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Sur les traces du dragon africain, le mokélé-mbembé

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  • Sur les traces du dragon africain, le mokélé-mbembé

    Au coeur de la région la plus primitive du monde se cache une bête mystérieuse. Michel Ballot est parti sur ses traces entre Cameroun, Gabon et RD Congo.

    La légende est tenace. Les scientifiques n'y croient pas. Personne ne l'a vu et quand bien même c'eût été le cas, aucune photo ne l'atteste vraiment. Et pourtant, un Français, Michel Ballot, chercheur indépendant en cryptozoologie, y croit dur comme fer. Pendant dix ans, cet avocat en droit international, reconverti dans l'humanitaire, s'est penché sur le dossier embarrassant du "dragon africain". Embarrassant, "car le jour où l'on en découvrira un, bien vivant, écrivait le père de la discipline Bernard Heuvelmans, le plus ennuyé de tous les esprits brillants sera celui qui aura cru gagner la partie".
    Il aura fallu dix ans aux zoologues occidentaux pour admettre que le cheval rayé forestier que les Pygmées appelaient atti était une girafe à cou court, zébrée sur la croupe, l'okapi. De même, le gorille de montagne n'a été découvert qu'en 1901, alors que les populations le connaissaient fort bien. "On a tort, par peur du ridicule, de ne pas prêter une oreille attentive aux légendes fantastiques des hommes appelés primitifs, commente Michel Ballot. Elles sont basées parfois sur des êtres réels que nous classerons un jour."

    Un serpent géant à crête ?

    Le bassin du Congo, bassin versant du fleuve Congo s'étendant sur dix pays, abrite la dernière forêt préhistorique de la planète. Sa flore n'a pas évolué depuis l'époque du crétacé, période qui se termine avec la disparition des dinosaures. Et la communauté scientifique est unanime pour penser que la plupart des espèces animales qui nous restent à découvrir vivent là-bas. À titre d'exemple, à l'heure actuelle, 80 % du Gabon est encore peu connu. Cela fait plus d'un siècle que les Pygmées y témoignent de la présence d'un animal mystérieux fréquentant les fleuves et marécages de cette région. On l'appelle le mokélé-mbembé, un nom vernaculaire donné et véhiculé par les populations locales.

    Les empreintes d'un animal inconnu, qui pourraient être celles d'un Mokélé-Mbembé © DR
    En remontant l'histoire des découvertes zoologiques, Michel Ballot s'est laissé convaincre. Il s'est rendu plusieurs fois par an sur place, dans le sud-est du Cameroun, près de la frontière congolaise et centrafricaine, pour des explorations de trois à quatre semaines au cours desquelles il collecte des témoignages auprès des Pygmées. Avec patience, lucidité et ce qu'il faut de naïveté, il écoute, enregistre, note, recoupe, analyse. Au nord du Gabon, accompagné de pisteurs et d'un ingénieur, il installe sur le fleuve Dja des caméras-pièges sur des balises flottantes. Sur une île à moitié immergée, il découvre des traces profondes avec des griffes à l'extrémité des empreintes, qui ne ressemblent à celles d'aucun animal connu. Tous ceux qu'il rencontre lui parlent de quelque chose "de gros vivant sous l'eau, qui n'est pas un crocodile, avec une grande trompe (cou), deux ou trois cornes et une queue".
    Un éléphant ? "Non, nous recherchons un animal à dominante aquatique, qui vit plutôt isolé. L'éléphant vit sur la terre ferme et en troupeau. Il est bien connu des Pygmées." Un hippopotame ? "Encore moins. Les deux espèces ont la même corpulence et les mêmes moeurs amphibies, mais le mokélé-mbembé se distingue par un long cou et une longue queue puissante. Un varan ? "Ce sont des animaux carnivores." Un lamantin ? "Non plus, sa morphologie ne correspond pas avec les témoignages." Un serpent géant à crête ? "Des missionnaires l'ont aperçu, enroulant dans la rivière un éléphant, mais aucun serpent ne peut avoir une masse comparable à celle d'un hippopotame."

    De la chair humaine pour alimenter des cercles fétichistes

    Michel Ballot poursuit ses recherches, mais les expéditions dans la forêt pluviale, dans des zones grandes comme plusieurs départements, encore relativement intactes, sont éprouvantes et peu sûres. De monstrueux bourbiers ralentissent la progression quand ce n'est pas la dysenterie qui épuise les organismes. Un jour, des bruits de kalachnikov éclatent dans la forêt. La fièvre de l'ivoire bat son plein. La zone n'est pas sécurisée. Partir ou finir dans une valise : Michel et son équipe lèvent le camp sans demander leur reste. Le lendemain, des braconniers sont arrêtés en possession de morceaux d'éléphants et de chair humaine, destinés à alimenter des cercles fétichistes.

    "Le mokélé ne peut disparaitre sans avoir été découvert", reprend Michel Ballot. "En revanche, si l'éléphant venait à disparaitre, ce serait l'emblème même de l'Afrique qui disparaîtrait." Les Pygmées qu'il a rencontrés ne sont plus ceux des films ethnologiques du siècle dernier, et les éléphants qu'il a observés ne parcourent plus, en immenses troupeaux, les forêts du Tarzan de son enfance. "Et comme rien n'était plus comme dans mes souvenirs, je me suis accroché à mon rêve : celui de l'ultime recherche de la zoologie, l'impossible quête du mokélé", poursuit-il. Ses aspirations relèvent peut-être de l'imaginaire, mais de l'imaginaire d'un homme en quête de vérité.

    Depuis, cette quête s'est élargie à la sauvegarde de la biodiversité, la survie des Pygmées, des gorilles, des éléphants, ainsi qu'à des actions de soutien envers les écogardes des parcs. Il n'est plus seul, il s'est associé avec le Comptoir général, qui l'a mis en contact avec d'autres chercheurs, spécialisés sur les recherches ADN. Dans un mois, il repart pour de nouvelles investigations, quelque part entre le sud du Cameroun et le nord du Congo, sur une des dernières terrae incognitae

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