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Pourquoi pleurer fait-il du bien ?

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  • Pourquoi pleurer fait-il du bien ?

    Pleurer qui de nous n'a pas versé de larmes? D'ailleurs parfois quand la douleur ou la peine est trop forte , il est impossible de verser la moindre larme. Mais pourquoi le fait de verser des larmes apporte tant de bien? Et d'où proviennent ces larmes de quoi sont elles composées, pourquoi sont elles salées et le sont elles?

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    " On a jeune, des larmes sans chagrin ; vieux, des chagrins sans *larmes » (1). Mais l'univers de la larme va bien plus loin que la tristesse et est bien plus compliqué qu'il n'y paraît. Loin de n'être que de l'eau salée, c'est un liquide à la composition et à la structure très complexes. Et tout comme le rythme cardiaque, la sueur, les rougeurs, elle est révélatrice des émotions, joies ou peines, qui naissent en nous. À tel point qu'elle occupe une place de choix dans les mythologies.

    Dans l'Égypte ancienne, on pense que les hommes sont nés des larmes de Rê, le Soleil. Pour les Incas, c'est le dieu du ciel Viva*cocha qui, par ses pleurs, est à l'origine de notre monde, car « l'eau fertile des larmes est à l'origine de tout, l'immense réservoir où le ciel, les arbres et les visages se mirent ». Si, dans la Bible, on ne voit pas le Christ rire, il pleure par trois fois : les larmes sont donc signe d'humanité. Au Moyen Âge, le fait de pleurer, par dévotion ou dans un état de grâce, est valorisé et encouragé.

    Avant tout, les larmes ont un rôle lubrifiant pour les paupières, humidificateur et nutritif pour la cornée et la conjonctive de l'oeil. Elles sont produites en continu dans les glandes lacrymales, se *répandent à la surface des yeux, puis sont recueillies et transportées dans les fosses nasales par les voies lacrymales. Le film lacrymal sur la cornée est renouvelé par le clignement des paupières en moyenne toutes les 10 secondes. Son volume est d'environ 6 milli*litres et il est produit à raison de 2,4 ml par minute. Lorsque l'on dort, et que les yeux restent donc fermés, les glandes lacrymales sont légèrement *stimulées pour que le liquide coule tout seul et les vaisseaux sanguins bordant la cornée subissent une vasodilatation pour assurer le *ravitaillement en oxygène. Ce qui donne parfois, au réveil, les yeux rouges.

    Ce liquide lacrymal est produit par filtration du sang dans les *cellules des glandes lacrymales, celles-ci rajoutant quelques composés supplémentaires, comme une molécule antibactérienne, le lysozyme. C'est un véritable liquide nourricier. Car la cornée, organe vivant composé de cellules se *renouvelant régulièrement, ne possède pas de système vasculaire : des vaisseaux sanguins, même très fin, gêneraient la vision. C'est donc le liquide lacrymal qui apporte l'oxygène nécessaire au fonctionnement des cellules de la *cornée.

    Le film de larmes possède plusieurs couches. La plus superficielle est la plus riche en corps gras pour limiter l'évaporation *natu*relle de l'eau. L'intermédiaire est la plus riche en oxygène et dio*xyde de carbone. Celle qui est *directement en contact avec la cornée est la plus visqueuse, un peu comme un mucus riche en protéines et « contrôle » la répartition du film.

    Influx nerveux


    Plusieurs causes peuvent être à l'origine de variations dans la production et la sécrétion du *liquide lacrymal. Il peut s'agir de causes physiques, vent, froid, etc., qui vont augmenter la production pour lutter contre le desséchement. Mais la cause qui nous intéresse le plus est celle des émotions. Celles-ci sont « gouvernées » en premier lieu par notre cerveau archaïque « reptilien » avant d'être relayées par notre néocortex, le « cerveau de la raison ».

    Ainsi, une joie intense, une douleur, une peine vont déclencher des messages qui vont venir dire aux glandes lacrymales d'augmenter leur production de liquide lacrymal. Ses voies naturelles d'évacuation (les voies lacrymales) se remplissent, saturent et l'excédent s'écoule alors de l'oeil directement sur le visage. Les larmes coulent. Et leur composition est alors bien *différente des larmes créées, par exemple, par l'épluchage des oi*gnons. Ces dernières contiennent beaucoup moins de protéines que les pleurs d'émotions. Dans celles-ci, on trouve une plus grande quantité d'hormones, dont la prolactine, qui stimule la production de lait, et l'hormone leucine encéphaline qui elle, agit naturel*lement sur la douleur.

    La présence de cette prolactine expliquerait, en partie, que les femmes, de leur puberté à leur ménopause, pleurent en moyenne quatre fois plus que les hommes. Jusqu'à environ 12 ans, les filles ne pleurent pas plus que les garçons (taux de prolactine équivalent). À 18 ans, en revanche, elles en sécrètent 60 % de plus que les garçons.

    L'analyse de la composition chimique des larmes explique également leur effet bénéfique. D'une part parce que le message nerveux qui provoque les larmes entraîne donc l'apparition d'antalgiques naturels. D'autre part parce qu'elles permettent une meilleure élimination des molécules responsables du stress ou de toxines *apparues sous l'effet du stress. Une étude a même calculé que pleurer diminue la tristesse ou la colère d'environ 40 %. Alors, à vos larmes, citoyens...

    (1) Joseph Roux, abbé et poète français du XIXe siècle.

    Par le Figaro
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