournir.
Mais, bien plus que la crise économique et l’insécurité frontalière qui culmine déjà à Chaambi et Ras Jedir, l’état de décomposition que connaît le voisin libyen représente la plus importante menace qui plane sur le pays. En effet, l’immensité du territoire libyen (onze fois plus vaste que la Tunisie), la longueur et la perméabilité de ses frontières terrestres (4 348 kilomètres) et maritimes (1 770 kilomètres) font de ce pays, livré à des milices armées rebelles refusant le retour de l’Etat, un foyer de tensions centrifuges pouvant entraîner trois des cinq pays maghrébins dans le tourbillon d’un conflit régional meurtrier, accompagné de multiples formes d’ingérence étrangère.
Dans cette sombre perspective, l’enjeu sécuritaire national devient maghrébin. Immergée dans les eaux troubles de la géopolitique du monde arabe, l’«Ile du Maghreb» fait l’objet d’une déstabilisation régionale «collective» orchestrée à la fois par les réseaux islamistes que les pétromonarchies soutiennent outrageusement et par les puissances occidentales qui tiennent d’abord à leurs propres intérêts «vitaux». Une question mérite alors d’être posée : est-il aujourd’hui concevable d’aborder les enjeux sécuritaires nationaux de chacun des pays maghrébins en faisant abstraction de l’environnement géopolitique «global» et régional et d’ignorer, corrélativement, la nécessité d’engager, sans tarder, un «plan de convergence géostratégique maghrébine»?
La question ainsi posée n’est pas tant liée à une aspiration «nationaliste» maghrébine presque sentimentale, ou à une conviction politique partisane ou bien à une initiative fantaisiste et précipitée émanant d’une personnalité en quête d’audience qu’à une pressante nécessité de survie et de défense face aux turbulences créées par la montée des périls idéologiques rétrogrades et par les stratégies étrangères de domination
Unifié, certes, par une même orogénèse alpine/atlasique et une même zonation climatique subtropicale humide d’influence méditerranéenne, le Maghreb l’est aussi par une population largement arabisée par la langue, sur un fond ethnique berbère immanent parfois extrinsèque, par un islam homogène sans minorité et sans fanatisme, et plus encore aujourd’hui, par un avenir commun incertain. Situé à la croisée du monde arabe, de l’Afrique subsaharienne et de l’espace euroméditerranéen, le Maghreb, plus que jamais divisé et menacé, se trouve de fait au carrefour de plusieurs «mauvaises influences» qui le contraignent à de profondes remises en question.
L’appétit insatiable des Etats-Unis pour les matières premières
1. Une nouvelle réalité s’impose aujourd’hui: l’«Ile du Maghreb» n’en est pas une. Cette région, qui se retranchait derrière son «insularité» et les défenses de ses Etats-nations, découvre tardivement son voisinage sahélo-subsaharien : l’Océan sahélien (J. Dufourq, 2009). Est-il besoin de le rappeler, cet immense «océan», qui flanque le Maghreb par le Sud, est formé d’une succession d’Etats fragiles, gouvernant de vastes territoires sous-peuplés et souvent mal servis par leur morphométrie (étranglée ou allongée). Majoritairement musulmanes (en Mauritanie, au Tchad, au Mali et au Niger) mais ethniquement et linguistiquement très différenciées, ses populations sont très affectées par la pauvreté et la sécheresse et éprouvées par les luttes pour le pouvoir et les conflits régionaux.
De fait, et malgré l’importance de ses richesses naturelles potentielles, le «voisinage sahélo-subsaharien» apparaît aujourd’hui comme un ensemble géopolitique mal intégré dans le système monde, livrée aux franchises d’Al-Qaïda, aux trafiquants d’armes et aux contrebandiers de tout bord dont la connivence avec l’extrémisme hypothèque l’avenir des sahéliens et déstabilise les pays maghrébins que ces factions «nomades» parviennent aisément à infiltrer. Les puissances étrangères, notamment les Etats-Unis d’Amérique, dont l’appétit pour les ressources naturelles demeure insatiable, n’hésitent pas à justifier (par le terrorisme) et à négocier (par intérêt) leur volonté de présence militaire en Afrique du Nord, présence qui permettrait une projection militaire facile, notamment celle de l’US Army Africa (Armée USA pour l’Afrique), composante du Commandement Africa (AfriCom) stationnée pour le moment à Vicenza en Italie du Nord. Nul doute que la «guerre» contre le terrorisme (de l’Aqmi) sert d’alibi à la fois pour contrôler le potentiel de ressources du sous-sol et l’évacuation de ses ressources et pour contrecarrer, sur fond de rivalités internationales, l’entrée économique de la Chine dans la région. Quant à la France, ancienne puissance coloniale, aujourd’hui plus soucieuse de ses intérêts économiques au Sahel et sur la côte ouest, elle n’hésite plus à y déployer ses troupes.
