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Au Liban, les réfugiés syriens votent «pour élire Bachar»

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  • Au Liban, les réfugiés syriens votent «pour élire Bachar»

    En organisant le scrutin anticipé de la présidentielle du 3 juin, l’ambassade de Syrie à Beyrouth a réussi une vaste opération de propagande pro-Al-Assad.


    «Regardez, tout le peuple syrien est venu voter ! s’exclame Ahmad, euphorique. C’est une leçon pour les pays occidentaux qui disent qu’il n’y a pas de démocratie en Syrie.» Ouvrier originaire d’Alep, Ahmad marche depuis une heure sous le cagnard pour rejoindre l’ambassade syrienne à Yarzé, dans la banlieue de Beyrouth. L’élection présidentielle syrienne, programmée le 3 juin, se déroulait de manière anticipée au pays du Cèdre mercredi et jeudi, pour les réfugiés qui souhaitent voter.
    Ahmad invoque la «démocratie» mais, comme la majorité des électeurs, il ne se souvient même pas du nom des deux adversaires de Bachar al-Assad. Autour de lui, un groupe d’hommes cogite, sans plus de résultat. Ahmad reprend : «Le nom des candidats importe peu, nous sommes venus pour élire Bachar !» Comme lui, ils sont des dizaines de milliers à avoir fait le déplacement. Sur des kilomètres, une marée humaine s’est formée le long de l’autoroute à la sortie ouest de Beyrouth. La route de Damas n’a jamais aussi bien porté son nom : les électeurs brandissent, dans un concert de klaxons, une flopée de drapeaux syriens et de posters à la gloire du Président. La plupart d’entre eux arrivent de la banlieue sud de Beyrouth ou du Sud-Liban, fiefs du Hezbollah, le parti chiite libanais, allié militaire du régime Al-Assad. «Le Parti social nationaliste syrien au Liban [très proche du régime baasiste, ndlr] a loué près de 300 bus pour que les Syriens puissent venir voter», assure Kassem, un chauffeur libanais.
    «Exil».Plus de 100 000 personnes se sont enregistrées pour le scrutin, selon l’ambassadeur syrien au Liban. Soit une toute petite partie des 1,5 million de réfugiés. Ceux qui ont quitté le pays illégalement - environ 20% - ont été exclus du scrutin. Sans surprise, les électeurs plébiscitent donc Bachar al-Assad. «C’est le seul capable de gagner la guerre et de rétablir la sécurité. Nous sommes fatigués de cet exil. Le changement n’est plus notre priorité», estime Mahmoud. Il souhaite un retour à la Syrie d’avant. Houssam, un homme d’affaires d’Alep, abonde dans le même sens. «Avec Bachar, nous savons comment nous allons être gouvernés. L’opposition à l’étranger, ce sont des marionnettes créées par le Qatar, les Américains et les Israéliens», lâche-t-il. Difficile d’évaluer la sincérité des électeurs quand le régime fait toujours régner la peur, même au Liban. Une rumeur s’est répandue parmi les réfugiés : ceux qui n’iraient pas voter pour Bachar al-Assad ne pourraient plus retourner en Syrie. «Certaines personnes qui soutenaient auparavant l’opposition réalisent que le régime risque de gagner et votent pour démontrer à nouveau leur loyauté. Ils espèrent de la clémence pour leurs proches emprisonnés», raconte Youssef, un réfugié de Damas.
    Moutons. Le vote est un simulacre d’élection, dans le plus pur style baasiste. A proximité de l’ambassade, les votants sont fouillés à plusieurs barrages par l’armée libanaise, qui les fait s’accroupir et les dirige comme un troupeau de moutons. Un homme qui proteste face à l’attente est tabassé par des soldats avec de gros bâtons de bois. Paniquée, la foule bat en retraite, laissant le champ libre à deux portraits géants de Bachar al-Assad, la tête encadrée entre les deux étoiles vertes du drapeau syrien. Dans l’enceinte de l’ambassade, les électeurs se saisissent d’un unique bulletin de vote, où figurent les photos des trois candidats, avec des cercles blancs tracés en dessous. Certains cochent la case Bachar, d’autres écrivent «oui à Bachar», tandis qu’une troisième catégorie découpe la photo du Président pour la glisser dans une enveloppe. La confusion est totale.


    C’est la première fois que les Syriens participent à une élection présidentielle depuis un demi-siècle, Bachar et son père, Hafez, ayant jusqu’ici été nommés par référendum. Au dos de l’enveloppe, les électeurs inscrivent leur nom et leur adresse. Les plus zélés rajoutent leur numéro de téléphone. De petits groupes se forment autour de membres du personnel de l’ambassade, qui complètent les adresses des électeurs analphabètes. Un homme avec une casquette aux couleurs syriennes, accoutré d’un costume bleu marine et d’une cravate bigarrée, arrive à la hâte avec une grosse pile de bulletins, qu’il distribue à la chaîne après avoir coché à une vitesse éclair la case Bachar. La foule se dirige ensuite vers un homme qui tient à bout de bras une grande urne en plastique.

    Un autre jeune de l’ambassade, debout sur une chaise, harangue l’assemblée. «Vous croyez vraiment aux deux autres candidats ?» lance-t-il railleur. Tout le monde s’esclaffe. «En Syrie, il n’y a que Bachar et Maher [son frère] qui comptent», crie-t-il. Son allocution est suivie du sempiternel slogan : «Dieu, la Syrie, Bachar et c’est tout !» repris en chœur. Face à l’affluence, l’ambassade a prolongé le scrutin - initialement prévu pour mercredi - d’une journée. Le 3 juin, des bureaux de vote seront installés du côté syrien de la frontière, pour maximiser la participation. Mais le régime a déjà atteint son objectif, en orchestrant cette opération massive de propagande : montrer aux grandes puissances et aux Syriens qu’il dispose toujours d’une assise populaire.


    Source: Liberation

  • #2
    Je ne sais pas ce qu'aurait dû faire ces pauvres Syriens pour donner raison à ces sanguinaires occidentaux et leur minable propagande.

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