Tweet
Rachid Grim est politologue. Dans cet entretien, il revient sur les chances de réussite du projet de transition de la Coordination nationale pour la liberté et la transition démocratique (CNLTD) et le rapport de force entretenu avec le pouvoir.
La Coordination nationale pour la liberté et la transition démocratique (CNLTD) a fait des propositions pour une transition et une Constitution consensuelle. A-t-elle des chances de mobiliser ?
Les membres de la CNLTD ont des chances de mobiliser mais dans leur camp, parmi eux, avec des gens qui partagent leur point de vue. La Coordination veut une transition, mais qui va à l’encontre des intérêts du pouvoir. Elle veut discuter de la transition parmi les personnes et les partis membres du CNLTD, mais également avec le pouvoir pour aller vers quelque chose de consensuel. La CNLTD n’a aucune chance, dans les conditions actuelles, que le pouvoir réponde positivement. D’ailleurs, la communication officielle consiste à dire qu’Ahmed Ouyahia reçoit des personnalités, des partis politiques, ce qui sous-entend que le pouvoir mobilise beaucoup. Mais là aussi, c’est dans leur camp, ils mobilisent des gens qui partagent leur point de vue. Aujourd’hui, chacun (le pouvoir et la CNLTD) se positionne pour dire « c’est moi le plus fort, c’est moi qui mobilise le plus ». Il faut tout de même remarquer qu’à l’intérieur de la CNLTD, on trouve de nombreux mouvements de la société civile. On y voit les chômeurs qui se battent. C’est une bonne chose pour l’ensemble de la société civile que de voir des gens qui se battent vraiment et qui ont de vraies positions.
Le CNLTD pourrait au final recourir à des actions de rue pacifiques. Pensez-vous que c’est la seule façon pour se faire entendre ?
Oui, parce que là c’est un dialogue de sourds. Le pouvoir détient la force et pour le faire bouger, il faut une force au moins égale de l’autre côté et dans ce cas, c’est la rue, ce n’est rien d’autre. Les membres de la Coordination peuvent se réunir, ils peuvent dire ce qu’ils veulent, ça ne gêne pas le pouvoir. Mais tant qu’ils n’organisent pas de sit-in, de manifestations… C’est ce qui les attends, ce qu’ils vont devoir faire. Si les gens de la Coordination s’entendent sur une stratégie, s’ils sont unis, ils peuvent réussir. Ce n’est qu’à partir de là que c’est dangereux pour le pouvoir. Mais il faut reconnaître au pouvoir une force de corruption, il peut les disloquer de l’intérieur sauf si les membres de la Coordination ont l’intelligence de dévier ces manœuvres, alors là, ils peuvent réussir. Mais pas tout de suite, dans un an et demi, trois ans.
Si, au final, il y a des actions pacifiques de rue, cela peut-il mobiliser le citoyen lambda en faveur de cette transition prônée par l’opposition ?
Dans un premier temps, non. Ça a toujours été comme ça. Le peuple suivra un peu si vraiment ça bouge, si la société civile bouge vraiment et persiste. Et il faudrait que ce soit sur tout le territoire national, toute l’Algérie, y compris le Sud. Le citoyen suivra à partir de ce moment-là.
TSA Politique - le 31 mai 2014 à 14 h 04 min - Zineb A. Maïche.
La Coordination nationale pour la liberté et la transition démocratique (CNLTD) a fait des propositions pour une transition et une Constitution consensuelle. A-t-elle des chances de mobiliser ?
Les membres de la CNLTD ont des chances de mobiliser mais dans leur camp, parmi eux, avec des gens qui partagent leur point de vue. La Coordination veut une transition, mais qui va à l’encontre des intérêts du pouvoir. Elle veut discuter de la transition parmi les personnes et les partis membres du CNLTD, mais également avec le pouvoir pour aller vers quelque chose de consensuel. La CNLTD n’a aucune chance, dans les conditions actuelles, que le pouvoir réponde positivement. D’ailleurs, la communication officielle consiste à dire qu’Ahmed Ouyahia reçoit des personnalités, des partis politiques, ce qui sous-entend que le pouvoir mobilise beaucoup. Mais là aussi, c’est dans leur camp, ils mobilisent des gens qui partagent leur point de vue. Aujourd’hui, chacun (le pouvoir et la CNLTD) se positionne pour dire « c’est moi le plus fort, c’est moi qui mobilise le plus ». Il faut tout de même remarquer qu’à l’intérieur de la CNLTD, on trouve de nombreux mouvements de la société civile. On y voit les chômeurs qui se battent. C’est une bonne chose pour l’ensemble de la société civile que de voir des gens qui se battent vraiment et qui ont de vraies positions.
Le CNLTD pourrait au final recourir à des actions de rue pacifiques. Pensez-vous que c’est la seule façon pour se faire entendre ?
Oui, parce que là c’est un dialogue de sourds. Le pouvoir détient la force et pour le faire bouger, il faut une force au moins égale de l’autre côté et dans ce cas, c’est la rue, ce n’est rien d’autre. Les membres de la Coordination peuvent se réunir, ils peuvent dire ce qu’ils veulent, ça ne gêne pas le pouvoir. Mais tant qu’ils n’organisent pas de sit-in, de manifestations… C’est ce qui les attends, ce qu’ils vont devoir faire. Si les gens de la Coordination s’entendent sur une stratégie, s’ils sont unis, ils peuvent réussir. Ce n’est qu’à partir de là que c’est dangereux pour le pouvoir. Mais il faut reconnaître au pouvoir une force de corruption, il peut les disloquer de l’intérieur sauf si les membres de la Coordination ont l’intelligence de dévier ces manœuvres, alors là, ils peuvent réussir. Mais pas tout de suite, dans un an et demi, trois ans.
Si, au final, il y a des actions pacifiques de rue, cela peut-il mobiliser le citoyen lambda en faveur de cette transition prônée par l’opposition ?
Dans un premier temps, non. Ça a toujours été comme ça. Le peuple suivra un peu si vraiment ça bouge, si la société civile bouge vraiment et persiste. Et il faudrait que ce soit sur tout le territoire national, toute l’Algérie, y compris le Sud. Le citoyen suivra à partir de ce moment-là.
TSA Politique - le 31 mai 2014 à 14 h 04 min - Zineb A. Maïche.
la rue c'est pour se défouler et non faire la pagaille
Commentaire