Chems Eddine CHITOUR
« Ici-bas règnent les passe-droits ; dans l’au-delà, place au droit. » Proverbe libyen ; La Libye en proverbes – 1905
Encore une fois, et malgré ce calme trompeur, l’Algérie vit à bas bruit une étape déterminante de son histoire. Il s’agit de sa sécurité. Sécurité intérieure encore et toujours fragile, notamment avec les conflits récurrents concernant la mal-vie de régions qui peuvent à tout moment déraper et devenir incontrôlables car dérivant sur un autre terrain qui fragilisera encore plus l’unité du pays. L’Algérie est aussi vulnérable sur le plan externe. Elle a plusieurs milliers de kilomètres de frontières avec des pays devenus instables. C’est le cas de la Tunisie en prise avec les démons de la division au nom du divin, c’est le cas de la Maurétanie, du Sahara occidental ainsi que des menaces et provocations marocaines, notamment à propos de l’emblème national. Il est hors de doute que le peuple algérien, tenu soigneusement à l’écart des enjeux réels sera difficilement mobilisable, à Dieu ne plaise, en cas de problème. Qu’on en juge ! Tous les pays frontaliers de l’Algérie sont à des degrés divers hostiles à l’Algérie et il est faux de dire que l’Algérie exporte la stabilité. Personne ne veut de la stabilité en Afrique, à commencer par la nôtre.
Qu’on le veuille ou non, il est pratiquement certain que quelque part dans le logiciel en cours, la déstabilisation définitive est à l’étude. Too big to fall que l’on essaie de nous faire croire est en fait un soporifique. Il n’y a pas d’entité aussi grosse soit-elle qui ne doit pas tomber ; s’il est indispensable elle tombe. Les pays frontaliers : plus de quatre mille kilomètres avec l’Algérie sont en pleine déconfiture.
La Mauritanie : un sursis précaire
Un pays où la révolte gronde est la Mauritanie tenue d’une main de fer par le général président. Nicolas Beau nous en parle. Main basse sur la Mauritanie : " Véritable angle mort sur le plan international, le régime mauritanien illustre la collusion qui existe entre les potentats locaux et les puissances occidentales, qui couvrent ces régimes sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme, alors que le chef d’Etat, un général inconnu et médiocre du nom d’Aziz, et son clan s’approprient les richesses de Mauritanie. (...) Depuis 1978, un militaire en chasse un autre au sommet de l’État. Le pouvoir ne tient que par la peur qu’inspire le Basep, la super-police présidentielle. Une économie qui devrait prospérer grâce à des matières premières abondantes est entièrement vampirisée par le clan de la présidence. (...) Ce qu’il faut retenir, c’est que le président et le régime actuels ont beau être ce qu’ils sont (corruption, népotisme, etc, etc), tant qu’ils ne dérangent pas, la "Communauté internationale ", on les laissera tranquilles. Mais le jour où l’opposition sera suffisamment forte et risque de gagner les élections ils seront balayés pour être remplacés et tout recommencera comme avant ". Il est hors de doute : les choses changeront brutalement si rien n’est fait pour l’alternance. " (1)
Le Mali où rien n’est réglé malgré l’opération soporifique Serval
D’abord le Mali : après l’attaque survenue à Kidal, dans le nord-est du Mali, le 17 mai, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop demande à l’ONU un renforcement du mandat de la Minusma, la mission de l’ONU au Mali, et le désarmement de la rébellion touaregue qui sévit dans la région. Selon Bamako, 36 personnes dont des responsables locaux et huit militaires ont été tués lors des combats qui se sont déroulés alors que le Premier ministre Moussa Mara était en visite dans la ville. Deux Casques bleus et 20 policiers de l’ONU ont aussi été blessés. " L’agression survenue à Kidal ne peut demeurer impunie ", a déclaré Abdoulaye Diop lors d’une vidéoconférence avec des représentants de l’ONU, mardi 20 mai. Il y a regretté que, selon lui, le gouvernement malien attaqué à Kidal " n’a pas bénéficié du soutien et de la protection qu’il est en droit d’attendre en cette circonstance (...) [contre] des hordes de narcoterroristes lourdement armés ". Il a demandé :" Qu’une commission internationale soit constituée pour vérifier les faits afin que les responsables soient traduits devant les juridictions nationales et internationales. "" La priorité doit être maintenant d’éviter une escalade et de revenir au dialogue et au cantonnement des groupes armés ", a renchéri l’ambassadeur français Gérard Araud. Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diope a, en retour, assuré que le gouvernement malien tiendra ses engagements de mener " un dialogue sincère devant déboucher sur un accord de paix global et définitif " avec la rébellion touaregue (2).
