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Procès Khalifa en France: les prévenus défilent à la barre

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  • Procès Khalifa en France: les prévenus défilent à la barre

    PARIS - Ouvert le 2 juin, le procès en public, du fondateur du groupe Khalifa, Abdelmouène Rafik Khelifa, pour "abus de confiance, détournement de fonds et banqueroute", se poursuit mardi au Tribunal de grande instance de Nanterre (Hauts-de-Seine), en l’absence du principal accusé, incarcéré en Algérie.

    Il est poursuivi en France en raison du fait que Khalifa Airways et Khalifa Rent a Car (deux des entreprises de son holding) étaient implantées à Puteaux (Hauts-de-Seine).

    Le volet français de l'affaire a commencé en juillet 2003, lorsque tous les ordinateurs de Khalifa Airways ont disparu des locaux de Puteaux (Hauts-de-Seine), alors que la société venait d'être placée en liquidation judiciaire.

    C’est l’ancien directeur commercial de Khalifa Airways, et son représentant légal en France, Noël Brandela qui a été appelé cette fois-ci à la barre par le juge Siredey-Garnier Fabienne qui l’a interrogé sur les achats des appartements luxueux par l’entreprise Khalifa Airways dans plusieurs quartiers huppés de la capitale française.

    La juge a alors exigé des détails sur la manière avec laquelle ces appartements ont été payés et si des sorties d’argent aussi importantes de la comptabilité, ne l’avait pas intrigué, lui qui prétend, ignorer tout des transactions avec les bailleurs.

    Selon lui, c’est Khelifa lui-même, qui retirait l’argent des caisses du groupe, qui traitait directement avec les bailleurs pour choisir les appartements qui étaient mis à la disposition de quelques membres de son personnel "pour leurs bons et loyaux services".

    C’est ainsi que la prévenue Hadrog Sakina Taous, épouse Taïbi, Directrice générale de la maintenance dans l’entreprise Khalifa Airways, a eu alors à s’expliquer sur les multiples virements dont elle a bénéficié de la part de Rafik Khelifa ainsi que sur l’acquisition d’un appartement de 240 m² dans le XVI arrondissement de Paris, d’une valeur de 1,351 millions d’euros, alors que selon ses dires, son salaire ne dépassait pas 2000 euros.

    Parmi les prévenus, appelés à la barre, il y avait également Mohamed Chachoua, ancien homme de confiance d’Abdelmouméne Rafik Khelifa et son représentant en France soupçonné d'avoir fait disparaître une partie du parc Khalifa rent car (KRC) en envoyant 5 Mercedes à Londres à l'attention de son patron, en vendant certains modèles pour 50.000 euros pour "payer les salariés", dit-il, ou pour "indemniser" d'anciens collaborateurs.

    Le procès qui se poursuivra jusqu’au 21 juin, verra défiler à la barre, quelque neuf accusés sur les 12 convoqués, le principal étant incarcéré en Algérie, un cas d’empêchement pour maladie d’un accusé et le décès d’un autre ayant réduit le nombre des prévenus.

    Le juge aura encore deux semaines pour démêler l'écheveau des transferts d'argent et déterminer la responsabilité de chacun dans les détournements portant sur plusieurs dizaines de millions d'euros.

    Abdelmoumène Rafik Khelifa est détenu depuis cinq mois en Algérie après que Londres, où il s’était réfugié a permis son extradition. Il avait été condamné en 2007 par contumace à la prison à vie pour "association de malfaiteurs, escroquerie, faux", après faillite de son groupe.

    Concernant la possibilité d’extradition d’Abdelmoumène Rafik Khelifa pour être jugé en France, le ministre de la Justice, Tayeb Louh, a récemment déclaré que "l’Algérie n’extrade pas les citoyens algériens pour qu’ils soient jugés à l’étranger, conformément à la loi, notamment l’article 698 du Code de procédure pénale".
    APS
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Zoom sur les transactions de Khalifa Airways

    Rafik Abdelmoumen Khalifa aurait détourné plus de 15 millions d’euros des comptes de Khalifa Airways en France pour octroyer de grands appartements parisiens à sa famille, ses proches et ses collaborateurs. Il s’agit, selon les estimations de la juge chargée du procès, d’une dizaine d’acquisitions immobilières entre 2000 et 2002, valant de 500 000 à 1,4 million d’euros.


    Les documents que nous avons à notre disposition montrent qu’au moins dix personnes ont bénéficié d’appartements dans les plus beaux quartiers parisiens, achetés par de l’argent provenant des comptes de Khalifa Airways en France», a expliqué Fabienne Siredey-Garnier, présidente de la 14e chambre correctionnelle du Tribunal de grande instance de Nanterre où se déroule le procès depuis le 2 juin dernier. «Selon nos estimations, ces appartements ont coûté au total 10 à 15 millions d’euros. L’acquisition la moins chère est une petite maison en banlieue parisienne, estimée à l’époque à 3 millions de francs», a-t-elle précisé.

