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Iran : le divorce entre le peuple et la foi est consommé. Vers la renaissance islamique ?

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  • Iran : le divorce entre le peuple et la foi est consommé. Vers la renaissance islamique ?

    Incontestablement, tous les principes de la souveraineté divine doivent d’une manière ou d’une autre être interprétés par l’entremise de l’homme. Ainsi, trois modèles différents de délégation d’autorité existent dans monde islamique.

    Les doctrines religieuses protégées des critiques

    En Arabie Saoudite, le modèle est basé sur les principes de "division du travail" entre l’élément de souveraineté séculier et religieux, est incarné par l’Arabie Saoudite, où la souveraineté se partage entre une classe d’érudits religieux et une famille de souverains temporels.

    Un autre modèle communément appelé "moderniste" dans le monde islamique, celui de la Turquie et plus récemment de la Tunisie, semble avoir sévèrement restreint le rôle des autorités morales dans la gouvernance politique du pays. Cette mise à l’écart a abouti à une institutionnalisation importante des bases contractuelles de la souveraineté temporelle.

    Inspirées par cette logique de "privatisation de la foi", ces orientations idéologiques ont cependant involontairement généré un effet secondaire : la création d’un bouclier protecteur contre la critique ouverte des doctrines religieuses.

    L'Iran prône l'alternative politique

    La République islamique d’Iran présente, elle, un modèle politique alternatif où les différentes strates de l’autorité se seraient effondrées pour ne former qu’un seul corps politique. Un seul corps qui se proclame source de souveraineté temporelle et métaphysique.

    En examinant ce modèle de plus près, on y voit un potentiel de réformes explosif qu’aucun des précédents modèles ne pourrait offrir.

    En effet, un modèle politique neutre vis-à-vis de la religion ou celui d’une inculcation verticale du sécularisme ont tous deux démontré leurs limites structurelles à évaluer efficacement les nombreux potentiels socio-politiques de l’islam.

    Ce manque de remise en question de l’idéologie religieuse a même favorisé l’ancrage et la résilience d’une partie considérable du dogme coranique dans la conscience collective de ces sociétés.

    À l’inverse, le modèle de la République islamique, en rendant la foi publique et en brisant le mur épistémologique séparant le temporal du divin, ne favorise pas le développement d’espaces réservés à la protection des convictions personnelles.

    Un modèle jugé dangereux pour l'islam

    Ainsi les trois décennies de promotion acharnée des normes islamiques dans tous les espaces civils, auraient véritablement permis à l’analyse critique d’examiner à la loupe l’ensemble de l’édifice idéologique de la Sharia.

    Notons qu’au sein du même Iran, un siècle plus tôt, une importante figure religieuse, l’Ayatollah Khorasani avait clairement alerté des dangers d’élaborer un état islamique.

    Selon lui, cela entraînerait une critique idéologique de l’islam lui-même, qui sera considéré comme principal responsable de tout échec potentiel et des vicissitudes de la vie politique.

    On peut observer des parallèles intéressants entre l’Iran d’aujourd’hui et les procès humanistes de la renaissance italienne face au christianisme. En effet, dans le contexte iranien également, l’inculcation de force de la doctrine religieuse semble avoir déchaîné des processus comparables basés sur une évaluation systématique de l’idéologie religieuse.

    Aussi, le sentiment de déclin social, en comparaison avec l’ancienne période idéalisée, semble être de plus en plus présent dans les raisonnements intellectuels contemporains, à l’image des réflexions studia humanitatis Florentines portées sur l’antiquité.

    Des accusations de corruption financière

    L’existence d’une structure politique dominante sous la forme du Vatican ou, ici, la partie visible de l’organisation du pouvoir hiérarchique du Shiisme, a véritablement facilité l’évaluation critique de la doctrine morale d’État.

    Dans la même veine, de sérieuses accusations de corruption financière et de mauvaise gestion économique, identiques à celles lancées par exemple contre le Pape Alexandre VI, ont été mis au débit du pouvoir public religieux en Iran.

    Dans la lignée des cheminements intellectuels de la Renaissance, la capacité de la société iranienne à affronter de tels challenges idéologiques est inévitablement alimentée par l’immense grenier culturel iranien riche en diversité, prolifique en littérature, cinéma, musique et dans de nombreuses autres formes d’arts profanes, toujours en constante progression.

    Ailleurs, on valorise la Sharia

    Sur le plan de la société civile, des études récentes décrivent les Iraniens comme formant la nation la plus pro-occidentale et pro-juive du Moyen-Orient, et la place aux premiers rangs des pays aux tendances sociétales clairement anti-islamiques dans de nombreux domaines, allant des relations interpersonnelles à la consommation d’alcool. Tout s’expliquerait, à la lumière d’un divorce social entre la population et les principes de la foi islamique.

    Il est intéressant de constater que c’est la tendance inverse, visant la mise en valeur du rôle de la Sharia dans la société, qui se produit dans la plupart des autres contextes coraniques.

    Il n’est pas difficile d’imaginer le vrai potentiel réformateur qu’offrent de tels développements, conséquence d’une absence de réelles frontières entre éthique et politique.

    Berceau d'une renaissance

    Tout nous pousse vers l’inévitable conclusion que l’édifice entier de la foi islamique commence à être désigné comme "la" source de tout malaise social lié aux inévitables risques de la gouvernance politique.

    La République islamique d’Iran, comme seul vrai système de gouvernance politique islamique, se présente de plus en plus comme le véritable berceau d’une Renaissance révolutionnaire dans la totalité de l’édifice de la doctrine islamique.

    Un tel environnement politico-culturel pourrait véritablement déchaîner de formidables forces de destruction idéologique et aurait la capacité à ébranler non seulement les doctrines politiques de la Foi mais aussi anéantir la persistance des principes eschatologiques même dans les espaces privés


    le nouvel obs

  • #2
    islam et politique

    On a vu le même phénomène lors de la courte existence du FIS en Algérie où on a vu de larges franges de la population prenant ses distances avec l'islam mais le retour de ce dernier, a été très rapide après l'écrasement du FIS par le pouvoir et on est revenu à la case départ et parfois pire avec une société qui s'est islamisée à l'extrême .

    De même en Iran, si les iraniens s'éloignent et doutent de l'Islam actuellement sous le pouvoir des ayatollahs, ils reviendront surement vers lui dès qu'un gouvernement laique s'installera. c'est cyclique en terre d'Islam.

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