Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Le business florissant du Mondial en Algérie

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Le business florissant du Mondial en Algérie

    à la veille de son entrée en scène pour son premier match en Coupe du Monde, l’équipe nationale de football est déjà, depuis quelques semaines, une source de revenus très lucrative en Algérie.


    Maillots, écharpes, casquettes, chansons, publicité... l’EN fait vendre et son business profite aussi bien aux entreprises reconnues qu’aux petits vendeurs de l’informel. Les entreprises (Oreedoo, LG, Peugeot, Hamoud Boualem…) qui choisissent d’associer d’une manière ou d’une autre leur nom à la FAF et à l’équipe nationale espèrent des dividendes qui vont au-delà de la simple image de marque. Et même si les retombées sont difficiles à quantifier et à prévoir dans le temps, le jeu en vaut la chandelle et cela ne concerne pas uniquement l’Algérie, car l’événement est planétaire. Selon la chaîne d’information CBS, les marques investissent en publicité «250 millions de dollars pour avoir leur nom associé à l’événement».

    En Algérie, le petit business lucratif autour de l’équipe nationale profite aussi bien aux petits commerçants, aux vendeurs à la sauvette qui pullulent dans les quartiers, qu’aux grands magasins de sport. Les produits dérivés à l’image d’El Khedra font un tabac avant même le début de la Coupe du monde, mais c’est surtout le maillot blanc de la sélection qui a la côte. Qu’il soit fabriqué localement, importé de Chine ou de Turquie, les fans ont l’embarras du choix, avec cependant des différences notables au niveau des prix.

    Prix de la qualité

    Dans un des magasins Puma (équipementier officiel de l’EN) de la capitale, on a le choix entre l’ancienne version du maillot et la nouvelle spéciale CM 2014. Le vendeur reconnaît qu’au niveau de la qualité et du design, l’ancien maillot est «meilleur», pourtant au niveau du prix, le nouveau est plus cher, 5900 DA le maillot contre 4900 pour son prédécesseur. «C’est le vrai, l’officiel, il vient de Turquie» nous dit le vendeur. Un pays dans lequel l’équipementier allemand dispose d’une vingtaine d’usines de fabrication, selon son rapport d’activité 2011. La précision du vendeur est de taille, car ce produit fait également objet de contrefaçon. Ces derniers sont «importés de Chine ou fabriqués localement dans des ateliers clandestins» indique-t-il. «Généralement, ils sont vendus entre 600 et 1200 dinars pièce, mais la qualité est médiocre.»

    Dans le quartier de Belcourt, des adolescents mettent justement en vente ce type de maillots parmi tout un assortiment de produits dérivés de l’EN. Avec des prix entre 600 et 700 DA, les affaires sont plutôt bonnes. «J’en ai vendu six depuis ce matin, mais il m’en reste encore huit. Je dois tout faire partir d’ici ce soir» affirme l’un des jeunes vendeurs.

    Au touché, la différence de qualité se fait tout de suite sentir, tissu bon marché, finitions grossières, les maillots contrefaits peuvent être décelés facilement, mais tout le monde ne peut pas s’offrir un maillot à 6000 DA. Bien que la contrefaçon soit illégale, au niveau de la Direction générale des douanes que nous avons contactée, on affirme qu’il «n’existe pas de contrat entre cette dernière et Puma pour la protection de la marque». Des discussions avaient eu lieu «mais n’ont pas abouti». Au niveau de Djazaïr Trade & Retail Cie, le représentant exclusif de Puma en Algérie, aucun responsable n’était joignable pour commenter sur le sujet.

    C’est, en tout cas, le dernier des soucis pour notre marchand occasionnel. En une journée, il peut «se faire jusqu’à 8000 DA» rien qu’avec les maillots, sans compter les autres produits. Plus le jour du match de l’EN se rapproche, plus les ventes sont bonnes. «Inchallah notre équipe fera de bons résultats, sinon, on ne vendra plus rien» espère le jeune garçon.

    Du côté de Puma, les affaires sont bonnes également. Pour une livraison d’une douzaine de pièces la veille, le propriétaire du magasin était déjà en rupture de stock jeudi en début d’après-midi. Tout a été écoulé en moins de 24 heures, alors qu’un nouvel arrivage était prévu dans la journée.Grâce aux différents produits estampillés EN, les ventes dans certains magasins de sport peuvent augmenter «jusqu’à 50% en cette période, par rapport à l’année dernière à cette époque» selon le gérant d’un commerce d’équipements sportifs situé dans Alger-Centre.

    Succès musical

    Mais il n’y a pas que les commerces sportifs qui tirent leur épingle du jeu en cette période. Dans le secteur de la musique, les chansons dédiées à la gloire de l’équipe nationale se fabriquent et se vendent comme des petits pains.
    «Pour nous, c’est la meilleure période» reconnaît le gérant d’un magasin de disques à Alger. Sans être en mesure de donner une estimation sur le nombre de type de CD déjà vendus ou devant l’être durant le mois de la Coupe du monde, il admet pourtant l’ampleur du business. «Rien que pour la journée d’aujourd’hui, nous avons reçu quatre nouveaux albums et ce n’est que le début».

    Selon lui, il est difficile de prédire le nombre d’albums qui seront produits tout au long de l’événement ou le nombre de ventes qu’ils vont générer, mais il y a de quoi rester optimiste. Certes, admet-il, la demande «n’est pas au même niveau que celle de 2010 où je n’avais même pas le temps de disposer les albums sur les étagères qu’ils étaient déjà partis». L’ampleur du différend avec l’Egypte ayant à l’époque atteint son paroxysme. Mais 2014 n’est pas si mal tout de même. Pendant la vingtaine de minutes que nous avons passées au magasin, deux CD de chansons consacrées à l’EN ont été vendus à 150 DA chacun, soit un toutes les dix minutes. L’engouement «sera encore plus grand à l’approche du match» s’enthousiasme le vendeur, sans omettre d’apporter une précision : «le succès dépendra des résultats de l’EN». Car l’arme est à double tranchant, surtout pour les éditeurs de ces albums.

    Risque

    Un éditeur «gagne une marge de 10 dinars sur un album. Il peut tomber sur une chanson qui va faire un succès ou le contraire» explique Nabil Bennacer, patron des Editions Padidou Vision. Globalement, la chanson sportive représente environ «8% du marché» de la musique en Algérie, selon notre interlocuteur, et avec les performances de l’EN, ces cinq dernières années, le succès semblait assuré. Cependant, selon M. Bennacer, le piratage gangrène le marché puisque seulement «10% de sa valeur réelle vont aux éditeurs».

    La conjoncture de la Coupe du monde peut néanmoins booster les chiffres. Si le risque pris par l’éditeur est récompensé, il peut gagner jusqu’à «500 000 dinars sur un seul album» dit-il. Une aubaine si un éditeur choisit d’éditer plusieurs albums. Les chanteurs, eux, soit ils vendent directement et totalement leur produit aux éditeurs, soit ils partagent le risque avec eux. Dans les deux cas, ils gagnent en visibilité et en image associée à l’EN. Selon que cette dernière gagne ou perde, les retombées ne seront évidemment pas les mêmes.

    Safia Berkouk- El Watan
Chargement...
X