Annonce

Réduire
Aucune annonce.

ÉGYPTE ;L'abstention déclenche une “hystérie télévisée”

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • ÉGYPTE ;L'abstention déclenche une “hystérie télévisée”

    La Commission électorale a décidé dans l'urgence de prolonger le scrutin pour une troisième journée, aujourd'hui 28 mai. Sur les chaînes de télévision, des figures pro-Sissi se déchaînent pour inciter les gens à voter, pour Sissi de préférence.

    “Hystérie sur les chaînes de télévision égyptienne !” C'est le constat du journaliste pro-révolutionnaire Yousri Foda sur On-TV. En effet, la faible participation à l'élection présidentielle a donné lieu, mardi 27 mai, à de curieuses interventions de la part d'un certain nombre de présentateurs à la télévision égyptienne.

    Moustapha Al-Bakri, pro-Sisi invétéré, a ainsi accusé les abstentionnistes d'être “des traîtres” : “Si chacun se dit que ce n'est pas la peine d'aller voter et qu'on peut boycotter, c'est l'avenir de la Libye ou de la Syrie qui nous attend. Si vous ne votez pas, c'est que vous êtes avec les terroristes.”

    Même son de cloche chez Amr Adib : “S'il n'y a que 10 millions d'électeurs, qu'est-ce qu'on va dire au monde ? Que le peuple égyptien ne veut pas de la feuille de route présentée par le candidat Abdel Fattah Al-Sissi après le renversement du président élu en juillet dernier, Mohamed Morsi ? Autant rouvrir la prison tout de suite et libérer Morsi”, l'ancien président issu des Frères musulmans.

    Appels virulents

    Dans une autre émission encore, une téléspectatrice s'exprimant au téléphone éclate en sanglots : “Sissi, est-ce qu'il mérite ça. Je vais devenir folle. Où sont les électeurs ?”

    Ibrahim Al-Issa pour sa part accuse “le peuple égyptien d'être insuffisamment éduqué”, tandis que Lamis Hadidi, présentatrice sur la très pro-gouvernementale chaîne CBC, est “inquiète pour Sissi” : “Il avait parlé de 40 millions d'électeurs.” Et de demander “à la Commission électorale de faire quelque chose” pour pousser la participation à “au moins 50 %”.

    Elle a été entendue, puisque la Commission électorale a décidé, dans l'urgence le 27 mai au soir, d'ouvrir les bureaux de vote pour un troisième jour, le 28 mai. L'enjeu est maintenant de savoir si ces appels plus ou moins virulents, plus ou moins insultants à l'égard de la population, auront eu l'effet souhaité. On peut avoir quelques doutes. Car le taux de participation d'environ 37 % constaté hier soir – selon la presse éygptienne – est tout à fait cohérent avec le taux constaté lors du référendum constitutionnel en janvier dernier, à savoir 38,6 %.

    Mascarade électorale

    Peut-être qu'il s'agit de l'étiage du niveau d'adhésion et de confiance dont dispose le pouvoir militaire, au pouvoir de facto depuis l'été dernier. Car pour les Egyptiens, l'abstention est un moyen d'exprimer leur rejet du système politique en place et de signifier leur méfiance quant au bon déroulement de la procédure. Aussi, de nombreuses forces politiques, des Frères musulmans aux forces révolutionnaires, avaient appelé au boycott. Alors que la base de l'électorat salafiste ne semble pas avoir écouté ses dirigeants, qui avaient appelé à voter pour Sissi.

    C'est ainsi d'ailleurs que l'autre candidat, Hamdine Sabahi, est lui aussi dans une situation délicate. Il doit aujourd'hui se justifier devant les forces révolutionnaires qui l'accusent depuis le début d'avoir servi de faire-valoir pour une mascarade électorale. Dans un communiqué publié sur sa page Facebook, il se justifie : “C'est grâce à notre participation que nous avons pu mettre à nu les nombreuses infractions des pratiques démocratiques lors de ce scrutin.” Et d'annoncer que son camp a décidé de “retirer tous les observateurs de tous les bureaux de vote pour ce troisième jour de scrutin”.

    le courrier international
Chargement...
X