2.Du côté Est, s’étendent les quatre aires géopolitiques du Machrek : la vallée du Nil, le Croissant fertile, la péninsule arabique et la Corne de l’Afrique.
Outre l’inextricable problème palestinien, les enjeux spécifiques qui agitent cette région composite à fort potentiel conflictuel découlent des nombreuses particularités géopolitiques qui la distinguent du Maghreb : l’importance des minorités kurdes établies dans une vaste zone de peuplement à cheval sur cinq pays de la région, l’importance et la diversité des «chiismes» prééminents en Iran. A ces forces centrifuges potentielles d’ordre ethnique et religieux impliquant aussi la Turquie et l’Iran s’ajoutent : la vulnérabilité alimentaire, la dépendance sécuritaire et la course à l’armement, le manque d’eau créant des situations de stress hydrique ou de pénurie absolue et surtout les multiples enjeux liés aux hydrocarbures et leur évacuation.
Mais pour le Maghreb en général et la Tunisie en particulier, les vents déstabilisateurs qui soufflent du Moyen-Orient restent liés aux influences sectaires (étrangères) soutenues par les pétromonarchies apportant leurs financements et les services de certains de leurs médias. Dans le contexte créé par les révolutions arabes, confisquées et exploitées par l’islamisme politique «frériste» ou «wahhabite», les formes d’ingérence se précisent dans le voisinage «étranger proche» du Maghreb, impliquant, outre les Etats-Unis et la France, plusieurs pays émergents comme la Chine, l’Inde, le Brésil, Israël et l’Iran. Ainsi apparaît dans le monde arabe un troisième pivot géopolitique saharien (au contact des frontières sud du Maghreb avec le Sahel) qui s’ajouterait aux deux pivots régionaux déjà existants. Il s’agit du pivot de Bilad Ech-Chem-Irak et de celui de la Turquie, unique Etat musulman laïque et pivot régional entre Europe-Otan et Asie centrale, qui bénéficie du soutien stratégique des Etats-Unis.
Ces pivots géopolitiques régionaux actifs, qui s’enfoncent dans un «chaos prometteur» d’un Nouveau Grand Moyen-Orient contrôlé par les gendarmes du monde, s’inscrivent dans le cadre d’une stratégie «impériale» mondiale renouvelée.
3.Côté Nord, alors que le Maghreb n’a pas encore conscience de son existence comme une entité géopolitique réelle, les visées «impériales» de la première puissance mondiale se précisent davantage. En effet, celle-ci persiste à suivre les traces de H. J. Mackinder (1861-1947) pour qui celui qui commande l’Eurasie, «pivot géographique de l’histoire», commande le monde. L’Europe occidentale et méditerranéenne, l’Asie du Sud et du Sud-Est formeraient l’«anneau marginal intérieur», donnant accès aux mers (chaudes). Cet «anneau» qui cerne le «pivot» servirait à l’endiguer (stratégie du «containment»). Il doit donc s’en remettre entièrement aux Etats-Unis (l’Otan) pour leur défense, parce que le dominer revient à empêcher l’Eurasie, surtout la Russie et la Chine, puissances continentales (par leur étendue), de devenir des puissances maritimes dotées d’un réel pouvoir maritime («sea power»). L’anneau intérieur est aujourd’hui élargi à l’Afrique subsaharienne qui était placée (théoriquement) dans l’anneau insulaire (extérieur). Le «containment» de la Chine, immense pays émergent à forte croissance économique dirigé par un parti communiste signifierait aujourd’hui contrecarrer son accès aux régions « marginales » à fort potentiel minier et énergétique (Afrique subsaharienne, Asie centrale et mer Caspienne). Ces régions font donc leur retour sur la scène internationale à la faveur de la «guerre du pétrole» (et des oléoducs).
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