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Mohamed Magani , Le verbe et le regard ciselés d’un écrivain aux multiples facettes

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  • Mohamed Magani , Le verbe et le regard ciselés d’un écrivain aux multiples facettes

    Dès son premier roman ‘’La Faille du ciel’’, Mohamed Magani s’imposa comme un romancier de haut vol, un poète au verbe trempé et un observateur vigilant et lucide de sa société.


    Boudjedra qui a lu ce roman l’a considéré comme « le plus beau roman écrit par un algérien en l’année 1983 ».

    Admirateur de Faulkner, Gabriel Garcia Marquez et William Styron, Magani a commis trois ans plus tard un autre roman intitulé ‘’Esthétique de boucher’’ qui a été très bien reçu par la critique. Il est vrai que Magani n’est pas un bricoleur de la plume comme on en trouve bon nombre dans notre littérature du XXIe siècle. C’est un écrivain par vocation et par conviction. Il n’expédie pas son ouvrage en un geste trois mouvements, il prend son temps, le cogite, le peaufine, le triture jusqu’à la maturation la plus parfaite pour l’éditer.

    Il faut dire que le romancier respecte son lecteur et ce qui est encore plus respectable c’est son humilité. Il abhorre les tapages médiatiques et les prosceniums dérisoires du paraître. Bien qu’écrivant dans deux langues, le français et l’anglais, il n’a pas la grosse tête.

    Sa source d’inspiration il la puise dans son terroir, Chlef, qu’il continue d’appeler Lasnam dont il a vécu, enfant à peine âgé de six ans, le premier séisme et adulte le second. Et ces tragédies n’ont pas épargné sa sensibilité à fleur de plume, elles l’ont même irrigué, nourri. Son dernier roman ‘’La rue des perplexes’’ relate l’histoire d’une chienne errante, sans collier, sans nom, mais qui sais aboyer civilement, poliment et même quelquefois férocement et qui apprend à son nouveau maître, résident à la cité des enseignants, les rudiments de la distance dérisoire qui sépare l’homme de la bête. L’héroïne de ce roman est un canidé famélique, ossu, galeux mais avenant qui avait adopté un bipède pour en faire son maître qu’elle aide dans sa collection de livres en les ramassant des poubelles. C’est un observateur sans concessions envers sa société et au style novateur proche de Faulkner et de Gabriel Garcia Marquez.

    Ses nouvelles comme ses romans portent en filigrane le souffle d’une poésie à fleur de peau. L’esthétique est à bien des égards accordé de surcroît puisque pour Magani, la recherche du beau, n’est ni une fin, ni un moyen pour atteindre la sensibilité de ses lecteurs, mais une démarche réfléchie et constructive d’un écrivain qui fuit les feux de la rampe pour la solitude féconde et créative d’un créateur paisible tout en étant bouillonnant, éblouissant, fascinant.

    Sadek A.H - La Dépêche de Kabylie
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