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Les «consultations» : plus indiquées pour le gaz de schiste que pour la Constitution

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    Les «consultations» : plus indiquées pour le gaz de schiste que pour la Constitution



    Le gaz de schiste. En gros, le chroniqueur hésite à en parler. Parce qu'il n'a pas compris, ne maîtrise pas, ne sait pas et ne veut pas mettre le pied dans une chaussure géante et avoir, du coup, l'air minuscule. Interrogé à Oran par un universitaire, l'ex-chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche, a répondu qu'il ne peut pas répondre sur ce qu'il ne sait pas. Louable dans un monde d'hymnes et malentendus. L'affaire schiste se résume ainsi : L'Algérie de Bouteflika vient de décider d'en accorder le droit de cuissage à la France depuis peu. Certains y ont vu un effet d'annonce à destination de l'Europe en crise d'angoisse face à l'Ukraine et la Russie. D'autres y ont vu un Sidi Fredj par le sous-sol, après le Sidi Fredj par le sol.

    Mais ce qui est le plus tragique et ce qui a le plus fait réagir, c'est le caractère monarchiste de la décision. Sur une question aussi sensible, aussi peu accessible au profane, engageant des générations, une terre entière et un pays vivant et à venir, le régime n'a pas choisi, comme d'habitude, de consulter, peser ou réfléchir et associer, mais de décider. Cela a choqué et a provoqué une immense colère algérienne. Des pétitions circulent, des populistes se sont emparés du sujet et une marée se prépare. Pour beaucoup, c'est un abus, une ANSEJ internationale en faveur de la France premier électeur de Bouteflika, un retour de la colonisation, une rente, une agression des frontières par l'intérieur des frontières et un abus. C'est un Roi qui en a décidé, par un président de la République. C'est la conviction de beaucoup.

    Quelques jours après, par recul ou par rattrapage, des «experts» par le canal officiel de l'APS expliquent qu'il s'agit d'un malentendu, d'une mauvaise interprétation, de «prospection» et parlent d'«une phase d'évaluation du potentiel non conventionnel en Algérie». Rétraction spectaculaire ou amateurisme dans la communication. Car de deux choses l'une : soit la société Bouteflika & Cie a compris l'erreur et a été surprise par les résistances, soit c'est un cafouillage classique de la communication mais là, les Algériens ne le croient déjà plus. Dans les deux cas, on revient à la mentalité monarchisante ambiante : sur des questions aussi vitales comme sur le reste, il y a nécessité de consultation, de médiatisation et de participation. Les Suisses recourent au référendum même pour décider des dates des vacances scolaires ou du chiffre du SMIG. Nous, peuplade désarmée, ne demandons à être traités comme un peuple que pour les grandes questions qui concernent nos enfants et leur avenir.

    La conclusion est qu'il aurait été même plus respectable de consulter les soi-disant 150 personnalités nationales sur cette formule d'exploitation de nos dernières richesses, que de les inviter à parler de la future Constitution déjà vieille et impossible à marier et ridée et stérile. Puisqu'on n'arrive pas à respecter les gens, qu'on respecte au moins leurs enfants à venir et la terre profonde où ils attendent.


    par Kamel Daoud


    Le Quotidien d'oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "
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