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Chine : sa croissance ralentit enfin. Une nouvelle phase commence... non sans risques

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  • Chine : sa croissance ralentit enfin. Une nouvelle phase commence... non sans risques

    La Chine devrait devenir la 1e puissance économique en parité de pouvoir d’achat devant les États-Unis en 2014 : une déclaration de la Banque mondiale qui suscite la polémique.

    En rupture avec son paradigme décennaire de croissance axée sur les exportations et dépenses en infrastructure, la Chine a instauré en novembre 2013 un ensemble de réformes dans plusieurs domaines dont la propriété intellectuelle, la responsabilité sociétale et la lutte contre la corruption. Une décision aussi historique pour l’Empire du milieu que son intégration à l'OMC en 2001 et qui marque son entrée officielle dans le développement durable.
    L’économie chinoise a connu une croissance de 7,4 % au cours du 1er trimestre, sa plus lente en 18 mois. Cette nouvelle orientation voulue par Xi JinPing vise à "digérer" les effets de la politique de relance du gouvernement précédent, dans ce contexte de maturation de l’économie chinoise.

    Les blocages du passé

    Depuis 2004, Pékin refusait de freiner sa croissance monétaire en dépit des pressions inflationnistes. Ce contrôle du Renminbi attirait les fonds spéculatifs étrangers dans un transfert de capitaux d’ouest en est, motivé à l’origine par la compétitivité des travailleurs chinois aussi productifs mais 8 à 10 fois moins onéreux que leurs homologues occidentaux.

    La conséquence en est aujourd’hui une redistribution inégale des ressources en Chine, "caillotée" sur certains secteurs privilégiés et exacerbée par des taux d'intérêt réels négatifs depuis 2009. Car l’après-crise a vu le ratio crédit/PIB chinois bondir à 200 %.

    Si le taux d'intérêt réel oscille entre 4 et 5 % (1) d’après les chiffres officiels, il pourrait descendre jusqu’à - 5 %. De sorte qu’investir de l’argent emprunté équivaut déjà à en gagner… dès lors qu’on a accès au crédit, cas de certains privilégiés au détriment des épargnants.

    C'est la principale raison pour laquelle la consommation des ménages chinois n’est encore que d'un tiers du PIB au lieu des 50 % que l’on devrait constater dans une telle économie : les blocages du passé.

    Les entreprises publiques ont longtemps été les pivots de ce déséquilibre, comme dans toute économie héritée du communisme. Mais l’économie de marché a graduellement pris ses droits et l’inflation est devenue la variable d’ajustement. La rentabilité des actifs s’est détériorée au fur et à mesure que l’Occident a réduit ses investissements.

    La Chine n'est plus une Nation émergente

    Ce choix de maintenir une croissance forte malgré un secteur public devenu inefficient dans son rôle d’allocation a suscité la politique de relance de Hu JinTao, qui a maintenu les choses en l’état. Avec deux abcès économiques aujourd’hui :

    - la bulle immobilière, qui a concentré le recyclage des capitaux reçus,
    - la dette publique locale, qui a alimenté cette inertie inflationniste.

    C’est donc à une forme de corruption que Xi JinPing s’attaque aujourd’hui : des caciques bénéficiaires d’un modèle économique obsolète rechignent à adopter des méthodes de gestion modernes sans garantie qu’elles s’appliquent à tous. Il lance donc une campagne de conscientisation majeure en profitant de son état de grâce de nouveau dirigeant.

    Aujourd’hui, la Chine n’est donc plus une Nation émergente. Pékin doit assumer son entrée dans le développement durable en prenant le risque de la refonte.

    Jusqu’ici, la politique court-termiste de croissance à tout prix avait pour justification la nécessité de créer 10 millions d'emplois par an, de peur que le chômage soit source d’'instabilité sociale.

    Mais avec sa pénurie de main-d'oeuvre manufacturière et sa surabondance de "cols blancs", la structure de la population active s’est déjà préparée à absorber les retombées d'un dégonflement de sa bulle de crédit. Une "économie de refroidissement" qui va alléger la pression sur le marché du travail. Et redonner à ses exportateurs l’avantage comparatif qu’ils perdaient progressivement du fait de cette inflation compensatrice.

    Car à terme, les prix vont baisser. Le pouvoir d'achat des ménages va augmenter et, tant que l'indice des prix reste aligné, la part de leur consommation dans l'économie va suivre.

    De la croissance au développement

    Même si la Chine réfute les conclusions de la Banque mondiale pour son nouveau classement, elle connaît de toute façon une nouvelle phase de son histoire. Elle passe d’une perception quantitative à qualitative de son économie : de "croissance" à "développement". Sa volonté de combattre la spéculation et la corruption en sont à la fois le moteur et la garantie.

    Son nouveau maître-mot est la "récompense" : des efforts passés, et des gains de productivité à venir.

    Bienvenue dans le développement durable à la chinoise.


    (1) 4,1% sur la période 2009-2013 d’après la Banque Mondiale (6% d’après la Banque Centrale Chinoise en 2012 auquel il faut retirer 2% d’inflation) Le coefficient de Gini (degré de concentration dans la distribution des revenus d'un pays-Corrado Gini, 1912) en Chine a bondi de 0291 en 1981 à 0474 en 2012, similaire aux États-Unis (0,475 en 2011)

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