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Les stéréotypes homme-femme mauvais pour la santé

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  • Les stéréotypes homme-femme mauvais pour la santé

    Les représentations sociales liées au genre du patient peuvent influencer le diagnostic du médecin, souligne une note de l'Institut national de la santé et de la recherche médical (Inserm). Explications avec Catherine Vidal, membre du comité d'éthique.

    La dépression est-elle plutôt une "maladie de femme"? L'infarctus touche-t-il surtout les hommes? Des membres du comité d'éthique de l'Institut national de la santé et de la recherche médicale, ont publié mardi une note évoquant les discriminations liées au sexe et au genre dans le domaine de la santé. Décryptage avec Catherine Vidal, neurobiologiste, directrice de recherche à l'Institut Pasteur et membre du groupe "genre et recherche en santé" du comité d'éthique de l'Inserm.

    Que vient faire la question du genre dans le domaine médical?

    Catherine Vidal: Les représentations sociales liées au genre féminin ou masculin du patient jouent sur l'attitude des patients et du corps médical. Il est indispensable d'en tenir compte pour aboutir à de meilleures pratiques. La France accuse d'ailleurs un retard dans cette démarche, par rapport aux Etats-Unis ou à d'autres pays d'Europe comme la Belgique.

    Quelle différence faites-vous entre le genre et le sexe?

    Le sexe concerne les caractéristiques biologiques -chromosomes, organes génitaux, hormonaux qui différencient les mâles et les femelles. Le genre, lui, est un concept qui désigne les processus de construction sociale et culturelle des identités féminine et masculine. Depuis la naissance, les normes sociales vont influencer les comportements et els pratiques dans tous les domaines, y compris celui de la santé et de la recherche biomédicale.

    Vous voulez dire que l'attitude du médecin et son diagnostic peuvent varier en fonction du sexe de son patient?

    Oui. Un des exemples les plus parlants est celui de l'infarctus du myocarde, longtemps sous-diagnostiqué chez les femmes. Des études ont montré que pour le corps médical, il s'agissait d'une maladie touchant particulièrement des hommes, stressés par leur travail. Quand une femme se présentait se plaignant de fatigue et d'essoufflement, les docteurs avaient plutôt tendance à la trouver angoissée et à lui prescrire des tranquillisants... En passant à côté du diagnostic. Pourtant, l'infarctus est la première cause de mortalité aux Etats-Unis et Europe, aussi bien chez les hommes que chez les femmes.

    Les hommes pâtissent-ils aussi de cette influence du genre?

    Oui, les hommes souffrant d'ostéoporose ont eux aussi souffert de sous-diagnostic. Jusqu'en 1990, cette maladie, associée à la ménopause et aux traitements hormonaux de substitution, était considérée comme "féminine". Depuis, l'approche de cette pathologie a été revue et des scores de densité osseuse ont été établis pour les hommes, comme pour les femmes.

    Et le patient? Se comporte-t-il différemment face au corps médical selon son genre?

    Il est connu que les hommes consultent beaucoup moins facilement que les femmes: selon les stéréotypes du genre masculin, ils doivent être "résistants au mal". L'expression de la souffrance psychique varie aussi selon le genre. Les femmes sont considérées comme plus enclines à sombrer dans la dépression que les hommes. C'est ce que montrent les études prenant en compte des symptômes tels que le retrait sur soi et les troubles du sommeil. Mais dès lors que d'autres critères sont considérés, comme un comportement agressif ou la prise de drogues -des attitudes plus présentes chez les hommes- la prévalence de la dépression devient équivalente entre chez les deux sexes!

    l'express
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