Avec 82% de voix, Mohamed Ould Abdel Aziz a été réélu à une écrasante majorité. Certes, le scrutin a été boycotté par l’opposition regroupée au sein du Forum national pour la démocratie et l'unité (FNDU, dont est membre Tawassoul, branche mauritanienne des Frères musulmans). Motif invoqué : «La convocation de cette élection est intervenue sans qu'il y ait eu un accord entre les parties ni sur les conditions de fond ni sur la date de sa tenue», explique un communiqué de ce mouvement. Mais nombreux sont ceux qui conviennent que l’opposition n’avait aucune chance de faire douter le président mauritanien. «Ils n’auraient pas pu obtenir plus s’ils s’étaient présentés», a-t-il déclaré au journal Le Monde.
Cet homme, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 2008, avant de légitimer son coup de force par les urnes en se faisant élire en juillet 2009, a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. Une première fois en février 2011 – elle avait été revendiquée par l’Aqmi — et une seconde fois en octobre 2012, même si les autorités mauritaniennes avaient alors expliqué que le chef de l’Etat avait été blessé par «erreur» par un soldat de sa garde présidentielle. D’aucuns en Mauritanie voyaient la main du Qatar derrière cette tentative d’assassinat.
Il faut dire qu’entre la Mauritanie et le Qatar, les rapports n’étaient guère au beau fixe et ne le sont pas plus aujourd’hui. La visite écourtée de l’émir qatari Hamad Ben Khalifa Al-Thani le 9 janvier 2012 est restée dans les mémoires. L’émir avait alors demandé à son hôte mauritanien d’engager des réformes démocratiques s’il voulait éviter à son pays le sort de la Tunisie, de la Libye ou de la Syrie. Furieux, le président mauritanien avait conseillé à Hamad Ben Khalifa Al-Thani de donner l’exemple en réformant d’abord son propre régime, avant de lui indiquer la sortie.
Et le fait que la chaîne télé qatarie Al Jazeera ait médiatisé (elle le fait encore aujourd’hui) outre mesure le parti islamiste Tawassoul lorsque ce dernier avait organisé des manifestations contre le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz en 2011 sous le slogan «dégage», n’a fait qu’envenimer davantage les rapports avec le Qatar. Quant à l’ami des Qataris, le chef de Tawassoul, Jemil Ould Mansour, que le pouvoir mauritanien semble tolérer, il se targue d’entretenir des relations personnelles avec Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste Ennahda, ainsi qu’avec le PJD (islamiste) marocain. Il connaissait le président égyptien déchu Mohamed Morsi et affirme être très proche des dirigeants de l’AKP (Parti de la justice et du développement) du Premier ministre turc Tayyip Erdogan. Histoire de protéger ses arrières ? Sans doute.
Toutefois, c’est avec le Maroc, allié du Qatar, que les rapports sont les plus dégradés. Depuis trois ans, les relations entre les deux pays sont quasiment au point mort. Nouakchott, qui refuse de nommer un ambassadeur au Maroc, a pratiquement retiré tous ses diplomates en poste à Rabat : même le chargé d’affaires a été récemment rappelé pour être nommé ambassadeur au Mali.
La tension entre les deux pays s’explique par le fait que le Maroc n’a pas accepté que la Mauritanie ait reconnu la République sahraouie, et qu’elle entretienne des rapports étroits avec l’Algérie notamment concernant la crise du Sahel et le règlement de la crise malienne où Nouakchott comme Alger prônent le dialogue entre Bamako et les rebelles touaregs et maures.
Quoique son élection ait tourné au plébiscite, le président Mohamed Ould Abdel Aziz est loin d’être tiré d’affaire. Il lui faut tenir ses promesses de campagne, notamment en ce qui concerne l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens, le respect des droits de l’Homme et des libertés, mener une lutte efficace contre la corruption, et surtout, mettre fin définitivement à la pratique de l’esclavage sévissant encore en Mauritanie. C’est sur ces dossiers qu’il est attendu.
Hassane Zerrouky- Le Soir
Cet homme, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat en 2008, avant de légitimer son coup de force par les urnes en se faisant élire en juillet 2009, a échappé à plusieurs tentatives d’assassinat. Une première fois en février 2011 – elle avait été revendiquée par l’Aqmi — et une seconde fois en octobre 2012, même si les autorités mauritaniennes avaient alors expliqué que le chef de l’Etat avait été blessé par «erreur» par un soldat de sa garde présidentielle. D’aucuns en Mauritanie voyaient la main du Qatar derrière cette tentative d’assassinat.
Il faut dire qu’entre la Mauritanie et le Qatar, les rapports n’étaient guère au beau fixe et ne le sont pas plus aujourd’hui. La visite écourtée de l’émir qatari Hamad Ben Khalifa Al-Thani le 9 janvier 2012 est restée dans les mémoires. L’émir avait alors demandé à son hôte mauritanien d’engager des réformes démocratiques s’il voulait éviter à son pays le sort de la Tunisie, de la Libye ou de la Syrie. Furieux, le président mauritanien avait conseillé à Hamad Ben Khalifa Al-Thani de donner l’exemple en réformant d’abord son propre régime, avant de lui indiquer la sortie.
Et le fait que la chaîne télé qatarie Al Jazeera ait médiatisé (elle le fait encore aujourd’hui) outre mesure le parti islamiste Tawassoul lorsque ce dernier avait organisé des manifestations contre le pouvoir de Mohamed Ould Abdel Aziz en 2011 sous le slogan «dégage», n’a fait qu’envenimer davantage les rapports avec le Qatar. Quant à l’ami des Qataris, le chef de Tawassoul, Jemil Ould Mansour, que le pouvoir mauritanien semble tolérer, il se targue d’entretenir des relations personnelles avec Rached Ghannouchi, leader du parti islamiste Ennahda, ainsi qu’avec le PJD (islamiste) marocain. Il connaissait le président égyptien déchu Mohamed Morsi et affirme être très proche des dirigeants de l’AKP (Parti de la justice et du développement) du Premier ministre turc Tayyip Erdogan. Histoire de protéger ses arrières ? Sans doute.
Toutefois, c’est avec le Maroc, allié du Qatar, que les rapports sont les plus dégradés. Depuis trois ans, les relations entre les deux pays sont quasiment au point mort. Nouakchott, qui refuse de nommer un ambassadeur au Maroc, a pratiquement retiré tous ses diplomates en poste à Rabat : même le chargé d’affaires a été récemment rappelé pour être nommé ambassadeur au Mali.
La tension entre les deux pays s’explique par le fait que le Maroc n’a pas accepté que la Mauritanie ait reconnu la République sahraouie, et qu’elle entretienne des rapports étroits avec l’Algérie notamment concernant la crise du Sahel et le règlement de la crise malienne où Nouakchott comme Alger prônent le dialogue entre Bamako et les rebelles touaregs et maures.
Quoique son élection ait tourné au plébiscite, le président Mohamed Ould Abdel Aziz est loin d’être tiré d’affaire. Il lui faut tenir ses promesses de campagne, notamment en ce qui concerne l’amélioration des conditions de vie de ses concitoyens, le respect des droits de l’Homme et des libertés, mener une lutte efficace contre la corruption, et surtout, mettre fin définitivement à la pratique de l’esclavage sévissant encore en Mauritanie. C’est sur ces dossiers qu’il est attendu.
Hassane Zerrouky- Le Soir
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