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Mali : la débâcle de l'armée provoque une crise politique

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  • Mali : la débâcle de l'armée provoque une crise politique

    L'onde de choc de la défaite de l'armée malienne à Kidal, fief des rebelles touaregs séparatistes, a atteint Bamako. Le ministre de la Défense, Soumeylou Boubèye Maïga, a démissionné de ses fonctions mardi et a été remplacé par le colonel à la retraite Bah N'dao. En assumant ses responsabilités, il sert de fusible pour tenter de mettre un terme à la première grande crise de la présidence d'Ibrahim Boubacar Keïta, dit IBK, élu en août après l'intervention militaire française dans le nord du pays contre les groupes djihadistes liés à al-Qaida


    Voilà une semaine, les forces armées maliennes avaient tenté de reprendre Kidal, le bastion du Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA) et du Haut Conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA). L'offensive ratée s'est soldée par au moins cinquante morts, plus de quarante blessés et de nombreux prisonniers. Elle a semé la consternation dans une capitale prompte à s'enflammer sur la question nationaliste. La colère et la hargne de l'opinion contre les «peaux claires» - les Touaregs et les Arabes, accusés de tous les maux, comme à chaque accès de fièvre - se sont muées en tristesse et en consternation. Car la déroute est autant militaire que politique.

    Élu avec pour feuille de route le rétablissement de la paix dans le nord, IBK n'a pas relancé, comme il s'y était engagé, les négociations avec les représentants des groupes indépendantistes et autonomistes touaregs. Le statu quo a contribué au maintien de l'instabilité dans cette partie de l'arc sahélien. Il risque aujourd'hui de favoriser un réveil progressif des djihadistes qui avaient transformé la région en «Malistan» en 2012, après avoir écrasé les forces maliennes. La crainte d'un retour au chaos a poussé Paris, qui dispose de quelque 1600 soldats sur le terrain, dont une centaine à Kidal, à reporter l'allégement du dispositif français et son redéploiement dans le Sahel.
    Contraint de se réfugier dans le quartier général de la Minusma

    Tout a commencé samedi 17 mai par la visite à Kidal du jeune premier ministre Moussa Mara. Nommé en avril, il tenait à se rendre dans la capitale du Nord pour se présenter en garant de la souveraineté nationale sur l'ensemble du territoire. Les groupes armés touaregs et arabes l'avaient mis en garde. Ils qualifiaient sa visite symbolique de provocation alors que le dialogue entre les deux camps est au point mort. La France et la Minusma (la force des Nations unies) avaient également alerté les autorités des dangers d'un tel déplacement. Et comme prévu, la virée a dégénéré. Moussa Mara a été contraint de se réfugier dans le quartier général de la Minusma, avant d'être exfiltré en hélicoptère sous la protection des forces françaises. Les combats ont coûté la vie au gouverneur et à plusieurs hauts fonctionnaires, tués dans les locaux de la préfecture.
    Le mardi suivant, les forces maliennes tentaient de réinvestir Kidal et de prendre leur revanche, malgré de nouveaux avertissements. Claironnée par Bamako, l'attaque tournait au bout de cinq heures d'affrontements au fiasco. Formés en partie par l'Union européenne, les troupes maliennes n'ont pas tenu le choc.
    IBK cherchait depuis une issue à la crise, mais le pouvoir semblait flotter comme en apesanteur. Mamadou Camara, le ministre de la Communication, expliquait au Figaro : «Ce qui s'est passé est inadmissible: l'armée ne peut pas prendre de décision sans le pouvoir politique. Le président n'a pas donné son feu vert et le premier ministre ne partira pas.» En clair, la décision de reprendre Kidal le 21 mai était une initiative isolée d'officiers belliqueux. La posture a depuis évolué, mais ne suffit pas pour calmer l'opposition. «Le départ du ministre de la Défense n'est pas suffisant. Le premier ministre Moussa Mara est à l'origine de ce désastre. Il doit démissionner rapidement pour sortir de l'impasse dans laquelle nous a plongé le gouvernement», lui répond Tiébilé Dramé, l'architecte des accords de cessez-le-feu de Ouagadougou, signés en juillet 2013 entre le gouvernement intérimaire et les groupes touaregs.
    C'est un pouvoir malien affaibli qui va devoir revenir, faute d'autre option, à la table des négociations et aussi se pencher au chevet d'une armée dont certains ont cru un peu vite à la renaissance.

    le figaro
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