Nous parlons bien ici d'un sujet complexe. Le « logement » au sens large est très structurant pour l'avenir d'un pays. L'habitat c'est un choix collectif et sous contrainte, c'est également une vision du futur, et une projection sur l'avenir car comme nous le montrent nos villes et nos anciens, on ne construit pas pour 5 ans mais pour des siècles, on façonne notre paysage, notre terre, nous la modelons.
Le logement d'aujourd'hui doit nous aider à préparer et à façonner le monde de demain, notre monde. Locataire comme propriétaire, riche comme pauvre, nous sommes tous concernés directement par ces problématiques, par le logement ou son absence. Rêve pour beaucoup, cauchemar de pauvreté pour d'autres de plus en plus nombreux, évolution du monde et de la société, bâtir le logement de demain, construire nos villes de demain, c'est avant tout inventer notre futur commun.
Alors oui, c'est un sujet très complexe et de très nombreux défis nous attendent tant le logement tient une place cardinale dans les systèmes économiques (et aussi dans les crises). Nos choix d'organisation impactent directement notre société dans son ensemble et son fonctionnement.
Si je suis convaincu que l'avenir n'appartient plus aux villes tentaculaires, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura plus de ville du tout puisque comme me l'ont fait remarquer de nombreux lecteurs, les villes étaient préexistantes à la révolution industrielle. C'est vrai et ce n'est pas incompatible. Une ville qui décroît n'est pas forcément une ville qui disparaît, même si certaines ne deviendront que de vastes champs de ruine parce que devenues tout simplement inhabitables, comme c'est le cas par exemple pour Las Vegas qui ne tient qu'avec une débauche d'énergie. Notre monde est rempli de citées disparues, désertées ou englouties car ainsi sont les « organismes vivants », ils vivent, grandissent, vieillissent et meurent. D'autres survivent et s'adaptent parce qu'ils le peuvent à leur environnement. Historiquement, la « sélection naturelle » est un principe vieux comme notre planète, qu'il nous plaise ou non, telle n'est pas la question.
Je suis convaincu que les solutions à la crise que nous traversons existent, qu'elles sont somme toute assez faciles à cerner et beaucoup plus difficiles pour ne pas dire impossibles à mettre en œuvre.
Capitalisme circulaire (écoconception, recyclage, réparation, upgrade et un gâchis minimal), re-ruralisation de notre pays en se réappropriant l'ensemble de nos territoires, économie d'énergie parfaitement possible y compris sur les véhicules, puisque la société MDI de Marseille a revendu un brevet sur la voiture à air comprimé à TATA Motors (le plus gros constructeur indien) dont le pauvre directeur général a trouvé la mort malencontreusement en tombant accidentellement de la fenêtre de sa chambre d'hôtel au 17e étage alors que cette dernière était fermée à clef à 48 heures du lancement de la première voiture à air comprimé de grande série... qui donc ne consomme pas une goutte d'essence... (Raison pour laquelle je vous parle d'impossibilité.) Décroissance, même si cela ne plaît pas à tous les amoureux de shopping, qui ne rime cependant pas avec pauvreté mais avec simplicité volontaire et retour aux choses simples.
Au bout du compte, l'alternative est assez simple à comprendre. Soit nous partagerons tous le peu qui reste en en prenant soin et nous pourrons vivre dignement, soit nous nous entre-tuerons pour la dernière goutte de pétrole, chemin que nous prenons sans conteste possible depuis maintenant 13 ans et les attentats du 11 septembre 2001 avec des guerres sans merci qui ravagent le monde, des guerres de l'énergie. Tel est leur nom.
Je laisse donc la place au témoignage de notre camarade.
Le témoignage
Je reviens vers vous puisque, ayant participé à l'élaboration du programme de F. Hollande sur le sujet de la rénovation thermique du bâtiment, j'ai en quelque sorte fait partie des « quelques esprits éclairés qui glosent doctement autour d'idées fumeuses ». Je le dis sans le prendre mal puisque je suis en partie d'accord avec ça.
Étant donné que ce n'est plus un secret pour personne, je vous joins en PJ, le résumé du résumé que j'ai fourni en tant que contribution à Marie Hélène AUBERT qui a dirigé le pôle Environnement Développement Durable et Énergie de la campagne de FH.
Conclusion technique :
- Si nous ne diminuons pas notre consommation d'énergie nous finançons les pays dans lesquels nous achetons notre énergie (et nous appauvrissons d'autant).
- Si nous voulons diminuer notre conso, le logement est la cible la plus facile (en étant caricatural, faire des km à énergie 0, je ne sais pas faire autrement qu'avec un cheval et encore il lui faut quand même du foin).
- Les incitations, c'est très bien et consensuel mais sur un programme de travaux de cette ampleur, c'est insuffisant et ça ne marche pas (assez vite). Il faut 40 à 50 ans pour reconstruire une ville avec des bâtiments neufs au rythme actuel. Autant ne rien faire vu les échéances auxquelles nous faisons face.
