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Amizour: Hakim et Fahim, 36 ans, ne supportent pas d’être séparés

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  • Amizour: Hakim et Fahim, 36 ans, ne supportent pas d’être séparés

    Hakim et Fahim habitent le village Aâfra dans la commune d’Amizour.


    Ils sont deux frères jumeaux monozygotes, c'est-à-dire de vrais jumeaux, car ils sont issus d’un même ovule, donc ayant le même capital génétique. Les deux frères qui ont aujourd’hui 36 ans chacun, (Hakim est plus âgé de 10 minutes de Fahim), sont différents des autres frères. Ils ne supportent aucunement de se séparer. Ils partagent les mêmes caractères, émotions, comportements... Bref, ils font presque une seule personnalité partagée entre deux entités physiques.Mais cela n’est pas un atout pour les deux inséparables frères qui vivent aujourd’hui le calvaire de leur « fusion gémellaire ».

    Et sachant que ces jumeaux sont issus d’une famille rurale, loin de connaître la conduite à tenir devant un tel cas de figure Le processus de « fusion gémellaire », explique Benmouhoub, psychologue clinicien, « va jusqu’à laisser apparaître des signes anormaux, voire pathologiques des jumeaux. ».


    Dans une famille, élever un enfant c’est déjà une épreuve, mais en avoir deux exigeant ensemble et en même moment d’être pris en charge c’est à la limite des forces de leur maman, étant que le père est décédé et les grands frères ont quitté le domicile familial depuis longtemps. Quant ils étaient petits, les deux partageaient la même table de classe à l’école qu’ils quittèrent rapidement pour devenir bergers.

    Le temps passe et personne, ni de la famille ni de l’entourage, pensait que les deux jumeaux vivront l’enfer une fois adulte, du fait que ni l’un ni l’autre n’accepte de se séparer de sa « moitié ». Ce qui fut craint arriva et les inséparables frères ont grandi avec un besoin indescriptible de se retrouver toujours ensemble.

    Toute séparation est vécue comme une souffrance par les deux frères.

    « Nous avons perdu nos postes de travail à maintes fois, du fait que les employeurs n’en acceptent qu’un seul parmi nous deux, et nous avons toujours fini par quitter le travail pour nous retrouver ensemble », raconte Fahim. Voilà la première conséquence de ce handicap issu d’un processus génétique de deux vrais jumeaux. Hakim et Fahim avouent qu’ils sont conscients que seul le travail pourrait les faire sortir de la pauvreté et la misère qu’ils partagent, mais la force intrinsèque qui les obligent à rester tout prêt l’un de l’autre est plus grande. « Je ressens plus le besoin de voir mon frère Hakim à côté de moi que d’avoir tous les trésors du monde », dira Fahim avant qu’il soit interrompu par Hakim en avouant le même sentiment que son frère. La souffrance et la force « du mal », qui attire comme un aimant ces deux jumeaux a atteint des degrés graves, voire dangereux.

    Fahim s’est marié et croyait bien faire pour mener une vie, seul, et fonder un foyer, un exemple peut être à suivre pour Hakim afin de donner ainsi un début d’une vie normal au « couple frère », mais peine perdue pour les deux, malgré que le frère marié ait eu même un garçon. Car la nostalgie d’occuper la même pièce que son frère et passer tout son temps avec lui est devenu une exigence formelle. Quant à Hakim, lui dira qu’il n’a pas cessé de pleurer l’absence de l’autre. D’ailleurs, il a quitté le foyer familial pour s’installer à la capitale. Un exil des plus malheureux pour les deux frères.

    Fahim n’est guère prospère avec sa petite famille et Hakim mélancolique a fini par mener une vie de clochard jusqu’à son retour au Douar pour des retrouvailles impératives. Fahim, le marié, pour rendre l’ascenseur à son pareil a préféré se séparer de sa femme et là commença une vie d’un autre couple, de deux frères inséparables pour la vie. Toutefois, cette union n’est pas toujours pour le bien, mais aussi pour le pire, puisque les jumeaux de 36 ans qui vivent au dessous du seuil de la pauvreté ressentent le besoin de vivre comme tout le monde, de travailler, de se marier,… mais comment ?

    Une question qui reste poser, puisque en ce moment et par cette particularité de ne pouvoir se séparer l’un de l’autre, des spécialistes en la matière, psychologues, sociologues et médecins doivent se pencher sur des cas pareils et trouver des alternatives qui peuvent donner un second souffle de vie à ces couples de vrais jumeaux qui vivent le désarroi de leur ressemblance pas en apparence, mais en caractères génétiques qui font que ces deux individus ne sont, à vrai dire, qu’une seule personne, partagée entre deux corps physiques. C’est le cas de Hakim et Fahim qui espèrent retrouver le train d’une vie ordinaire pour rester des frères tout court.

    Nadir Touati- La Dépêche de Kabylie
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