Dialogues poétiques

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Dialogue poétique entre Nadia Tunéi (N), Ounsi Al- Hage (O) et Youssef Al- Khâl (Y).

I

O : Qu’est- ce que le souci ?
N : L’implantation du désert dans chaque cœur.
O : Qu’est- ce que le désert ?
Y : Un cœur sans souci.
O : Qu’est- ce que le désert ?
N : Une terre où l’on peut planter les mots.
O : Que sont les mots ?
N : Les plantes de la musique.
O : Qu’est- ce que la musique ?
Y : Jeûne et prière.
O : Le jeûne nous le connaissons. Et la prière ?
N : La prière est l’amour.
O : Qu’est- ce que l’amour ?
N : C’est l’impuissance.
O : Qu’est- ce que la poésie ?
Y : C’est moi devant, désarmé devant elle.
O : Qu’est- ce que l’arme ?
N : Ce dont tu manques toujours quand tu en as besoin.
O : Qu’est- ce que le sexe ?
N : C’est l’autre sexe.
O : Qu’est- ce que le sexe ?
Y : C’est le récipient vide.
O : Qu’est- ce que le sexe ?
O : C’est cette main, derrière la voix.
O : Qu’est-ce que la raison ?
Y : Un pied sur le sable de l’espace.
O : Qu’est- ce que la conscience ?
N : Le désespoir.
O : Qu’est- ce que le désespoir ?
Y : L’ultime espoir.
O : Qu’est- ce que l’espoir ?
O : La prison des rêves.
O : Qu’est- ce que le rêve ?
N : La voix blanche d’une femme blanche dans un désert blanc sous un ciel blanc.
O : Qu’est- ce que le dialogue ?
Y : La confession.
O : Qu’est- ce que la confession ?
Y : Le secret.
O : Qu’est- ce que le feu ?
N : Le bruit de l’entrechoquement d’une main avec l’autre.
O : Qu’est- ce que la main ?
N : L’isolement.
O : Qu’est- ce que l’isolement ?
Y : Dieu.
O : Qu’est- ce que le matin ?
N : Comment veux- tu que je sache ?
O : Qu’est- ce que le matin ?
O : Le premier jour.

[stranger011]

II


O: Pourquoi, la nuit, fermes- tu tes portes?
N : Parce que je crains les rêves.
O : Pourquoi ne les ouvres- tu pas de jour ?
N : Par peur du soleil.
O : Pourquoi cette balle tournoie- t- elle en ton cœur ?
Y : Par hasard.
O : Pourquoi tiens- tu ta pipe entre les lèvres au lieu de l’épée au fourreau ?
Y : Parce que l’épée ne dégage pas de fumée.
O : Pourquoi ai- je peur ?
N : Parce que la terre tourne.
O : Pourquoi la terre tourne- t- elle ?
N : Parce qu’elle a perdu la tête.
O : Pourquoi vont- ils là- bas ?
N : Parce qu’ils n’ont pas le choix.
O : Pourquoi te croient- ils ?
N : Parce qu’ils sont ma famille.
O : Pourquoi ne te croient- ils pas ?
Y : Parce qu’ils sont ma famille.
O : Pourquoi la rencontre ne se produit- elle qu’au son des cloches ?
O : Parce que ma bien- aimée m’a offert une église.
O : Pourquoi la rencontre ne se produit- elle qu’au son des cloches ?
Y : Parce que je ne porte pas mon lit