Pour Nathalie Guibert, " Paris voit ses plans de redéploiement militaire au Sahel contrariés, après les accrochages meurtriers entre l’armée malienne et des combattants touareg, samedi 17 mai, à Kidal. Dans Kidal, la ville symbole de l’extrême nord du Mali, la réconciliation nationale semble impossible, et la situation sécuritaire reste problématique, malgré le retour de l’administration centrale et la présence de la Minusma, la force de l’ONU déployée dans le pays. Au cours de l’accrochage du week-end, qui s’est produit pendant la visite du Premier ministre, Moussa Mara, l’armée malienne a annoncé avoir perdu 8 soldats et compté 25 blessés, tandis que 28 combattants touareg auraient été tués. Très médiatisé, le déplacement de Jean-Yves Le Drian devait sceller la fin officielle de l’opération " Serval ", déployée au Mali depuis janvier 2013. Il est impossible d’annoncer la clôture de " Serval " sans risquer d’affaiblir le président malien Ibrahim Boubacar Keita et son nouveau gouvernement, quand la situation de Kidal démontre que l’intégrité territoriale du pays n’est pas acquise, reconnaît-on dans l’entourage du ministre français. "(3)
La somalisation de la Libye
La situation restait confuse à Tripoli au lendemain de l’attaque du Parlement par un groupe armé qui a réclamé sa suspension. La crainte du chaos en Libye est sérieuse, après la grave détérioration de la situation ces 72 dernières heures. Appréhendant le pire. De quoi s’agit-il ? Khalifa Haftar un général à la retraite qui a vécu vingt ans aux Etats-Unis, a lancé samedi des offensives soutenues contre les bases et repaires islamistes et l’attaque, le lendemain, menée par une milice armée dont l’identité n’a pas été précisée contre le siège du Congrès général national (CGN), le Parlement libyen. Un bâtiment annexe du CGN a été incendié et les députés ont été évacués. Certains n’hésitent pas à y voir les prémices d’une guerre civile, voire une somalisation inéluctable de la Lybie. Les milices, qui se sont formées dans le sillage de la guerre livrée alors au despote déchu, ont pignon sur la vie politique, économique et sécuritaire du pays. L’attaque samedi dernier du siège du Parlement a induit, comme première mesure, la suspension du CGN, dont le mandat de 18 mois avait expiré depuis fort longtemps.
Le général est à la tête d’une force paramilitaire visiblement puissante. Selon le ministère de la Santé libyen, les affrontements de Benghazi ont fait 79 morts et 141 blessés. La situation était demeurée tendue lundi dernier à Benghazi. Le général Khalifa Haftar a indiqué maintenir ses troupes en alerte et qu’il n’avait nullement l’intention d’abandonner ses positions. Ce qui voudra dire que la violence peut ressurgir à tout instant. (4)
" Le chaos, écrit Merzak Tigrine, se généralise en Libye Après le général à la retraite qui s’est attaqué aux milices à Benghazi, les violences se sont propagées à Tripoli où le Congrès général national et une base militaire ont été les cibles d’hommes armés. L’anarchie semble totale en Libye. (...). En effet, le moins que l’on puisse dire est que la Libye est en proie à l’anarchie, et les autorités de transition ne parviennent pas à contrôler les innombrables milices armées qui font la loi dans le pays. (...) Le colonel Mokhtar Fernana, commandant de la police militaire, a déclaré sur deux chaînes privées de télévision : "Nous, membres de l’armée et les révolutionnaires (ex-rebelles), nous annonçons la suspension du CGN", précisant qu’il a donné les prérogatives législatives à une Assemblée constituante élue en février et maintenu le gouvernement intérimaire de Abdallah Al-Theni. Tripoli considère cette offensive comme une tentative de coup d’Etat. " (5)
« Ici-bas règnent les passe-droits ; dans l’au-delà, place au droit. » Proverbe libyen ; La Libye en proverbes – 1905
