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Kidal menace le succès de l'opération française au Mali

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  • Kidal menace le succès de l'opération française au Mali

    Depuis le début de l'intervention française au Mali, Kidal, la place forte des insurgés touaregs du MNLA, à 1500 kilomètres au nord-est de Bamako, était une bombe à retardement. Elle a explosé à deux reprises en une semaine. Le 17 mai, lorsque des affrontements meurtriers ont opposé l'armée malienne aux combattants du Mouvement national de libération de l'Azawad lors de la visite du premier ministre, Moussa Mara. Et le 21 mai, quand les rebelles touaregs ont pris le contrôle de Kidal et d'autres villes du Nord, mettant en déroute les soldats de l'armée malienne. Le conflit, qui s'était calmé, s'est brusquement rallumé.
    Depuis l'indépendance du Mali, Kidal a toujours été un abcès de fixation, lieu de plusieurs rébellions des Touaregs, qui refusent la tutelle de Bamako. Mais avec l'intervention française en janvier 2013, la normalisation des relations entre la capitale et le berceau des mouvements indépendantistes est devenue l'une des conditions de la pérennité des succès militaires. À elle seule, la projection de puissance n'apporte en effet que des résultats tactiques et ponctuels. Pour permettre des succès stratégiques, elle doit être couplée à une approche globale et politique de la situation. Et au Mali, la stabilisation du pays dépend toujours d'une réconciliation politique entre le Nord et le Sud. Or, si les objectifs militaires de la France - éradication de la menace terroriste, destruction des groupes djihadistes, libération des otages - ont été atteints au-delà même des espérances, ce rapprochement a pour l'instant échoué. L'État malien n'a jamais réussi à reprendre vraiment pied à Kidal. Le processus de dialogue entre Bamako et les groupes armés est au point mort. Quand au projet d'autonomie du Nord, il a été reporté aux calendes grecques, par manque de volonté du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), qui refuse de négocier avec un groupe armé. Aujourd'hui, la situation à Kidal est jugée «explosive» par un responsable français. Elle risque de retarder le processus de sortie de crise, à un moment où l'armée française, très affectée par les coupes budgétaires et lourdement engagée en Centrafrique, s'apprêtait à se désengager du Mali. À qui la faute?
    État failli

    L'initiative d'IBK, qui a demandé à son armée de reconquérir Kidal sans en informer la Minusma, la force des Nations unies, ni les responsables de «Serval», a fait grincer des dents à Paris. Le sérieux revers subi par les militaires maliens a prouvé que la stratégie française, qui consiste à former les forces armées locales pour leur transférer la gestion de la sécurité, n'a pas encore donné les résultats escomptés. Il faudra de longues années et beaucoup d'argent pour pouvoir mettre à niveau les force maliennes, en lambeaux au moment de l'intervention française dans cet État failli.
    Pour la France, les conséquences sont d'ores et déjà graves. Elle a dû reporter sine die la réorganisation de son dispositif militaire au Sahel et envoyer des renforts dans le nord du Mali. Les violences à Kidal ont aussi entraîné des réactions d'hostilité envers les soldats français et envers l'ONU, accusés de passivité vis-à-vis du MNLA. Certains considèrent qu'il aurait fallu faire la paix avant d'organiser une élection présidentielle. Mais Paris veut croire que la réconciliation ne pouvait se faire sans interlocuteur légitime à Bamako. Persuadé que la solution à Kidal ne peut-être que politique, le ministre de la Défense est allé chercher le soutien d'Alger pour faire renaître le processus de réconciliation entre le Nord et le Sud. Un impératif, sans lequel la victoire de «Serval» risquerait d'être gâchée.

    le figaro
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