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En froid avec l'Europe, Poutine pivote vers la Chine

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  • En froid avec l'Europe, Poutine pivote vers la Chine

    Le chef du Kremlin vient à Pékin pour renforcer les échanges économiques mais aussi stratégiques avec l'empire voisin.

    En plein climat de guerre froide créé par la crise ukrainienne, Moscou poursuit sa lune de miel avec la Chine. Vladimir Poutine entame mardi une visite de deux jours à Shanghaï, censée symboliser le coup de balancier asiatique d'une Russie déçue par l'Occident et frappée par les sanctions de Washington et Bruxelles. Une cohorte impressionnante de grands patrons russes accompagnera le chef du Kremlin, à commencer par le président de Gazprom, Alexeï Miller, et son homologue de Rosneft, Igor Setchine, qui, il y a un an déjà, avaient engrangé des contrats énergétiques sur trente ans. Quarante-trois documents sont prévus à la signature, mais un seul contrat est appelé à symboliser le flirt assidu des deux anciennes puissances du monde communiste: la livraison annuelle par Gazprom à la compagnie chinoise CNPC de l'équivalent de 38 milliards de mètres cubes de gaz. Les négociations durent depuis près de vingt ans, mais l'accord est aujourd'hui entré en «phase finale», assure Vladimir Poutine.
    Selon un grand classique de l'histoire russe, éternellement marquée par les vicissitudes de ses relations européennes, Moscou utilisera à merveille ce contre-poids stratégique offert par la Chine
    Après avoir obtenu, en mars 2013, la primeur du premier déplacement à l'étranger de Xi Jinping, qui s'était rendu par ailleurs à Sotchi, le président russe rencontrera pour la cinquième fois son homologue chinois. Pour le premier, menacé d'isolement diplomatique par Washington, ce tête-à-tête tombera à point nommé: même si Pékin, attaché au principe de «non-ingérence», a paru embarrassé par l'annexion de la Crimée, il devrait prendre, en retour, la défense d'une Russie victime des sanctions occidentales. Selon un grand classique de l'histoire russe, éternellement marquée par les vicissitudes de ses relations européennes, Moscou utilisera à merveille ce contre-poids stratégique offert par la Chine. Lundi, dans une déclaration dont le timing ne doit rien au hasard, le ministre des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, a appelé à «repenser» les relations de la Russie avec l'UE et l'Otan.
    Sur le papier, la coopération s'annonce très prometteuse. Inférieurs de cinq fois à ceux noués avec l'Europe, les échanges commerciaux sino-russes pourraient doubler, ont déjà annoncé les deux capitales. L'économie chinoise a soif de matières premières, au moment où Moscou cherche à diversifier ses approvisionnements au-delà du marché communautaire. Elle est aussi avide de technologies que la Russie, afin d'asseoir son virage asiatique, semble mieux disposée à céder. Dans le domaine aéronautique, la Chine continue à négocier l'achat de cent Superjet 100 (avions de transport civil de 100 places), fabriqués par Soukhoï, et devrait s'occuper de leur aménagement final. Parallèlement, elle entame avec ce même constructeur russe, une coopération industrielle en vue de la construction d'un avion civil de 300 places (MS 21), qui lui permettra de s'affranchir d'Airbus et Boeing. «Compte tenu de l'immense taille du marché, la menace pour ces deux compagnies reste néanmoins minime», nuance un industriel, pour qui l'intérêt des deux partenaires réside surtout dans une future coopération militaire sino-russe. Parallèlement, la Chine a acheté la licence du Soukhoï 27, un avion de chasse monoplace, et s'intéresse à une déclinaison militaire, plus légère, de l'hélicoptère russe Mi-26.
    «Poutine n'a pas l'intention de braquer le couple sino russe contre la paire UE-Otan»
    Alexeï Maslov, directeur du département Orient à la Haute École économique
    S'opérant sur fond de crise ukrainienne, ces négociations s'accompagnent d'une réflexion sino-russe sur la nouvelle «architecture des relations internationales», telle que l'a déjà nommée le chef du Kremlin. Xi Jinping et Vladimir Poutine participeront notamment à un forum de sécurité régionale, et assisteront à des exercices conjoints dans la mer de Chine. Pour autant, personne, à Moscou, n'attend du président russe qu'il tourne le dos à l'Union européenne pour se jeter dans les bras de la Chine. Ce dernier a nié toute intention de créer une «alliance militaro-politique». Au sein notamment de la population russe, très protectionniste, la Chine est perçue comme une puissance menaçante, ne serait-ce que pour ses produits à bas coûts qui, après l'Europe, risquent d'inonder le marché russe.
    Par ailleurs, la Russie a besoin de nouvelles technologies que la Chine n'est pas capable de lui offrir. «Poutine n'a pas l'intention de braquer le couple sino-russe contre la paire UE-Otan», confirme Alexeï Maslov, directeur du département Orient à la Haute École économique. Au Kremlin, certains soupçonnent même Pékin d'utiliser la main tendue de la Russie pour forcer un accord au rabais sur le prix de livraison du gaz.
    Le Figaro
    ...et maintenant?
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