C’est une confession tout proprement incroyable ! Dans un entretien avec le site TSA, Issad Rebrab, le patron de Cevital, un des hommes d’affaires les plus prospères du pays, révèle qu’il est sollicité pour investir en Afrique et en Europe, mais découragé dans son propre pays où il est victime d’entraves incompréhensibles.
L’homme d’affaires revient du Gabon où il a rencontré le Président avec son Premier ministre et ses ministres de l’Industrie et de l’Agriculture. Les responsables de Libreville lui ont ouvert toutes les portes pour l’encourager à investir et créer de l’emploi, mettant à sa disposition des terres agricoles et des matières premières pour la pétrochimie. Il a aussi rencontré le Premier ministre de la Guinée équatoriale qui s’est dit intéressé par des projets de pétrochimie. Mais dans le même temps, des entraves d’une dimension incroyable sont dressés devant lui en Algérie pour le conduire à abandonner un certain nombre de projets tout aussi immenses les uns que les autres, parmi lesquels celui de la trituration de graines oléagineuses qui a été déposé depuis plus de dix ans, un projet de pétrochimie «qui pourrait, à lui seul, créer près de 3 000 PME-PMI et engendrer près de 600 000 à 900 000 emplois» selon M. Rebrab, ainsi qu’un projet dans le domaine de la sidérurgie.
Le comportement des autorités algériennes qui refusent de donner suite à ces plans d’investissement est d’autant plus incompréhensible que ces derniers sont d’un apport immense à l’économie nationale. Ainsi, explique M. Rebrab, l’usine de trituration de graines oléagineuses, par exemple, pourrait faire passer le pays du stade d’importateur à celui d’exportateur. La production qui en est attendue pourrait non seulement satisfaire 100% des besoins du marché national, mais aussi dégager près de 1,5 milliard de dollars d’exportations par an. «Nous sommes un groupe industriel qui veut se développer et contribuer au développement de notre pays. Nous voulons que Cevital continue à se développer en Algérie d’abord».
M. Rebrab qui prend pourtant soin de ne pas fâcher les autorités (à titre d’exemple, comme ses pairs du patronat, il évite soigneusement de faire passer sa publicité dans Le Matin), ne s’explique pas cette hostilité, et en est réduit à se poser une question désarmante («Je suis en train de construire et de créer des emplois, pourquoi on me bloque ?») et à finasser à la façon paysanne («Je suis très content qu’un grand professionnel soit nommé à la tête du ministère de l’Industrie. M. Bouchouareb a déjà été ministre de l’Industrie et il a surtout été un ancien entrepreneur. Donc quelqu’un qui comprend ce qu’est l’entreprise et les problèmes qui se posent au sein de l’entreprise.») Et voilà Issad Rebrab, qui n’est pourtant pas né de la dernière pluie, se perdre en lamentations : «Si M. Bouchouareb ne fait rien pour l’industrie, je perdrai complètement tout espoir concernant le développement industriel en Algérie. Je l’ai contacté, il m’avait dit qu’il n’y avait absolument aucun problème et qu’il fera tout pour relancer le secteur industriel en Algérie.» Vraiment ? Il suffit juste de la bonne volonté d’un ministre pour que tout se solutionne ?
Passons sur la pique à l’encontre du pauvre Amara Benyounès, prédécesseur de Bouchouareb au département de l’industrie et qui se voit, de facto, relégué au rang de «non professionnel». Arrêtons-nous plutôt sur cette vérité que M. Rebrab n’ignore pas : Voilà quinze ans que la stratégie économique du pouvoir est entièrement tournée vers la satisfaction des besoins de la mafia de l’informel et de la pègre pétrolière internationale.
C’est un choix politique. Bouteflika n’a pas opté pour l’Algérie qui travaille, même pas pour les patrons investisseurs avec qui le courant ne passe pas. Des gens qui pensent. Qui lisent. Et réfléchissent. Des gens qui ont des projets. Et qui peuvent, un jour, vous disputer le pouvoir. Au chap. 22, et avec la plus grande froideur, Machiavel parle des «cerveaux» et nous affirme qu’ils sont de trois types : «l’un comprend par lui-même, l’autre discerne ce qu’autrui comprend, le troisième ne comprend ni par lui-même, ni par autrui». Bouteflika préfère ces derniers, ceux qui ne comprennent ni par eux-mêmes, ni par autrui. Il déteste ceux qui comprennent par eux-mêmes. C’est un peu pour ça que les patrons investisseurs seront disqualifiés au profit des barons de l’informel.
Comment M. Rebrab peut-il espérer investir dans un pays qui a abandonné l’investissement productif et ne vit que par et pour le pétrole ? N’est-ce pas le Forum des chefs d’entreprise (FCE) qui alertait l’opinion en ces termes : «Le déclin de la production industrielle est dû en très grande partie à la concurrence déloyale. Il traduit la part accaparée par les importations dans l’offre et celle prise par le marché informel dans la satisfaction de la demande». Les achats à l’étranger ont, en effet, fait un bond spectaculaire entre le premier et le troisième mandat de Bouteflika, passant de moins de 10 milliards de dollars en 1999 à plus de 65 milliards de dollars en fin 2013, et ce, en dépit de la loi de finances complémentaire dont le pompeux objectif était de réduire les importations.