Encore une fois, et malgré ce calme trompeur, l’Algérie vit à bas bruit une étape déterminante de son histoire. Il s’agit de sa sécurité. Sécurité intérieure encore et toujours fragile, notamment avec les conflits récurrents concernant la mal-vie de régions qui peuvent à tout moment déraper et devenir incontrôlables car dérivant sur un autre terrain qui fragilisera encore plus l’unité du pays. L’Algérie est aussi vulnérable sur le plan externe. Elle a plusieurs milliers de kilomètres de frontières avec des pays devenus instables. C’est le cas de la Tunisie en prise avec les démons de la division au nom du divin, c’est le cas de la Maurétanie, du Sahara occidental ainsi que des menaces et provocations marocaines, notamment à propos de l’emblème national. Il est hors de doute que le peuple algérien, tenu soigneusement à l’écart des enjeux réels sera difficilement mobilisable, à Dieu ne plaise, en cas de problème. Qu’on en juge ! Tous les pays frontaliers de l’Algérie sont à des degrés divers hostiles à l’Algérie et il est faux de dire que l’Algérie exporte la stabilité. Personne ne veut de la stabilité en Afrique, à commencer par la nôtre.
Qu’on le veuille ou non, il est pratiquement certain que quelque part dans le logiciel en cours, la déstabilisation définitive est à l’étude. Too big to fall que l’on essaie de nous faire croire est en fait un soporifique. Il n’y a pas d’entité aussi grosse soit-elle qui ne doit pas tomber ; s’il est indispensable elle tombe. Les pays frontaliers : plus de quatre mille kilomètres avec l’Algérie sont en pleine déconfiture.
La Mauritanie : un sursis précaire
Un pays où la révolte gronde est la Mauritanie tenue d’une main de fer par le général président. Nicolas Beau nous en parle. Main basse sur la Mauritanie : " Véritable angle mort sur le plan international, le régime mauritanien illustre la collusion qui existe entre les potentats locaux et les puissances occidentales, qui couvrent ces régimes sous le prétexte de la lutte contre le terrorisme, alors que le chef d’Etat, un général inconnu et médiocre du nom d’Aziz, et son clan s’approprient les richesses de Mauritanie. (...) Depuis 1978, un militaire en chasse un autre au sommet de l’État. Le pouvoir ne tient que par la peur qu’inspire le Basep, la super-police présidentielle. Une économie qui devrait prospérer grâce à des matières premières abondantes est entièrement vampirisée par le clan de la présidence. (...) Ce qu’il faut retenir, c’est que le président et le régime actuels ont beau être ce qu’ils sont (corruption, népotisme, etc, etc), tant qu’ils ne dérangent pas, la "Communauté internationale ", on les laissera tranquilles. Mais le jour où l’opposition sera suffisamment forte et risque de gagner les élections ils seront balayés pour être remplacés et tout recommencera comme avant ". Il est hors de doute : les choses changeront brutalement si rien n’est fait pour l’alternance. " (1)
Le Mali où rien n’est réglé malgré l’opération soporifique Serval
D’abord le Mali : après l’attaque survenue à Kidal, dans le nord-est du Mali, le 17 mai, le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diop demande à l’ONU un renforcement du mandat de la Minusma, la mission de l’ONU au Mali, et le désarmement de la rébellion touaregue qui sévit dans la région. Selon Bamako, 36 personnes dont des responsables locaux et huit militaires ont été tués lors des combats qui se sont déroulés alors que le Premier ministre Moussa Mara était en visite dans la ville. Deux Casques bleus et 20 policiers de l’ONU ont aussi été blessés. " L’agression survenue à Kidal ne peut demeurer impunie ", a déclaré Abdoulaye Diop lors d’une vidéoconférence avec des représentants de l’ONU, mardi 20 mai. Il y a regretté que, selon lui, le gouvernement malien attaqué à Kidal " n’a pas bénéficié du soutien et de la protection qu’il est en droit d’attendre en cette circonstance (...) [contre] des hordes de narcoterroristes lourdement armés ". Il a demandé :" Qu’une commission internationale soit constituée pour vérifier les faits afin que les responsables soient traduits devant les juridictions nationales et internationales. "" La priorité doit être maintenant d’éviter une escalade et de revenir au dialogue et au cantonnement des groupes armés ", a renchéri l’ambassadeur français Gérard Araud. Le ministre malien des Affaires étrangères Abdoulaye Diope a, en retour, assuré que le gouvernement malien tiendra ses engagements de mener " un dialogue sincère devant déboucher sur un accord de paix global et définitif " avec la rébellion touaregue (2).
