Il est catalan et fut de nationalité espagnole jusqu'à 19 ans. Ce mercredi il a fait un triomphe, en tant que premeir ministre français, lors d'un meeting animé à Barcelone, sa ville natale, en faveur de la liste socialiste pour l'élection du parlement européen . Manuel Valls a parlé en catalan, espagnol et français.
Récapitulons : l'Europe se construit malgré de réelles difficultés au moment où les médias algériens et marocains se nourrissent d'une mutuelle répugnance où le premier défi est de trouver l'invective la plus assassine contre son voisin.
Un homme né dans un pays dominé par la dictature franquiste qui n'avait de cesse de réprimer les combats démocratiques et, dans la foulée, les revendications régionales est revenu dans sa ville natale en tant que chef de gouvernement d'un pays tiers pour y être reçu triomphalement en s'exprimant dans une manifestation publique dans sa langue maternelle, l'autre langue parlée dans son pays d'origine et celle de sa nation d'adoption.
Rêvons un instant. Imaginons un amazighophone algérien qui arrive au Maroc à l'âge de 14 ans dont il prend la nationalité et où il devient premier ministre. Poussons l'audace plus loin. Imaginons que le parlement nord africain, instance dotée de vraies compétences, soit élu démocratiquement et que ce personnage revienne à Tizi Ouzou, Batna, Bejaia ou Ghardaia où il serait né pour faire campagne, en tant que chef du gouvernement marocain, pour les listes fédérales du courant politique auquel il appartient. Poussons l'illusion jusqu'au bout et abusons de la folie qu'autorise le rêve. Imaginons cet homme ou cette femme parler amazigh, arabe et français dans son pays d'origine.
Arrêtons les provocations oniriques pour envisager, pour de vrai maintenant, les réactions de la presse avant, pendant et après le meeting.
Le malotru se verrait trainé dans la boue pour avoir renié la nationalité de ses ancêtres lui préférant celle d'un régime monarchique où "on en est encore au baise-main". Des éditorialistes avisés ne manqueraient pas de démontrer que le renégat est arrivé en Algérie les valises bourrées de cannabis pour démolir la vaillante santé de la jeunesse algérienne. La partie de son discours en amazigh lui sera, naturellement, renvoyée comme la preuve irréfragable d'une volonté maléfique de diviser un peuple uni et solidaire car nous, cela s'entend bien « nous sommes tous des Algériens », la question de savoir ce que l'on met dans l'algérianité ne pouvant être, bien évidemment, qu'une pernicieuse suggestion du fiel impérialo-sioniste.
Il va de soi que ce scénario envisagé côté algérien peut se dupliquer avec une rigoureuse symétrie avec le makhzen marocain et ses relais, la toxicité du cannabis pouvant être remplacée par les risques de contamination militaro-islamiste dont se gargarise les feuilles de chou de l'Istiqlal.
On peut toujours contester les déprimantes leçons qu'offre cette douloureuse comparaison en arguant que le chanteur Khaled qui a pris la nationalité marocaine a été grassement rémunéré pour venir colorer la campagne d'un candidat fantomatique né au Maroc. Oui, mais, l'élection est frelatée, Khaled n'est pas amazigh et, d'avoir voulu se jouer de tous, Bouteflika n'est reconnu ni par les Marocains ni par les Algériens.
Ali Graïchi.
Récapitulons : l'Europe se construit malgré de réelles difficultés au moment où les médias algériens et marocains se nourrissent d'une mutuelle répugnance où le premier défi est de trouver l'invective la plus assassine contre son voisin.
Un homme né dans un pays dominé par la dictature franquiste qui n'avait de cesse de réprimer les combats démocratiques et, dans la foulée, les revendications régionales est revenu dans sa ville natale en tant que chef de gouvernement d'un pays tiers pour y être reçu triomphalement en s'exprimant dans une manifestation publique dans sa langue maternelle, l'autre langue parlée dans son pays d'origine et celle de sa nation d'adoption.
Rêvons un instant. Imaginons un amazighophone algérien qui arrive au Maroc à l'âge de 14 ans dont il prend la nationalité et où il devient premier ministre. Poussons l'audace plus loin. Imaginons que le parlement nord africain, instance dotée de vraies compétences, soit élu démocratiquement et que ce personnage revienne à Tizi Ouzou, Batna, Bejaia ou Ghardaia où il serait né pour faire campagne, en tant que chef du gouvernement marocain, pour les listes fédérales du courant politique auquel il appartient. Poussons l'illusion jusqu'au bout et abusons de la folie qu'autorise le rêve. Imaginons cet homme ou cette femme parler amazigh, arabe et français dans son pays d'origine.
Arrêtons les provocations oniriques pour envisager, pour de vrai maintenant, les réactions de la presse avant, pendant et après le meeting.
Le malotru se verrait trainé dans la boue pour avoir renié la nationalité de ses ancêtres lui préférant celle d'un régime monarchique où "on en est encore au baise-main". Des éditorialistes avisés ne manqueraient pas de démontrer que le renégat est arrivé en Algérie les valises bourrées de cannabis pour démolir la vaillante santé de la jeunesse algérienne. La partie de son discours en amazigh lui sera, naturellement, renvoyée comme la preuve irréfragable d'une volonté maléfique de diviser un peuple uni et solidaire car nous, cela s'entend bien « nous sommes tous des Algériens », la question de savoir ce que l'on met dans l'algérianité ne pouvant être, bien évidemment, qu'une pernicieuse suggestion du fiel impérialo-sioniste.
Il va de soi que ce scénario envisagé côté algérien peut se dupliquer avec une rigoureuse symétrie avec le makhzen marocain et ses relais, la toxicité du cannabis pouvant être remplacée par les risques de contamination militaro-islamiste dont se gargarise les feuilles de chou de l'Istiqlal.
On peut toujours contester les déprimantes leçons qu'offre cette douloureuse comparaison en arguant que le chanteur Khaled qui a pris la nationalité marocaine a été grassement rémunéré pour venir colorer la campagne d'un candidat fantomatique né au Maroc. Oui, mais, l'élection est frelatée, Khaled n'est pas amazigh et, d'avoir voulu se jouer de tous, Bouteflika n'est reconnu ni par les Marocains ni par les Algériens.
Ali Graïchi.
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