- Pour ce qui est des écoquartiers, ils sont censés être des figures de proue pour tester ce qui marche et ce qui ne marche pas. À mon avis, c'est bien de le faire mais cela ne résoudra pas le problème de fond.
Le problème de fond c'est la rénovation énergétique des logements existants. Pour les villes nouvelles, je suis assez sceptique sur la capacité de l'État pour organiser ce type de migration.
Bien que l'idée est séduisante, je ne vois pas comment la mettre en œuvre « en vrai ».
- Enfin, les politiques dites de renouvellement urbain (on casse les cités pour reconstruire du neuf un peu plus performant) ne servent à rien et coûtent énormément d'argent.
Le problème ce ne sont pas les immeubles avec des hautes tours. Il paraît que Manhattan est très agréable à vivre.
Le problème de fond des cités, c'est le chômage. On n'empile pas des gens sans boulots sans qu'une « économie » ne se crée d'elle-même. J'en sais quelque chose car je travail dans le monde des bailleurs sociaux et pilote ce type de programme.
Bref, techniquement, il faut pas confondre enjeux énergétiques et « politique de la ville » (terme que je ne comprends pas bien dans le fond, puisqu'il n'y a pas de continuité de la politique à l'échelle de 20 ans ou 30 ans).
Conclusion personnelle sur la politique :
On m'a demandé de faire partie de ce pôle de campagne, avec réunion à l'Assemblée nationale et tout le tintouin, sur recommandation d'un élu que je ne connaissais pas (mais lui oui, visiblement).
J'ai été très déçu car je m'attendais à rencontrer des experts et des hauts fonctionnaires calés sur ces sujets. Malheureusement, même si je reconnais volontiers qu'il y a des gens beaucoup plus intelligents que moi à Paris (nous étions chapeautés par une polytechnicienne), il n'y a eu aucune ambition long terme ou vue stratégique.
On nous a demandé des chiffres macro sans rentrer dans les « détails » et tout ce que nous avons eu en mesure de long terme c'est une phrase au discours du Bourget qui promettait « 1 million de logements thermiquement efficaces ». Le pôle a d'ailleurs été mis au courant pendant le discours du Bourget puisque nous travaillons sur des fiches le samedi soir précédent (2 jours ou 3 jours avant).
Sachant qu'en tant que technicien, je ne sais pas ce qu'est un logement « thermiquement efficace » (neuf ? ancien ? quelle consommation ? quel financement ? ... ), j'ai été déçu car je savais bien que le candidat non plus n'en savait pas tellement plus.
En réalité, le plan c'était quelque chose du genre 500 000 logements neufs et 500 000 réhabilitations en gros (sur quel rythme et à quelle échéance, cela reste un mystère).
Bon, de toute façon, comme rien n'a été prévu, rien ne se fera je pense (ou si peu)
Le logement d'aujourd'hui doit nous aider à préparer et à façonner le monde de demain, notre monde. Locataire comme propriétaire, riche comme pauvre, nous sommes tous concernés directement par ces problématiques, par le logement ou son absence. Rêve pour beaucoup, cauchemar de pauvreté pour d'autres de plus en plus nombreux, évolution du monde et de la société, bâtir le logement de demain, construire nos villes de demain, c'est avant tout inventer notre futur commun.
Alors oui, c'est un sujet très complexe et de très nombreux défis nous attendent tant le logement tient une place cardinale dans les systèmes économiques (et aussi dans les crises). Nos choix d'organisation impactent directement notre société dans son ensemble et son fonctionnement.
Si je suis convaincu que l'avenir n'appartient plus aux villes tentaculaires, ce qui ne veut pas dire qu'il n'y aura plus de ville du tout puisque comme me l'ont fait remarquer de nombreux lecteurs, les villes étaient préexistantes à la révolution industrielle. C'est vrai et ce n'est pas incompatible. Une ville qui décroît n'est pas forcément une ville qui disparaît, même si certaines ne deviendront que de vastes champs de ruine parce que devenues tout simplement inhabitables, comme c'est le cas par exemple pour Las Vegas qui ne tient qu'avec une débauche d'énergie. Notre monde est rempli de citées disparues, désertées ou englouties car ainsi sont les « organismes vivants », ils vivent, grandissent, vieillissent et meurent. D'autres survivent et s'adaptent parce qu'ils le peuvent à leur environnement. Historiquement, la « sélection naturelle » est un principe vieux comme notre planète, qu'il nous plaise ou non, telle n'est pas la question.
Je suis convaincu que les solutions à la crise que nous traversons existent, qu'elles sont somme toute assez faciles à cerner et beaucoup plus difficiles pour ne pas dire impossibles à mettre en œuvre.
Capitalisme circulaire (écoconception, recyclage, réparation, upgrade et un gâchis minimal), re-ruralisation de notre pays en se réappropriant l'ensemble de nos territoires, économie d'énergie parfaitement possible y compris sur les véhicules, puisque la société MDI de Marseille a revendu un brevet sur la voiture à air comprimé à TATA Motors (le plus gros constructeur indien) dont le pauvre directeur général a trouvé la mort malencontreusement en tombant accidentellement de la fenêtre de sa chambre d'hôtel au 17e étage alors que cette dernière était fermée à clef à 48 heures du lancement de la première voiture à air comprimé de grande série... qui donc ne consomme pas une goutte d'essence... (Raison pour laquelle je vous parle d'impossibilité.) Décroissance, même si cela ne plaît pas à tous les amoureux de shopping, qui ne rime cependant pas avec pauvreté mais avec simplicité volontaire et retour aux choses simples.