Pour Nathalie Guibert, " Paris voit ses plans de redéploiement militaire au Sahel contrariés, après les accrochages meurtriers entre l’armée malienne et des combattants touareg, samedi 17 mai, à Kidal. Dans Kidal, la ville symbole de l’extrême nord du Mali, la réconciliation nationale semble impossible, et la situation sécuritaire reste problématique, malgré le retour de l’administration centrale et la présence de la Minusma, la force de l’ONU déployée dans le pays. Au cours de l’accrochage du week-end, qui s’est produit pendant la visite du Premier ministre, Moussa Mara, l’armée malienne a annoncé avoir perdu 8 soldats et compté 25 blessés, tandis que 28 combattants touareg auraient été tués. Très médiatisé, le déplacement de Jean-Yves Le Drian devait sceller la fin officielle de l’opération " Serval ", déployée au Mali depuis janvier 2013. Il est impossible d’annoncer la clôture de " Serval " sans risquer d’affaiblir le président malien Ibrahim Boubacar Keita et son nouveau gouvernement, quand la situation de Kidal démontre que l’intégrité territoriale du pays n’est pas acquise, reconnaît-on dans l’entourage du ministre français. "(3)
La somalisation de la Libye
La situation restait confuse à Tripoli au lendemain de l’attaque du Parlement par un groupe armé qui a réclamé sa suspension. La crainte du chaos en Libye est sérieuse, après la grave détérioration de la situation ces 72 dernières heures. Appréhendant le pire. De quoi s’agit-il ? Khalifa Haftar un général à la retraite qui a vécu vingt ans aux Etats-Unis, a lancé samedi des offensives soutenues contre les bases et repaires islamistes et l’attaque, le lendemain, menée par une milice armée dont l’identité n’a pas été précisée contre le siège du Congrès général national (CGN), le Parlement libyen. Un bâtiment annexe du CGN a été incendié et les députés ont été évacués. Certains n’hésitent pas à y voir les prémices d’une guerre civile, voire une somalisation inéluctable de la Lybie. Les milices, qui se sont formées dans le sillage de la guerre livrée alors au despote déchu, ont pignon sur la vie politique, économique et sécuritaire du pays. L’attaque samedi dernier du siège du Parlement a induit, comme première mesure, la suspension du CGN, dont le mandat de 18 mois avait expiré depuis fort longtemps.
Le général est à la tête d’une force paramilitaire visiblement puissante. Selon le ministère de la Santé libyen, les affrontements de Benghazi ont fait 79 morts et 141 blessés. La situation était demeurée tendue lundi dernier à Benghazi. Le général Khalifa Haftar a indiqué maintenir ses troupes en alerte et qu’il n’avait nullement l’intention d’abandonner ses positions. Ce qui voudra dire que la violence peut ressurgir à tout instant. (4)
" Le chaos, écrit Merzak Tigrine, se généralise en Libye Après le général à la retraite qui s’est attaqué aux milices à Benghazi, les violences se sont propagées à Tripoli où le Congrès général national et une base militaire ont été les cibles d’hommes armés. L’anarchie semble totale en Libye. (...). En effet, le moins que l’on puisse dire est que la Libye est en proie à l’anarchie, et les autorités de transition ne parviennent pas à contrôler les innombrables milices armées qui font la loi dans le pays. (...) Le colonel Mokhtar Fernana, commandant de la police militaire, a déclaré sur deux chaînes privées de télévision : "Nous, membres de l’armée et les révolutionnaires (ex-rebelles), nous annonçons la suspension du CGN", précisant qu’il a donné les prérogatives législatives à une Assemblée constituante élue en février et maintenu le gouvernement intérimaire de Abdallah Al-Theni. Tripoli considère cette offensive comme une tentative de coup d’Etat. " (5)
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