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La rencontre de prière Abbas-Peres avec le pape François signe-t-elle l’échec de la diplomatie ?

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  • La rencontre de prière Abbas-Peres avec le pape François signe-t-elle l’échec de la diplomatie ?

    Le pape François et Shimon PERES
    « Alors, il ne nous reste plus qu’à prier ! »
    Dans la vie courante, on emploie l’expression pour signifier qu’il n’y a plus rien à faire : dans une situation désespérée, impossible, où la mort semble proche, avant un naufrage, ou une bataille perdue…

    La prière organisée ce dimanche 8 juin par le pape François avec les chefs d’Etat palestinien et israélien, Mahmoud Abbas et Shimon Peres, en a tous les symptômes. Après les tentatives infructueuses de paix dans la région menées par John Kerry, secrétaire d’Etat américain, où les Etats-Unis ont mis tout leur poids diplomatique, que reste-t-il à faire, sinon prier ? Car chacun sait bien que de cette prière, il ne sortira pas un nouveau traité de paix…La veillée de prière du Vatican, dans notre monde rationnel, semble alors ne signifier rien d’autre que l’échec total de la diplomatie, et partant, de la politique, dans la question israélo-palestinienne.

    Le soft power

    Pas si simple. Nicolas Hulot lorsqu’il avait commencé à rencontrer les responsables religieux, -dont le pape- avait employé la même expression, sous forme de boutade, devant les médias : « puisque personne ne veut se mobiliser pour sauver la planète, il ne me reste plus que la prière ! » Sauf que, de l’avis de nombre de diplomates, l’énergie mise par l’« envoyé spécial pour la protection de la planète » à aller voir l’ensemble des religions, comme d’autres associations, est en train de payer, dans le cadre de la réflexion sur les objectifs du millénaire pour le développement durable. Nicolas Hulot n’a fait rien d’autres qu’utiliser au mieux le « soft power » – le pouvoir d’influence, de la société civile.

    Depuis la fin de la guerre froide, on observe une montée en puissance des organisations non étatiques dans les relations internationales, ONG, religions, ou entreprises: les États savent qu’ils ne sont plus les seuls acteurs du jeu diplomatique. La prière du 8 juin, comme la visite à Lampedusa, ou le recueillement devant le mur qui sépare Palestine et Israël, sont autant de manières plutôt réussies pour le pape François de s’insérer dans ce jeu-là, en mettant en œuvre sa propre symbolique et sa force médiatique personnelle.

    Pas de politique?

    Enfin, le Saint-Siège met beaucoup de soin à répéter qu’il ne s’agit pas d’une initiative politique, et donc pas d’une tentative de substitution de l’ordre religieux à l’ordre politique. Attention ! Lorsque le Vatican dit qu’il ne fait pas de politique, cela ne signifie pas qu’il se range uniquement dans l’ordre du spirituel, mais qu’il agit selon sa propre conception de la politique, qui correspond à ses objectifs religieux. Ici, ceux-ci sont de deux ordres : protection des communautés chrétiennes qui sont encore en Terre sainte -la prière de dimanche devrait donner plus de poids au Saint-Siège dans ses négociations difficiles avec Israël. Et d’autre part, favoriser une unité de toutes les confessions chrétiennes dans cette région, où elles sont extrêmement divisées, seul moyen aujourd’hui pour elles de se faire entendre. Là encore, l’invitation faite au patriarche œcuménique de Constantinople Bartholomeos, primat d’honneur de l’orthodoxie va dans ce sens.

    La prière n’est pas la fin du politique. Elle n’est pas non plus une autre manière de faire de la politique. La prière est… prière, tout simplement !

    Isabelle de Gaulmyn-lacroix
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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