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BALKANS ;Les peuples s'unissent face aux inondations

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  • BALKANS ;Les peuples s'unissent face aux inondations

    Les inondations qui ont frappé la région ont eu au moins un effet bénéfique : Serbes et Croates se sont montrés solidaires, dépassant les clivages nationalistes. Mais cette entente est trop précaire pour durer au-delà de la montée des eaux.

    Une blague circule actuellement en Serbie. Pourquoi l’écrivain Dobrica Ćosić, le "père de la nation serbe" est-il décédé ? Parce que son cœur l’a lâché après avoir vu les unités spéciales des sapeurs pompiers croates évacuer les Serbes d’Obrenovac sous les eaux.

    Eh bien oui, on a assisté à l’inimaginable ! A l’occasion des inondations qui ont touché la Bosnie-Herzégovine, la Serbie et la Croatie, des sapeurs pompiers croates ont été dépêchés afin d’aider les Serbes ; les autoroutes croates ont dispensé de péage les véhicules transportant l’aide humanitaire, peu importe leur destination ; les dons à la Croix-Rouge se croisent entre la Bosnie-Herzégovine, la Croatie et la Serbie ; les secouristes envoyés sur le terrain ont aidé tous les sinistrés, sans leur demander quelle était leur religion.

    Hélas, il a fallu un déluge pour que l’Homme remonte à la surface et émerge des résidus de la boue religieuse et nationaliste. Dans la catastrophe, il s’est avéré que même les Noires étaient des "nôtres". Les réfugiés et les demandeurs d’asile politique, contre lesquels les Serbes locaux protestaient violement et qu'ils voulaient chasser des centres d’accueils installés dans leurs municipalités, ont secouru sans tarder les habitants d’Obrenovac en les sortant des maisons inondées sur leurs dos.

    Tolérance

    Politesse diplomatique oblige, le gouvernement serbe a remercié le gouvernement croate pour l’aide fournie. Ce qui surprend aussi, c’est sans aucun doute le geste des "Lurons", le club des supporters de Crvena Zvezda [Etoile Rouge de Belgrade]. Ce sont les derniers que l'on aurait pu s’attendre à voir œuvrer dans le sens de la normalisation des relations entre ces pays : sur leur compte Twitter, ils ont publié beaucoup de photos et d’informations utiles, ainsi que les appels à l’aide des régions dévastées de la Serbie, de la Bosnie-Herzégovine, sans oublier la Croatie. Pour la première fois, ils qualifient les Croates d'"amis", et affichent leur sympathie aux sinistrés croates de la Slavonie [région située dans l'est de la Croatie].

    Dans la réalité, le sport professionnel est loin de promouvoir la tolérance. Bien au contraire, il véhicule le nationalisme et le chauvinisme chez les supporters des Balkans et ailleurs dans le monde. La star de tennis, Novak Djokovic a excellé une fois encore, cette fois-ci moralement, en appelant à aider, sans distinction, les victimes des inondations en Serbie, en Bosnie-Herzégovine et en Croatie. "Longue vie à tous les peuples de l’ex-Yougoslavie", a-t-il écrit sur son compte Twitter, dans un esprit réunificateur.

    Boue nationaliste

    N’empêche, la catastrophe naturelle a inondé Internet et les réseaux sociaux des rumeurs et des bêtises les plus folles. Les nationalistes ont sauté sur l’occasion pour déployer leurs théories de complot. On colportait ainsi que les digues ont été détruites délibérément en Croatie, et que des villages entiers ont été inondés uniquement pour sauver Belgrade. Ou encore que les inondations en Bosnie-Herzégovine et en Serbie ont été provoquées par HAARP (High Atmosphere Aural Research Program – un programme militaire américain modifiant le climat).

    Il s’est avéré une fois encore que dans le cas d'une catastrophe naturelle, les frontières restaient une barrière à l’acheminement rapide des secours et de l’aide humanitaire. Les entraves administratives sont parfois aussi importantes que les crues des eaux. Par exemple, pour envoyer l’aide de la Croatie à la Bosnie-Herzégovine, il a fallu s’enregistrer en tant qu’une organisation ONG, ou créer une Sarl, avoir un certificat d’activité autorisant les exportations, et posséder un tas d’autres papiers. Et attendre pendant des heures aux postes-frontières… Aussi pervers que cela puisse paraître, si les inondations avaient eu lieu avant le 1 juillet 2013 (date de l’adhésion de la Croatie à l’UE), les Croates auraient pu venir plus facilement au secours des sinistrées de Bosnie-Herzégovine (environs 900 000 d'entre eux ont été déplacés en raison des inondations), et certes, avec beaucoup moins d’entraves administratives.

    Combien de temps durera cet élan de solidarité suscité par les inondations qui a réunifié des belligérants ex-yougoslaves ? Hélas, il risque de retomber rapidement une fois que les eaux se seront retirées, en laissant derrières elles les résidus de la boue nationaliste


    le courrier international
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