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Nass el Ghiwane, 40 ans de chanson protestataire marocaine»

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  • Nass el Ghiwane, 40 ans de chanson protestataire marocaine»

    Le vrai succès du courant du «ghiwanisme» au Maroc fondé dans les années 1970 par le groupe culte Nass El Ghiwane avec, par la suite, le concours d’autres groupes comme Jil Jilala, Lamchaheb et aussi Ousmane, Izenzaren pour le domaine amazigh, est qu’on continue d’en parler inlassablement. Cela du fait qu’il s’agit d’une étape incontournable de la chanson marocaine, du jeu de scène qu’elle implique et des changements profonds qu’elle avait opérés dans le champ culturel marocain. Ces changements ont consisté à faire revivre le patrimoine traditionnel humaniste, mélodie, poésie et fond spirituel à travers l’Aita, le Melhoun et la transe gnaoui, le réinventant au goût du jour, en y découvrant un nouveau sens très actuel, en se faisant voie du peuple, surtout des jeunes, par le biais de la contestation politique et sociale.
    Le nouvel ouvrage de Abdelhaï Sadiq «Nass el Ghiwane, 40 ans de chanson protestataire marocaine» s’inscrit dans la trajectoire de l’intérêt incessant pour cette étape de l’histoire culturelle marocaine et le succès populaire sans précédent qui en fonde la légitimité représentative pour plusieurs générations. Le propre cependant de cet ouvrage c’est d’interroger à nouveau ce succès fulgurant de la «chanson protestataire» comme l’appelle l’auteur parallèlement au mouvement de la chanson au niveau international. A ce propos il note entre autres que l’évolution de l’écriture des Ghiwane est passée par « la prédominance d’un lyrisme nostalgique au désenchantement hésitant entre révolte et fatalisme ».
    L’originalité aussi du livre est qu’il présente 21 chansons de Nass el Ghiwane ayant marqué différentes étapes de l’histoire du groupe de musique depuis 1971, date de la fondation, jusqu’à aujourd’hui où un nouvel album de Nass el Ghiwane « al-Baraka » voit le jour. D’ailleurs deux chansons de ce nouvel album sont reproduites dans le livre « Dir Aqlek » (Sois censé) et « Alhammar » (Le Pilier) avec leur traduction uniquement en français.
    Pour l’ensemble des autres chansons, elles sont présentées avec le texte original en arabe accompagné de la traduction en anglais, espagnol et français. Outre l’auteur Abdelhai Sadiq pour la traduction en français, il y a les traducteurs Tom Bruce-Mitford pour l’anglais et Abdellatid Ouazzani et Juan Asis Palao Gomez pour l’espagnol. Seul Ouazzani traduit en espagnol à partir de l’original alors Gomez et Bruce-Milford le font à partir de la traduction française. Ce n’est pas la première fois que les paroles de chansons de Nass el Ghiwane sont traduites puisque la totalité du répertoire à été traduit en français sous la direction d’Omar Essayed en 2002 ouvrage édité par l’Union de Ecrivains du Maroc. Mais c’est la première fois que la traduction passe vers l’anglais et l’espagnol souligne l’auteur.
    Dans la démarche de Abdelhaï Sadiq, il s’agit d’ouvrir par la traduction, les frontières aux chansons des Ghiwane pour ce qui concerne les paroles des chansons où souvent un discours critique en phase sur les étapes de l’histoire contemporaine du Maroc permettait à chaque fois de susciter de l’écho auprès du grand public marocain qui vivait un malaise profond de désenchantement par rapport aux grandes promesses suscitée à l’indépendance en 1956.
    Il s’agit donc comme relevé plus haut, de vingt et une chansons de Nass el Ghiwane, le chiffre faisant référence au 21 albums sortis pour le célèbre groupe de musique depuis les années soixante-dix jusqu’à aujourd’hui.
    Sadiq retient quatre étapes pour le parcours sur quarante ans d’existence de Nass El Ghiwane. La première va de 1971 à 1978 marquée par l’apport de Boujmaa Hgour dit Boujmii à côté de Laarbi Batma pour les premiers textes ainsi que Omar Essayed, Abdelaziz Tahiri, Mahmoud Saadi, Allal Yaala et Abderrahmane Kirrouche dit Paco. Cette étape est marquée par deux premier albums, «Essiniya» en 1973 et «Ghir khoudouni» en 1974. Un troisième album «Ya Sah» sort en 1975 en hommage à Boujmii mort prématurément l’année précédente. Pendant la décennie 70, il y a eu 25 chansons réparties sur 7 albums de Nass el Ghiwane édités, soit le tiers de la production totale. Une période faste avec des chansons restées inoubliables «Fine ghadi biya», «Allah ya moulana», «Ma hammouni», «Nerjak ana», «Lebtana» etc. La deuxième étape s’étale de 1981 à 1995 avec dix albums comportant 45 chansons, la troisième période de 1999 à 2006 intervient après la disparition de Laarbi Batma en 1997 et le départ de Paco. Autour de Omar Essayed et Allal Yaala, des nouveaux rejoignent le groupe, les deux frères de Laarbi Batma, Rachid Batma et Hamid Batma respectivement depuis 1996 et 2001 et enfin Abdelkrim Chifa depuis 2005. La quatrième période débute selon Sadiq en 2014 et il la qualifie de «chant du cygne» inaugurée par le dernier album «Al Baraka».
    La réflexion sur le courant musical des ghiwane est passionnante et féconde. A. Sadiq qui poursuit cette réflexion depuis des années prépare un autre ouvrage complémentaire sur deux groupes importants du mouvement, Jil Jilala et Lemchaheb.

    «Nass el Ghiwane, 40 ans de chanson protestataire marocaine» de Abdelhaï SADIQ, essai et recueil de chansons de l’arabe en anglais, espagnol et français, Marrakech 2014.

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