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Matoub Lounés: Un barde foudroyé

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    Matoub Lounés: Un barde foudroyé

    Matoub Lounés, personnage fascinant, né et mort dans un environnement hostile et généreux à la fois, un paysage étroit limité, dans un espace géographique restreint pour cet homme aux grandes visions et illusions. Il était l’un des rares kabyles de sa génération à comprendre tout ce que son peuple avait bel et bien perdu. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, sa personnalité ne laisse pas indifférent.

    Projeté sur la scène artistique d’abord lors des événements du printemps berbère de 80, pour lui, cet événement n’en fût pas moins un formidable moment d’actions de réactions et de réflexions qui ont engendrés les toutes premières prises de conscience de lutte pour son identité. Aussi de par sa position de chanteur, il exprime et véhicule le message et la parole que chacun pensait tout bas.

    Sa sensibilité à fleur de peau pour toutes les causes justes a fait de lui très tôt le porte parole et l’espoir de tous les opprimés. Dans sa voix, chacun croit se retrouver. Il était au cœur, voir le cœur même de l’identité berbère.

    Dans la vie de beaucoup, Matoub est l’irruption de la poésie, de la musique, de la chanson, de la politique et même de la fantaisie, de tout ce en quoi on se refuse de croire, surtout que Matoub n’aimait pas l’autorité, et il la toujours montré, il était un républicain utopique, poète romantique, en fuite de tout et surtout de lui-même qui a rompu avec les obligations de l’ordre établi. Ce comportement reste une énigme qui sera d’ailleurs une chance pour sa postérité, en surgiront de multiples livres, des statues, des thèses identitaires, voir des films. Cet esprit chevaleresque, ce barde d’une errance éternelle est bien le symbole le plus provocateur de son temps, qui ne pouvait échapper à la pente fatale sur laquelle il glisse doucement.

    Toutes sortes de potins et de versions fantastiques ont entourés la mort de Matoub, qui favorisait lui-même sa propre légende. Matoub, surnommé le rebelle se voyait précisément comme un bandit d’honneur du siècle précédent dont il avait évoqué la bravoure dans ses chansons.

    Les romanciers pourront fabuler sur sa vie. Lounés a eu la mort qu’il appelait de ses vœux en vivant d’une manière dangereuse pour un homme de sa condition, faut-il rappeler qu’il l’avait déjà frôlé de très prés.

    Politiquement et historiquement la mort de Matoub avait une grande importance. Beaucoup vont habilement se servir du culte qui se développe autour de lui. En effet, par sa mort, il devient un personnage définitivement révolté, que toute la Kabylie pouvait s’annexer, un héros, un martyr d’un peuple sur lequel s’acharne l’adversité. C’est ainsi qu’il y aura partout ses effigies, des stèles érigées à la grandeur de sa mémoire.

    A cet égard, sa mort est tout aussi exemplaire… Il fait très beau en ce début d’été comme souvent en cette période en Kabylie, où l’attendait la mort sur la route n’Ath Douala.

    Arezki HAMOUDI
    Détenu de la cause berbère des années 70
    Dernière modification par arrezki, 25 juin 2014, 21h20.
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