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Qualification de l'Algérie : à Barbès, «on a de la tendresse pour notre pays d’origine»

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  • Qualification de l'Algérie : à Barbès, «on a de la tendresse pour notre pays d’origine»

    REPORTAGE - Le XVIIIe arrondissement de Paris a vibré, drapé de vert et de blanc, après le match nul (1-1) contre la Russie, qui qualifie l'Algérie en 8e.
    Jeudi soir, tout a très mal commencé au...biiiiip - On ne peut pas dire le nom du troquet car le patron n’a pas la licence IV.... Évidemment, on ne parle pas de l’hymne russe, majestueux, qui a irradié Curitiba de sa solennité ni de la tête de Kokorin, non moins splendide, qui a paniqué les Fennecs dès la sixième minute. Non, on parle de la télé, ce petit être à choyer, presque une divinité en ces temps foot addict. A vingt-cinq minutes du coup d’envoi, alors que tous les supporters de l’Algérie attendent la première qualification de leur pays pour les huitièmes de finale d’un Mondial, pan, voilà le poste qui tombe en carafe. Le taulier se fait salement avoiner, normal : «Putain, c’est pire qu’au bled chez toi Kamel ! C’est le match du siècle et toi, TOI, t’es même pas capable d’acheter une télé, espèce de Hmar (âne en arabe, ndlr)».
    Dans ces cas-là, il faut toujours avoir un Bader avec soi. Bader, c’est ce grand échalas de près de 2 mètres, un peu geek, qui vous remet la soirée à l’endroit. Enfin presque... En négociant avec le voisin du haut pour qu’il ouvre sa fenêtre, Bader a réussi à lui choper la wifi. Résultat : 40 Algériens chauds comme des bouillottes sont désormais massés devant un écran d’ordinateur qui coupe toutes les 15 secondes ! Bienvenue à Château-Rouge (Paris XVIIIè, ndlr). Et ce n’est pas fini : vu qu’il fallait mater le match en streaming sur un site pirate, les commentaires étaient en... portugais ! Du velours : Feghouliche pour Slimaniche qui remet à Bèchetaleb.

    Pendant 90 minutes, le spectacle était plus à chercher dans le quartier que sur le pré. Des garçons et des filles drapés de vert et de blanc, des radios qui crachent les commentaires délurés, quasi mystiques, des analystes au pays, et ce chant, un peu nul quand même, one, two, three Viva l’Algérie. Entre la dixième et la soixantième minutes, pas un bruit. La Russie mène et les fans sont archi-crispés. Les jambes s’agitent sous les tables, les bras tombent de dépit. Sur Twitter, les identitaires inondent, seuls, le fil de photos des dispositifs de police déployés dans les grandes villes de France. «C’est vraiment des pauvres types, s’emporte Mohamed, 42 ans, chauffeur-livreur. Ils ne sont pas capables de comprendre qu’on a de la tendresse pour notre pays d’origine. Allez dans une ville où il y a beaucoup de Portugais, vous verrez, eux aussi ont les drapeaux accrochés aux maisons mais là ils ne disent rien.» Son ami, Moussa, 39 ans, venu en bon camarade, opine du chef : «Ils font pitié mais laisse-les dans leur délire, ils se croient importants.» La mi-temps semble durer une éternité.

    Et puis, à l’heure de jeu, le nirvana. Islam Slimani égalise de la tête. Une clameur monte, Barbès s’enflamme. Ca hurle, ça saute, ça crie. Comme un clin d’oeil fait aux procès en patriotisme, l’un s’écrie : «Les bougnoules, en huitième, les bougnoules en huitième !» Tous le reprennent en chœur. Un vieil homme pleure : «C’est la fête, jamais j’aurais cru connaître ça. Allah Akhbar.» Les dernières minutes sont longues comme un jour sans pain. Le commentateur portugais annonce un but belge de Vertongueche (en réalité Vertonghen) : l’Algérie va se qualifier en terminant deuxième de sa poule derrière la Belgique. En huitième, elle affrontera la redoutable Allemagne, avant, qui sait, des retrouvailles enfiévrées avec l’équipe de France.

    Ca y est, c’est fini : la sono fait péter les watt et crache un raï inélégant. Mais l’essentiel n’est pas là. Ahmed regrette de ne pouvoir se rendre au Brésil : «Si, j’avais la thune, je serais à Roissy dès demain. Je pense à ma famille à Béjaïa, ça doit être ouf là-bas». Les klaxons empêcheront les Parisiens du nord de dormir une bonne partie de la nuit. Au loin, des feux d’artifice illuminent la tour Eiffel.

    WILLY LE DEVIN 27 JUIN 2014
    Liberation
    "Je suis un homme et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger", Terence

  • #2

    «Les bougnoules, en huitième, les bougnoules en huitième !»
    scandent les algériens de Barbés à l'égalisation avec la Russie !

    Ca résume tout.

    Enfin un article francais qui nous change des cries racistes et des stigmatisations !

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