Selon l’experte américaine Debrah Harold, l’informel représente 50% de l’économie algérienne. Personne, dans les rangs du patronat, à commencer par M. Rebrab, n’ignore cela. Que de fois les syndicalistes de ce pays ont répété que, pour favoriser la bazardisation de l’économie algérienne et faire prospérer les barons de l’import, on est allé jusqu’à fermer des usines ? C’est le cas du secteur de la tomate industrielle qui emploie des dizaines de milliers de salariés et qu’on a fait taire pour pouvoir importer des tomates en conserve de Chine, de Turquie, d’Italie et même … d’Arabie Saoudite
L’homme d’affaires revient du Gabon où il a rencontré le Président avec son Premier ministre et ses ministres de l’Industrie et de l’Agriculture. Les responsables de Libreville lui ont ouvert toutes les portes pour l’encourager à investir et créer de l’emploi, mettant à sa disposition des terres agricoles et des matières premières pour la pétrochimie. Il a aussi rencontré le Premier ministre de la Guinée équatoriale qui s’est dit intéressé par des projets de pétrochimie. Mais dans le même temps, des entraves d’une dimension incroyable sont dressés devant lui en Algérie pour le conduire à abandonner un certain nombre de projets tout aussi immenses les uns que les autres, parmi lesquels celui de la trituration de graines oléagineuses qui a été déposé depuis plus de dix ans, un projet de pétrochimie «qui pourrait, à lui seul, créer près de 3 000 PME-PMI et engendrer près de 600 000 à 900 000 emplois» selon M. Rebrab, ainsi qu’un projet dans le domaine de la sidérurgie.
Le comportement des autorités algériennes qui refusent de donner suite à ces plans d’investissement est d’autant plus incompréhensible que ces derniers sont d’un apport immense à l’économie nationale. Ainsi, explique M. Rebrab, l’usine de trituration de graines oléagineuses, par exemple, pourrait faire passer le pays du stade d’importateur à celui d’exportateur. La production qui en est attendue pourrait non seulement satisfaire 100% des besoins du marché national, mais aussi dégager près de 1,5 milliard de dollars d’exportations par an. «Nous sommes un groupe industriel qui veut se développer et contribuer au développement de notre pays. Nous voulons que Cevital continue à se développer en Algérie d’abord».
M. Rebrab qui prend pourtant soin de ne pas fâcher les autorités (à titre d’exemple, comme ses pairs du patronat, il évite soigneusement de faire passer sa publicité dans Le Matin), ne s’explique pas cette hostilité, et en est réduit à se poser une question désarmante («Je suis en train de construire et de créer des emplois, pourquoi on me bloque ?») et à finasser à la façon paysanne («Je suis très content qu’un grand professionnel soit nommé à la tête du ministère de l’Industrie. M. Bouchouareb a déjà été ministre de l’Industrie et il a surtout été un ancien entrepreneur. Donc quelqu’un qui comprend ce qu’est l’entreprise et les problèmes qui se posent au sein de l’entreprise.») Et voilà Issad Rebrab, qui n’est pourtant pas né de la dernière pluie, se perdre en lamentations : «Si M. Bouchouareb ne fait rien pour l’industrie, je perdrai complètement tout espoir concernant le développement industriel en Algérie. Je l’ai contacté, il m’avait dit qu’il n’y avait absolument aucun problème et qu’il fera tout pour relancer le secteur industriel en Algérie.» Vraiment ? Il suffit juste de la bonne volonté d’un ministre pour que tout se solutionne ?
Passons sur la pique à l’encontre du pauvre Amara Benyounès, prédécesseur de Bouchouareb au département de l’industrie et qui se voit, de facto, relégué au rang de «non professionnel». Arrêtons-nous plutôt sur cette vérité que M. Rebrab n’ignore pas : Voilà quinze ans que la stratégie économique du pouvoir est entièrement tournée vers la satisfaction des besoins de la mafia de l’informel et de la pègre pétrolière internationale.
C’est un choix politique. Bouteflika n’a pas opté pour l’Algérie qui travaille, même pas pour les patrons investisseurs avec qui le courant ne passe pas. Des gens qui pensent. Qui lisent. Et réfléchissent. Des gens qui ont des projets. Et qui peuvent, un jour, vous disputer le pouvoir. Au chap. 22, et avec la plus grande froideur, Machiavel parle des «cerveaux» et nous affirme qu’ils sont de trois types : «l’un comprend par lui-même, l’autre discerne ce qu’autrui comprend, le troisième ne comprend ni par lui-même, ni par autrui». Bouteflika préfère ces derniers, ceux qui ne comprennent ni par eux-mêmes, ni par autrui. Il déteste ceux qui comprennent par eux-mêmes. C’est un peu pour ça que les patrons investisseurs seront disqualifiés au profit des barons de l’informel.
Comment M. Rebrab peut-il espérer investir dans un pays qui a abandonné l’investissement productif et ne vit que par et pour le pétrole ? N’est-ce pas le Forum des chefs d’entreprise (FCE) qui alertait l’opinion en ces termes : «Le déclin de la production industrielle est dû en très grande partie à la concurrence déloyale. Il traduit la part accaparée par les importations dans l’offre et celle prise par le marché informel dans la satisfaction de la demande». Les achats à l’étranger ont, en effet, fait un bond spectaculaire entre le premier et le troisième mandat de Bouteflika, passant de moins de 10 milliards de dollars en 1999 à plus de 65 milliards de dollars en fin 2013, et ce, en dépit de la loi de finances complémentaire dont le pompeux objectif était de réduire les importations.
Selon l’experte américaine Debrah Harold, l’informel représente 50% de l’économie algérienne. Personne, dans les rangs du patronat, à commencer par M. Rebrab, n’ignore cela. Que de fois les syndicalistes de ce pays ont répété que, pour favoriser la bazardisation de l’économie algérienne et faire prospérer les barons de l’import, on est allé jusqu’à fermer des usines ? C’est le cas du secteur de la tomate industrielle qui emploie des dizaines de milliers de salariés et qu’on a fait taire pour pouvoir importer des tomates en conserve de Chine, de Turquie, d’Italie et même … d’Arabie Saoudite
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