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La politique africaine du Maroc : Atouts et faiblesses

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  • La politique africaine du Maroc : Atouts et faiblesses

    Pendant la dernière décennie nous avons assisté au renforcement des relations politiques, commerciales et financières intra-africaines. Certains pays africains à l’instar du Maroc et l’Afrique du Sud y jouent un rôle prépondérant. A fortiori, ces deux puissances africaines en émergence jouent un rôle important dans le mouvement des IDE et des échanges intra-africains comme en attestent les statistiques fournies par les institutions internationales. A ce titre, les IDE marocains en Afrique, portés essentiellement par les grands groupes, demeurent fortement concentrés sur les pays d’Afrique de l’Ouest et Centrale alors que ceux de l’Afrique du Sud se focalisent sur l’Afrique Australe et de l’Est.

    En effet, dans ces deux pays nous assistons à la montée en puissance de grandes entreprises (aussi bien publiques que privées) considérant l’Afrique comme un relais pour leur croissance. Leur localisation en Afrique est interprétée par nombre d’analystes comme une étape intermédiaire dans leur processus de multinationalisation. Force est de souligner que l’intérêt des deux pays pour l’Afrique ne se matérialise pas uniquement par la localisation de leurs entreprises en ce qu’elle recouvre d’autres aspects et non des moindres. En effet, la coopération entre ces pays et l’Afrique est multidimensionnelle, tant les secteurs de coopération sont variés et se complètent mutuellement. Ce qui nous amène à avancer l’idée de « la politique africaine de ces pays ». Cette dernière sous-tend le jeu d’acteurs ainsi que la manière dont chaque pays organise, coordonne ses relations avec les autres pays africains. C’est ainsi que cet article est dédié à l’analyse de la politique africaine du Maroc. Le but est d’en comprendre les fondements afin de pouvoir dégager ses forces, ses faiblesses, les opportunités à saisir et les menaces susceptibles d’entraver sa marche.

    Les forces de la politique africaine du Maroc


    Le Maroc de par sa position géographique (trait d’union entre l’Afrique et l’Europe), son appartenance au continent africain, son niveau de développement économique, ses relations historiques et séculaires avec les pays du continent, sa diplomatie économique (conversion des relations politiques en relations économiques par le biais des investissements des entreprises marocaines en Afrique), sa puissance diplomatique et son rôle croissant dans la résolution des conflits en Afrique, est en passe de devenir une puissance africaine susceptible de jouer un rôle important dans le développement socio-économique des pays du continent et le renforcement de la place de l’Afrique dans la gouvernance mondiale.

    En effet, les relations historiques et ancestrales entre le Maroc et certains pays africains constituent un socle pour une institutionnalisation et une pérennisation de la coopération avec les autres pays africains. Force est opportunément de reconnaître que les années 2000 ont constitué un tournant majeur dans le cadre de ces relations historiques et politiques entre le Maroc et les pays du continent. Effectivement, nous avons assisté au cours de cette période à la montée graduelle des investissements Directs à l’Etranger des grandes entreprises marocaines en Afrique ainsi qu’à l’évolution des échanges commerciaux du Royaume avec les pays du continent. Tout compte fait, la nouvelle politique de diversification des partenaires commerciaux du Maroc profite largement aux pays de l’Afrique Subsaharienne.

    Un nouveau cadre de partenariat semble se développer entre le Maroc et les pays du continent, basé sur le principe de la coopération Sud/Sud et le win/win. Cette tendance lourde de conversion des relations politiques et ancestrales en relations commerciales est confortée par la nouvelle dynamique des IDE des entreprises marocaines en Afrique. En effet, les IDE marocains en Afrique ont connu une nette augmentation entre 2000 et 2011. Le Maroc devient par conséquent, le deuxième investisseur africain en Afrique après l’Afrique du Sud. Il est par ailleurs important de souligner la forte concentration sectorielle (télécommunication, banques et assurances, industries pharmaceutiques, bâtiment et travaux publiques ; agriculture et énergies renouvelables) et géographique (Afrique de l’Ouest et l’Afrique Centrale) de ces investissements qui restent l’œuvre des grandes entreprises marocaines qu’elles soient publiques ou privées.

