Annonce

Réduire
Aucune annonce.

La Libye entre espoir et appréhension

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • La Libye entre espoir et appréhension

    Les élections parlementaires tenues hier en Libye ouvrent, certes, la voie à l’installation dans un mois d’une Chambre des députés qui prendra le relais de l’actuel Congrès national général l Cependant, le faible taux de participation enregistré à ce scrutin aura probablement un impact sur la légitimité du nouveau Parlement.

    Il n’y avait pas foule, hier, dans les bureaux de vote en Libye, comme ce fut le cas le 7 juillet 2012 lorsque les Libyens avaient pris d’assaut ces mêmes centres pour élire le Congrès général national (CGN). Ce fut alors les premières élections en Libye depuis plusieurs décennies, ce qui est loin d’être le cas en ce moment. Les Libyens sont déjà passés entre-temps deux autres fois aux urnes, en février et avril derniers, pour élire, respectivement, la commission des 60, chargée de rédiger la Constitution, et les conseils municipaux.

    Il ne faut pas, non plus, négliger l’impact de la déception, par rapport à la gouvernance du CGN, sur le taux de participation à ces élections. «La multiplication des rendez-vous électoraux et les conditions sécuritaires précaires ont, semble-t-il, atténué l’appétit des Libyens à l’exercice démocratique. Dommage pour ce peuple, dont la société civile insiste, pourtant, à exprimer son avis à chaque fois qu’on le lui demande», regrette l’enseignant Abdallah Saïti, électeur au collège secondaire Al Horrya, à Tripoli-Centre.

    Ce faible taux de participation n’a pas empêché l’euphorie des activistes de la société civile. «Arriver aux urnes pour élire une Chambre des députés, c’est déjà une victoire contre ces voleurs du Congrès général national», s’écrie Latifa, une dame voilée d’une cinquantaine d’années, qui a perdu un enfant pendant la guerre de 2011.

    L’espoir qui fait vivre

    «Rien n’a été fait en ces deux ans de gouvernance du CNG et il est grand temps pour que les mafieux du CNG dégagent», affirme-t-elle. Cette propension qui consiste à considérer les élections d’hier comme une revanche contre le CGN était partagée hier par d’autres électeurs.
    «Nous déplorons surtout le fait que le CGN n’ait pas mis à la disposition du gouvernement des moyens nécessaires pour renforcer la sécurité. Pourtant, le banditisme a atteint des seuils dangereux, même à Tripoli, où des groupes de gangsters armés sévissent en pleine journée, au milieu de la circulation, pour voler des voitures à leurs propriétaires», constate l’homme d’affaires Khaled Abou Aïd.

    «Avec la nouvelle Chambre des députés, nous espérons parvenir à doter le pays de véritables institutions», espère ce jeune homme d’affaires, convaincu de la réussite de la transition en Libye. «Rien n’empêche la Libye de dépasser le niveau des Emirats ou du Qatar. Pourtant, leurs peuples n’ont jamais osé dire non aux monarchies absolues qui les gouvernent», rêve ce fan de Mahmoud Jibril, le leader de l’Alliance des forces nationales.

    Cet espoir est partagé par Hmida Ziglem, un Tripolitain, propriétaire du plus grand magasin d’artisanat à Tripoli. Sa boutique est un passage obligé de tout le monde qui visite la médina tripolitaine. «Je suis venu voter pour couper la route aux obscurantistes qui veulent mettre la main sur la Libye», assure ce cinquantenaire, qui dit avoir «mobilisé sa famille et ses voisins pour la réussite des élections».

    L’exception Derna

    Les échos provenant de la majorité des villes libyennes indiquent que le scrutin s’est déroulé sans incident, un peu partout, même à Benghazi, où le général Khalifa Haftar avait déjà décrété un armistice pour la journée d’hier à la faveur des élections. Toutefois, la ville de Derna constitue une exception.

    Les terroristes d’Ançar Charia interdisent de tenir des élections. Les groupes rigoristes considèrent le recours aux scrutins comme un acte d’apostasie. Là, le Haut Comité national des élections était prévenu. Les quatre sièges de Derna ne seront pas attribués pour le moment. Par ailleurs, les bureaux de vote de Derna ont refusé de recevoir du matériel électoral parce que le gouvernement n’a pas réparé les dégâts occasionnés par les milices rigoristes en février dernier en marge des élections des deux représentants de Derna dans la commission des 60. Ces deux sièges n’ont pas été, encore, affectés.

    En juillet 2012, les milices d’Ançar Charia avaient fini par accepter la tenue des élections à Derna parce que le président du Conseil national de transition, Mustapha Abdeljelil, avait publié, 48 heures avant les élections, un communiqué stipulant que la charia serait appliquée en Libye.

    Mais, depuis, les choses ont changé. Les autorités gouvernementales libyennes n’appliquent pas la charia comme préconisé par les terroristes. Les élections parlementaires se sont, certes, tenues hier en Libye. Mais vu le faible taux de participation, sa légitimité laisserait à désirer et beaucoup de travail resterait sûrement à faire pour installer l’autorité de l’Etat, et pas uniquement à Derna. Pour l’heure, la Libye se contentera donc d’un simple ravalement de façade


    el watan
Chargement...
X