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Le jour où Mario Draghi a fait baisser l'euro, la facture énergétique et la tension avec la Russie

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  • Le jour où Mario Draghi a fait baisser l'euro, la facture énergétique et la tension avec la Russie

    Le Monde.fr
    Claire Jones dans le Financial Times du 14 mai, selon des sources bien informées, affirme que la Banque centrale européenne (BCE) réfléchit à deux options à mettre rapidement en œuvre : soit fournir des liquidités aux banques, soit refinancer des crédits accordés par les banques.
    La première option a déjà été utilisée par le passé et a apporté jusqu'ici deux effets pervers : Les Bourses mondiales ont capté les liquidités et atteignent des records créant des risques de bulle et d'instabilité tout en participant à l'enrichissement des plus riches jusqu'au risque d'éclatement de nos sociétés démocratiques comme l'a souligné récemment Thomas Piketty.

    Les Bourses actions ont ainsi gagné depuis 1 an, pour Madrid, l'Ibex 25%, pour New-York, le Nasdaq 20% et pour Paris, le CAC40 14%. Dans Les Echos du 14 mai, Cyrille Collet de chez CPR AM, explique ainsi la montée de la Bourse suite à la réunion du 8 mai de la BCE : « Le marché attend beaucoup des banques centrales ».

    Les dettes, publiques et privées, rapportées au produit intérieur brut (PIB), ont dans le monde entier et en Europe, continué d'augmenter fortement de 2008 à aujourd'hui. Les dettes des états restent des actifs sûrs parce que les banques peuvent compter sur la BCE en dernier ressort pour acheter les titres des états. L'évocation de la possibilité de rachat de créances d'état par la BCE a conduit à voir les taux espagnols et italiens à 10 ans atteindre le 15 mai des plus bas historiques.

    RELANCER LA TITRISATION

    La seconde option est de cibler les PME par l'intermédiaire des banques, afin d'augmenter le volume de crédit. Pour la BCE, cela passerait par le rachat de titrisation de créances aux PME (ABS).

    Oui, il faut relancer la titrisation pour relancer le crédit quitte à faire de la création monétaire. Mais il faut choisir la bonne face de la titrisation.

    Pour ce faire, il faut laisser de coté la main invisible et les marchés efficients dont il n'est plus à démontrer depuis 2008 que ce ne sont que des paravents idéologiques. Mario Draghi, les marchés ne sont efficients que pour retransmettre la volonté de ceux qui possèdent les biens et qui n'ont aucune raison de défendre ni l'intérêt de tous ni celui du long terme.

    Le marché continue par exemple de choisir de financer des start-up pour algorithmes du High-Frequency Trading. L'innovation de la recherche dans ce secteur est favorisée, y compris avec des millions d'euros d'argent public, comme on le fait discrètement dans certains laboratoires de finance.

    FINANCER LA TRANSITION ÉNERGÉTIQUE

    Non, il ne faut plus faire confiance au seul marché, mais financer massivement la transition énergétique.

    La créativité n'a pas de limite en finance, aussi doit-elle défendre aujourd'hui le bien commun des européens qu'est l'accès à l'énergie.

    Depuis le début de la crise, des économistes ont proposé d'utiliser la création monétaire pour financer la transition énergétique. Ces économistes de plus en plus nombreux, comme Jean-Marc Jancovici, Alain Grandjean et Gaël Giraud, prédisent que détenir l'énergie sera posséder le pouvoir et la richesse.

    UN RÊVE

    J'ai fait un rêve : j'ai rêvé de ce jour de juin 2014 où Mario Draghi a fait baisser l'euro, la facture énergétique et la tension avec la Russie.

    En juin, Mario Draghi décide un plan massif sur 3 ans, de rachats de créances bancaires qui serviront à financer l'efficacité énergétique comme l'isolation des bâtiments et le développement des énergies renouvelables et à refinancer des prêts pour développer les entreprises de ce secteur.

    Poker d'as pour Mario Draghi ! Limitation du changement climatique, création d'emplois, rééquilibrage de la balance commerciale des pays européens et retour vers l'indépendance énergétique de l'Europe.

    - Effectivement, la diminution de l'émission des gaz à effet de serre grâce à la transition énergétique assure une lutte sérieuse contre le réchauffement climatique.

    - De plus, la création massive d'entreprises dans les entreprises du secteur énergétique développe l'emploi et les filières de techniciens et d'ingénieurs.

    - Par ailleurs, la diminution de la facture de pétrole et de gaz permet l'amélioration des balances des paiements.

    - Enfin, le relâchement progressif de la dépendance au gaz et pétrole russes diminue la tension avec la Russie. Nos élites reviennent servir la transition énergétique de l'Europe suivant l'exemple de l'ancien chancelier allemand qui quitte Gazprom où il servait les oligarques de la rente pétrolière russe pour prendre la présidence du fonds énergétique européen nouvellement créé.

    RÊVE OU CAUCHEMAR

    Bien sûr, puisqu'il n'a plus d'a priori, la création monétaire peut même financer ce fonds européen qui achèterait probablement la filière énergétique d' Alstom.

    Ce plan permet, cerise sur le gâteau, la baisse de l'euro pour relancer les exportations par la compétitivité-prix comme l'admettent implicitement aujourd'hui les dirigeants de la BCE. La BCE doit prendre la voie du rachat massif de créances bancaires par la titrisation.

    Mais cela peut être un rêve ou un cauchemar. Le cauchemar si elle refinance à l'aveugle tous les types de prêts octroyés par les banques en croyant que le marché et les banques financeront les entreprises les plus utiles à notre avenir. Le rêve si elle prépare la puissance de l'Europe de demain en lui permettant l'indépendance énergétique.

    Denis Dupré (professeur à l'université de Grenoble)
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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