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L'Afrique inquiète déjà

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  • L'Afrique inquiète déjà

    Renaissance économique africaine ! Cette formule est célébrée sur tous les tons. Après le temps de l’afro-pessimisme, l’Afrique est de retour sur la scène mondiale, selon la vulgate en vogue. S’il y a bien un domaine où l’effervescence est palpable, c’est celui du financement public ou privé. Telecoms, infrastructures, agriculture, on ne compte plus les fonds d’investissement pariant sur le continent de Tanger à Capetown. L’agence Ecofin en recense plus de 850. Fonds souverains, private equity londonien, capitaux du Golfe… tous veulent être de la partie. En matière de financement extérieur des états, le même processus est à l’oeuvre. Namibie, Ghana, Sénégal, Maroc, Rwanda… la liste des émetteurs de dette souveraine s’allonge chaque année.
    Après dix-sept ans d’absence, le Kenya prépare une "sortie" en août, dont il espère 2 milliards de dollars. Signe des temps : le nombre de pays africains évalués par les agences de notation est passé de 15 à 26 en dix ans. Pourtant, l’histoire paraît (déjà) un peu trop belle. Comme un avertissement, le financier londonien Bob Diamond n’est pas parvenu la semaine dernière à compléter son fonds Altas mara, voué au secteur bancaire africain. Quant à la Côte d’Ivoire, elle vient d’échouer à lever 120 milliards de CFA (180 millions d’euros) auprès d’investisseurs régionaux. Ils n’en ont souscrit que la moitié ! En avril, le FMI avait mis en garde les pays africains contre les risques liés aux émissions souveraines, accentuant leur "vulnérabilité". Car la croissance de l’Afrique a déjà ses effets pervers. Elle a enclenché une envolée des dépenses de consommations publiques ou privées, que ne parviennent pas à satisfaire des appareils productifs souvent peu compétitifs.
    Avec pour conséquence, une dégradation des comptes courants et des déficits budgétaires chez de nombreux pays. Le Ghana, présenté hier encore comme une "success story", vient d’admettre que sa banque centrale avait financé la totalité du déficit budgétaire au premier trimestre. Comme la Grèce ou le Portugal voilà dix ans, la tentation reste donc forte de boucher ces "trous" par des financements extérieurs. Un recours auquel les marchés de capitaux ont répondu présent jusqu’ici. Et pour cause. Avec le niveau anémique des taux aux états-Unis, au Japon ou en Europe, et les océans de liquidités générés par les grandes banques centrales, les investisseurs disposent d’argent à foison. Ils cherchent désespérément des rendements attractifs, offerts notamment par l’Afrique, au risque d’oublier la leçon des crises de la dette. Celle, récente, de l’euro, ou celle, plus ancienne, des années quatre vingt. La matière première monétaire était alors le flux soudain de pétrodollars qui furent prêtés à tours de bras aux pays émergents (on disait alors le tiersmonde). L’Afrique a-t-elle retenu cette leçon ?

    usine nouvelle
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