    La somme totale détournée dépasserait largement les 15 millions d’euros, sachant que des charges diverses liées directement à cet immobilier ont été également payées par Khalifa Airways. «M. Khalifa a décidé de son plein gré d’acquérir ces appartements au profit de Khalifa Airways afin de réduire les frais d’hôtel de son personnel. C’est lui-même qui choisissait les emplacements de ces appartements et les personnes auxquelles ils étaient attribués», se défend l’accusé principal dans ce dossier, Brandela Noël, poursuivi pour «détournement de fonds», «abus de confiance» et «complicité de banqueroute».

    L’ancien représentant légal de Khalifa Airways en France a ajouté que, pour lui, «c’étaient des appartements à raison professionnelle. Ils étaient collectifs, à la disposition des employés et cadres du groupe Khalifa en déplacement à Paris». Malgré la présence de sa signature dans la plupart des transactions en cause, ce prévenu renvoie toute la responsabilité sur Rafik Khalifa : «Je n’avais pas la moindre marge de manœuvre. Il me donnait des ordres et j’exécutais.»

    Comme l’ont fait d’autres témoins et prévenus avant lui, M. Brandela réexplique le système frauduleux du transfert d’argent de notre pays vers la France : «L’argent était viré depuis le compte de Khalifa Airways, ouvert chez Khalifa Bank d’Alger, sur les comptes de Khalifa Airways en France. Pour chaque somme transférée, nous avons émis une justification professionnelle.» Sauf que, une fois les fonds en France, Rafik Khalifa et ses complices s’en servaient comme d’un argent personnel.

    Reprenant la parole, la juge Siredey-Garnier met le prévenu devant une contradiction évidente : «Vous dites que ces appartements ont été achetés pour des raisons professionnelles et avaient une utilité collective. Mais sur les actes d’achat, sont précisés les noms des bénéficiaires. Pourquoi alors n’ont-ils pas été tous achetés au nom de Khalifa Airways ?» «Je ne sais pas», rétorque Noël Brandela, qui enchaîne : «En tout cas, pour moi, ces appartements avaient une logique professionnelle.» Licencié de son poste en mai 2002, il affirme : «Quand j’étais encore gestionnaire, l’entreprise Khalifa Airways était en bonne santé financière.»

    Sur ce point, l’avocate de Khalifa Bank, Elisabeth Maisondieu, interpelle le prévenu : «Ce n’est pas ce que vous avez déclaré aux policiers lors de l’enquête. Vous avez dit que Khalifa Airways en France avait démarré sans aucun capital social… Et vous avez affirmé que plusieurs mouvements financiers d’Alger vers Paris vous paraissaient suspects !»

    Les autres mis en cause dans ce dossier, présents à la barre, sont Amirouchen Nadia, ex-femme de Khalifa ; Krim Smaïl, ancien cadre de Khalifa Bank, et Tayebi Sakina, ancienne directrice générale de Khalifa Airways. Ils sont accusés d’«abus de confiance» et de «recel de banqueroute». Bien qu’ils ne soient pas les seuls, ils ont tous les trois bénéficié d’appartements dans des quartiers huppés de Paris. La justice française reproche à Smaïl Krim et Mme Tayebi d’avoir «recelé l’argent de la vente d’appartements» que leur avait acheté Khalifa Airways. Leur valeur est d’un million d’euros pour le premier et de 1,3 million d’euros pour le deuxième. «Comment peut-on bénéficier d’une telle largesse de son patron ?», demande Mme Siredey-Garnier.

    «Des primes de rendement», répondent les concernés. Néanmoins, leur version est contestée par de nombreux témoignages. Si l’on se contente de dire que «Krim Smaïl était non seulement l’un des lieutenants importants de Rafik Khalifa, mais aussi son ami le plus proche qui l’accompagnait pratiquement dans tous ses voyages», l’explication est plus singulière quand on évoque la relation entre l’ancien tycoon de Béjaïa et Mme Tayebi. «Elle dit des mensonges quand elle parle de primes de rendement, elle ne travaillait même pas en France. Elle habitait et travaillait à Alger. Par contre, M. Khalifa ne lui refusait rien car elle avait une relation très intime avec lui», déclare Kassa Samy Jacques, ancien associé de Khalifa, dans un témoignage lu par la juge. A préciser que Sakina Tayebi a été entendue hier sur une deuxième infraction : elle utilisait une carte de crédit professionnelle pour des opérations personnelles.

    De son côté, Amirouchen Nadia – déjà mise en cause dans l’achat d’un appartement qu’elle a revendu 1,9 million d’euros et l’occupation avec son ex-mari d’un deuxième appartement acheté par Khalifa Airways – a été accusée hier d’«abus de confiance» et de «recel» de près d’un demi-million d’euros. Elle aurait perçu cette somme sur le compte de la société qu’elle gère, KRG Pharma, provenant des comptes de Khalifa Airways en France, sans aucune justification crédible aux yeux de la justice.

    Samir Ghezlaoui
    ELWATAN
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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