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Le Nigeria, l'étoile montante en quête d'une nouvelle énergie

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  • Le Nigeria, l'étoile montante en quête d'une nouvelle énergie

    "Nous faisons 7% de croissance aujourd'hui sans électricité. Combien ferons nous lorsque nous aurons l'électricité?". Cette phrase, souvent entendue dans la bouche des Nigérians par Lionel Zinsou, banquier d'affaires franco-béninois à la tête de PAI Partners, est emblématique du défi auquel fait face le Nigeria.

    "Bouillonnement entrepreneurial"
    En proie à d'importants problèmes de sécurité, le pays de 170 millions d'habitants n'en est pas moins la star des économies africaines de cette année 2014. Une révision de son produit intérieur brut en a fait la première économie du continent, loin devant l'Afrique-du-Sud, le fameux "S" des BRICS. Mais tout champion qu'il est, le pays est aussi un exemple criant des faiblesses des économies d'Afrique subsahariennes. Touchée ces vingt dernières années par la "Dutch desease", selon les termes du banquier d'affaires, elle a été victime de sa rente pétrolière, sur laquelle toute l'économie, très inégalitaire et minée par la corruption, reposait.

    Libéré d'un carcan étatique hérité du post-colonialisme à la fin des années 1990, le pays rattrape désormais son retard depuis le début des années 2000. Notamment grâce à "un bouillonnement du secteur privé né d'un entrepreneuriat très dynamique", raconte Hervé-Bernard Solignac-Lecomte, chef du département Europe, Moyen-Orient et Afrique, du centre de développement de l'OCDE.

    En témoigne la réussite fulgurante d'Aliko Dangote, qui est désormais la plus grande fortune du continent, selon Forbes. "Il a su développer un groupe qui couvre des secteurs tels que le ciment, les télécoms, le raffinage, l'agroalimentaire. C'est un conglomérat parti de rien il y a vingt ans et qui va bientôt être coté en Europe, sans doute à Londres", s'enthousiasme Lionel Zinsou.

    Exportateur de matières brutes, importateur de produits finis
    Bref, le potentiel est là, assurent les deux hommes. Mais, "l'État fédéral a du mal à assurer l'orchestration de ce bouillonnement économique", regrette Hervé-Bernard Solignac-Lecomte. Pour le moment, la consommation tire un secteur des services florissant. "La plupart des revenus sont issus du secteur informel, mais les gens qui travaillent sont rémunérés. Il y a donc bien un revenu du travail qui est dépensé et une très bonne dynamique de la consommation", explique Lionel Zinsou. En témoignent les 120 millions d'abonnements à des opérateurs de téléphonie mobile.

    Le problème, c'est que le Nigeria importe tout ce qu'il consomme. "C'est une économie extravertie. Il exporte de la matière brute et importe des produits manufacturés", déplore le banquier d'affaires. Le pays "doit libérer les capacités à entreprendre afin de se lancer dans l'industrie de transformation et de mieux s'inscrire dans la chaîne de valeur", explique Jan Rieländer, économiste à l'OCDE et auteur d'une étude sur le sujet des chaînes de valeur dans le cadre du rapport sur les "Perspectives économiques en Afrique 2014" de l'organisation paru lundi.

    Réussir avec quatre heures d'électricité par jour
    La clé ? Régler le problème de "l'énorme pénurie d'énergie", selon les termes de Lionel Zinsou. Car le Nigeria a beau être un très gros exportateur de pétrole, de gaz, et bientôt de charbon, "on estime la fourniture d'électricité à quatre heures par jour en moyenne dans les zones couvertes", explique le Franco-béninois. Et la moitié du territoire n'est pas couvert. Dans ces conditions, les entreprises doivent investir dans leurs propres systèmes de production d'énergie, ce qui coûte cher. Difficile, donc, de démarrer une affaire dans l'industrie manufacturière ou même dans la transformation agroalimentaire, un secteur porteur grâce à la montée en puissance du secteur agricole.

    "Cela ne va pas se faire en un claquement de doigt", explique Lionel Zinsou. Mais la demande est là, et avec des ressources importantes, une demande dynamique, et une économie qui devrait doubler dans les dix prochaines années, les besoins sont énormes. De quoi aiguiser les appétits des investisseurs étrangers, tels que General Electric, qui se lance actuellement sur le marché nigérian. C'est à cette condition que le Nigeria pourra viser une croissance à deux chiffres et jouer à plein son rôle de prochain pays émergent, avec tout ce que cela implique de perspectives de croissance pour les investisseurs.

    Le pays pourra alors mener son combat suivant, celui de mettre en place une véritable administration fiscale qui fait cruellement défaut, selon Hervé-Bernard Solignac-Lecomte. Celle-ci, une fois capable de prélever l'impôt pourra financer notamment un système éducatif pour lequel le Nigeria "ne fait pas partie des bons élèves de la classe", admet Lionel Zinsou. Ce n'est qu'alors que le pays pourra monter en gamme et faire grimper sa part de valeur ajoutée dans la chaîne de valeur mondiale

    la tribune fr
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