    Au-delà des aspects économiques, la politique africaine du Maroc repose sur la coopération technique avec les pays de l’Afrique Subsaharienne et-ce dans différents domaines. On peut citer par exemple, le rôle que joue le Maroc dans la formation des ressources humaines africaines. L’échange d’expériences avec certains pays désirant tirer profit de l’expérience marocaine aussi bien en matière de diversification économique (politiques sectorielles) que sociale (Initiative Nationale de Développement Humain). Il convient de souligner à ce titre que beaucoup de pays africains (Gabon, Sénégal, Tanzanie …etc.) s’appuient sur le modèle marocain dans leurs politiques de diversification. Ceci est particulièrement le cas pour le domaine de l’agriculture, les mines (phosphate). La visite royale effectuée courant 2013 et 2014 en Afrique Subsaharienne est l’illustration parfaite de la place qu’occupe l’Afrique dans les relations extérieures du Maroc. Cette visite fut marquée par le saut de pragmatisme de part et d’autre en ce qu’elle a donné lieu à la signature d’une série de conventions de partenariat dans différents secteurs (formation professionnelle, les mines, énergie et ressources hydrauliques, environnement et tourisme)

    En outre, l’opération de régularisation des migrants subsahariens résidant d’une manière illégale au Maroc est un jalon supplémentaire qui vient renforcer la politique africaine du Maroc. L’initiative est interprétée par certains analystes comme la volonté délibérée du Maroc de récupérer sa profondeur africaine.
    Somme toute, la politique africaine du Maroc repose sur une proximité multidimensionnelle (géographique, culturelle, cultuelle, économique et commerciale) avec les pays africains qu’il conviendrait de valoriser et entretenir pour une meilleure exploitation des potentialités qu’elle recèle et-ce pour l’intérêt des deux parties. Toutefois, il n’en demeure pas moins que cette politique africaine contienne des faiblesses.

    Comment transformer les faiblesses de la politique africaine du Maroc en opportunités ?


    Si la politique africaine du Maroc repose sur des atouts indéniables, elle se heurte, néanmoins, à une série d’obstacles qui peuvent entraver son bon déroulement. Il s’agit, en l’occurrence des problèmes de financement : en effet, l’économie marocaine en dépit de ses atouts souffre des problèmes de compétitivité. En est comme preuve la balance commerciale largement déficitaire pendant les dernières années. D’où l’importance de poursuivre les efforts de diversification de l’offre exportable du pays et de promotion des exportations. Même si le financement de certains investissements des entreprises marocaines en ASS se fait par le concours des filiales des banques marocaines localisées en AS (l’exemple du groupe Alliances en Côte d’Ivoire et au Sénégal, cela reste insuffisant et se heurte aux problèmes liés au niveau de développement des systèmes financiers des pays récipiendaires.

    Ces problèmes de financement peuvent être surmontés par la mise en place des alliances stratégiques entre les entreprises marocaines (qui commencent à avoir une grande expérience dans le domaine d’investissement dans des secteurs porteurs en Afrique) et d’autres entreprises étrangères (particulièrement les entreprises Européennes et celles des pays du Golf).

    De plus, la présence marocaine en Afrique Subsaharienne est géographiquement déséquilibrée. En effet, le Maroc est fortement présent en Afrique Centrale et en Afrique de l’Ouest aussi bien en matière des relations politiques, commerciales que financières. En revanche, le pays entretient peu de relations avec les pays d’Afrique anglophone à savoir l’Afrique Australe et l’Afrique de l’Est. Alors que le Maroc fut partie des pays ayant joué un rôle déterminant dans le soutien aux mouvements de libération en Afrique du Sud, Angola et Mozambique. Des relations historiques qui n’ont pas été converties, du moins suffisamment, en relations commerciales et financières. Force est de souligner qu’entre le Maroc et les pays d’Afrique Australe subsiste une incompréhension mutuelle liée à la distance géographique, linguistique et culturelle en plus des problèmes politiques liés au Sahara marocain.

    Toutefois, la diplomatie marocaine gagnerait davantage à multiplier les représentations diplomatiques marocains dans cette région où nombre de pays à l’instar de l’Angola, du Botswana, du Malawi et de Mozambique semblent de plus en plus prédisposés à intensifier la coopération avec le Maroc. De cette manière, une visite royale en Afrique Australe pendant les prochaines années peut donner une forte impulsion à la coopération Maroc-Afrique Australe et Afrique de l’Est.

    Jeudi 19 Juin 2014
    Par les Prs. Mhamed Echkoundi et Hicham Hafid Economistes à l’Institut des études africaines
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