Au bout du compte, l'alternative est assez simple à comprendre. Soit nous partagerons tous le peu qui reste en en prenant soin et nous pourrons vivre dignement, soit nous nous entre-tuerons pour la dernière goutte de pétrole, chemin que nous prenons sans conteste possible depuis maintenant 13 ans et les attentats du 11 septembre 2001 avec des guerres sans merci qui ravagent le monde, des guerres de l'énergie. Tel est leur nom.
Je laisse donc la place au témoignage de notre camarade.
Le témoignage
Je reviens vers vous puisque, ayant participé à l'élaboration du programme de F. Hollande sur le sujet de la rénovation thermique du bâtiment, j'ai en quelque sorte fait partie des « quelques esprits éclairés qui glosent doctement autour d'idées fumeuses ». Je le dis sans le prendre mal puisque je suis en partie d'accord avec ça.
Étant donné que ce n'est plus un secret pour personne, je vous joins en PJ, le résumé du résumé que j'ai fourni en tant que contribution à Marie Hélène AUBERT qui a dirigé le pôle Environnement Développement Durable et Énergie de la campagne de FH.
Conclusion technique :
- Si nous ne diminuons pas notre consommation d'énergie nous finançons les pays dans lesquels nous achetons notre énergie (et nous appauvrissons d'autant).
- Si nous voulons diminuer notre conso, le logement est la cible la plus facile (en étant caricatural, faire des km à énergie 0, je ne sais pas faire autrement qu'avec un cheval et encore il lui faut quand même du foin).
- Les incitations, c'est très bien et consensuel mais sur un programme de travaux de cette ampleur, c'est insuffisant et ça ne marche pas (assez vite). Il faut 40 à 50 ans pour reconstruire une ville avec des bâtiments neufs au rythme actuel. Autant ne rien faire vu les échéances auxquelles nous faisons face.
- Pour ce qui est des écoquartiers, ils sont censés être des figures de proue pour tester ce qui marche et ce qui ne marche pas. À mon avis, c'est bien de le faire mais cela ne résoudra pas le problème de fond.
Le problème de fond c'est la rénovation énergétique des logements existants. Pour les villes nouvelles, je suis assez sceptique sur la capacité de l'État pour organiser ce type de migration.
Bien que l'idée est séduisante, je ne vois pas comment la mettre en œuvre « en vrai ».
- Enfin, les politiques dites de renouvellement urbain (on casse les cités pour reconstruire du neuf un peu plus performant) ne servent à rien et coûtent énormément d'argent.
Le problème ce ne sont pas les immeubles avec des hautes tours. Il paraît que Manhattan est très agréable à vivre.
Le problème de fond des cités, c'est le chômage. On n'empile pas des gens sans boulots sans qu'une « économie » ne se crée d'elle-même. J'en sais quelque chose car je travail dans le monde des bailleurs sociaux et pilote ce type de programme.
Bref, techniquement, il faut pas confondre enjeux énergétiques et « politique de la ville » (terme que je ne comprends pas bien dans le fond, puisqu'il n'y a pas de continuité de la politique à l'échelle de 20 ans ou 30 ans).
Conclusion personnelle sur la politique :
On m'a demandé de faire partie de ce pôle de campagne, avec réunion à l'Assemblée nationale et tout le tintouin, sur recommandation d'un élu que je ne connaissais pas (mais lui oui, visiblement).
J'ai été très déçu car je m'attendais à rencontrer des experts et des hauts fonctionnaires calés sur ces sujets. Malheureusement, même si je reconnais volontiers qu'il y a des gens beaucoup plus intelligents que moi à Paris (nous étions chapeautés par une polytechnicienne), il n'y a eu aucune ambition long terme ou vue stratégique.
On nous a demandé des chiffres macro sans rentrer dans les « détails » et tout ce que nous avons eu en mesure de long terme c'est une phrase au discours du Bourget qui promettait « 1 million de logements thermiquement efficaces ». Le pôle a d'ailleurs été mis au courant pendant le discours du Bourget puisque nous travaillons sur des fiches le samedi soir précédent (2 jours ou 3 jours avant).
Sachant qu'en tant que technicien, je ne sais pas ce qu'est un logement « thermiquement efficace » (neuf ? ancien ? quelle consommation ? quel financement ? ... ), j'ai été déçu car je savais bien que le candidat non plus n'en savait pas tellement plus.
En réalité, le plan c'était quelque chose du genre 500 000 logements neufs et 500 000 réhabilitations en gros (sur quel rythme et à quelle échéance, cela reste un mystère).
Bon, de toute façon, comme rien n'a été prévu, rien ne se fera je pense (ou si peu)
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