Alors que l'Irak vole en éclats, que le gouvernement de Bagdad perd son autorité sur les zones sunnites et voit son territoire grignoté par les Kurdes, Téhéran, bien plus que Washington, semble seul capable d'affronter les djihadistes de l'Eiil
L'Irak est en train d'imploser. Les Kurdes se sont emparés, au nord, de la ville pétrolière de Kirkouk qu'ils revendiquent depuis longtemps pour capitale. Les combattants sunnites fondamentalistes, eux, entendent mettre la main sur Bagdad et, plus au sud, sur les villes saintes du chiisme.
L'Etat perd toute autorité sur les terres sunnites du nord et du centre de l'Irak, à mesure que se désintègre son armée de 900 000 hommes. A Mossoul, prise le 9 juin par les combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (Eiil), des cibles rebelles ont été visées par des missiles envoyés depuis des avions des forces gouvernementales, mais c'est bien la seule opération de contre-attaque lancée par l'armée irakienne.
Intérêt stratégique
L'ère de la domination chiite sur l'Irak, établie il y a neuf ans après le renversement de Saddam Hussein par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et leurs alliés, pourrait bien être terminée. Certes, les chiites gardent pour l'heure la capitale et les provinces à majorité chiite situées plus au sud, mais ils auront le plus grand mal à rétablir leur autorité sur les provinces sunnites que leur armée a fuies.
Il ne faut pas compter sur les Kurdes pour renoncer à Kirkouk. "C'est toute la ville qui est tombée aux mains des peshmergas [combattants kurdes], a déclaré leur porte-parole Jabbar Yawar. Il ne reste pas un seul soldat de l'armée irakienne à Kirkouk."
S'il y a intervention d'un pays tiers, il est plus probable qu'elle vienne d'Iran que des Etats-Unis. Le président de la république islamique d'Iran, Hassan Rouhani, a assuré que son pays combattrait "la violence et le terrorisme de l'EIIL". Depuis 2003, l'Iran s'est imposé comme la puissance étrangère la plus influente à Bagdad. Majoritairement chiite, l'Irak est même plus important que la Syrie pour Téhéran.
Rôle des milices
L'Iran ne peut qu'être alarmé par la perspective de voir naître un proto-Etat sunnite fanatique hostile à l'ensemble des chiites dans l'ouest de l'Irak et l'est de la Syrie. Comme l'a déclaré Abou Mohammed Al-Adnani, le porte-parole de l'organisation, l'EIIL considère les chiites, soit 60 % de la population irakienne, comme un peuple "méprisable" et les accuse de "polythéisme".
Les chiites irakiens pourraient bien en conclure que leur armée les a abandonnés et qu'il leur faut une fois encore s'en remettre à des milices (chiites) comme l'Armée du Mahdi, responsable en 2005 et 2006 d'un véritable massacre de sunnites.
Les Kurdes ont immédiatement profité de la déliquescence du gouvernement à Bagdad pour s'emparer des territoires le long de la frontière contestée, qui va du nord-est de Bagdad à la frontière syrienne à l'ouest de Mossoul. Les Kurdes irakiens ont certes progressé vers leur indépendance, mais vont-ils pour autant envoyer des hommes sauver le gouvernement de Bagdad ?
Quant à une intervention iranienne, elle devra forcément passer par une montée en puissance des milices chiites. Mais le Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki va avoir du mal à se remettre des revers subis début juin
le courrier international
L'Irak est en train d'imploser. Les Kurdes se sont emparés, au nord, de la ville pétrolière de Kirkouk qu'ils revendiquent depuis longtemps pour capitale. Les combattants sunnites fondamentalistes, eux, entendent mettre la main sur Bagdad et, plus au sud, sur les villes saintes du chiisme.
L'Etat perd toute autorité sur les terres sunnites du nord et du centre de l'Irak, à mesure que se désintègre son armée de 900 000 hommes. A Mossoul, prise le 9 juin par les combattants de l'Etat islamique en Irak et au Levant (Eiil), des cibles rebelles ont été visées par des missiles envoyés depuis des avions des forces gouvernementales, mais c'est bien la seule opération de contre-attaque lancée par l'armée irakienne.
Intérêt stratégique
L'ère de la domination chiite sur l'Irak, établie il y a neuf ans après le renversement de Saddam Hussein par les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et leurs alliés, pourrait bien être terminée. Certes, les chiites gardent pour l'heure la capitale et les provinces à majorité chiite situées plus au sud, mais ils auront le plus grand mal à rétablir leur autorité sur les provinces sunnites que leur armée a fuies.
Il ne faut pas compter sur les Kurdes pour renoncer à Kirkouk. "C'est toute la ville qui est tombée aux mains des peshmergas [combattants kurdes], a déclaré leur porte-parole Jabbar Yawar. Il ne reste pas un seul soldat de l'armée irakienne à Kirkouk."
S'il y a intervention d'un pays tiers, il est plus probable qu'elle vienne d'Iran que des Etats-Unis. Le président de la république islamique d'Iran, Hassan Rouhani, a assuré que son pays combattrait "la violence et le terrorisme de l'EIIL". Depuis 2003, l'Iran s'est imposé comme la puissance étrangère la plus influente à Bagdad. Majoritairement chiite, l'Irak est même plus important que la Syrie pour Téhéran.
Rôle des milices
L'Iran ne peut qu'être alarmé par la perspective de voir naître un proto-Etat sunnite fanatique hostile à l'ensemble des chiites dans l'ouest de l'Irak et l'est de la Syrie. Comme l'a déclaré Abou Mohammed Al-Adnani, le porte-parole de l'organisation, l'EIIL considère les chiites, soit 60 % de la population irakienne, comme un peuple "méprisable" et les accuse de "polythéisme".
Les chiites irakiens pourraient bien en conclure que leur armée les a abandonnés et qu'il leur faut une fois encore s'en remettre à des milices (chiites) comme l'Armée du Mahdi, responsable en 2005 et 2006 d'un véritable massacre de sunnites.
Les Kurdes ont immédiatement profité de la déliquescence du gouvernement à Bagdad pour s'emparer des territoires le long de la frontière contestée, qui va du nord-est de Bagdad à la frontière syrienne à l'ouest de Mossoul. Les Kurdes irakiens ont certes progressé vers leur indépendance, mais vont-ils pour autant envoyer des hommes sauver le gouvernement de Bagdad ?
Quant à une intervention iranienne, elle devra forcément passer par une montée en puissance des milices chiites. Mais le Premier ministre irakien Nouri Al-Maliki va avoir du mal à se remettre des revers subis début juin
le courrier international
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