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Des soldats traumatisés murmurent à l'oreille des poneys

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  • Des soldats traumatisés murmurent à l'oreille des poneys

    Trois militaires bichonnent des poneys avec une tendresse presque enfantine. L'étonnante scène provient d'une séance de "thérapie avec le cheval" proposée à Metz à des soldats atteints de stress post-traumatique, une première au sein de la Défense en France.

    Le cheval nous renvoie à nos propres angoisses

    "Nous amenons le patient à ressentir des émotions avec le cheval, et cela le fait travailler sur son traumatisme" car "pour être en lien avec le cheval il faut l'être avec soi-même", résume Anne-Laure Lannois, une jeune infirmière de classe normale à l'hôpital militaire Legouest de Metz, et cavalière depuis l'âge de 6 ans.

    Tactile, plein de chaleur et d'odeur évoquant la petite enfance, le cheval est aussi synonyme de force, bien que craintif et grégaire. Ces ambivalences font de lui un être "incontrôlable" qui "nous renvoie à nos propres angoisses", analyse l'infirmière.

    A la thérapeute qui lui demande comment il a choisi son poney Shetland pour la séance du jour, l'un des patients, un jeune soldat au regard fuyant, murmure : "C'est lui qui est venu vers moi. Il avait l'air nerveux, c'est ça qui m'a plu. Je veux voir ma façon de réagir à son côté imprévisible".

    Au début de la thérapie en avril, ce patient "ne pouvait pas parler de son appréhension", confie Mme Lannois. Tous les patients étaient au départ "dans un état très figé, mais il y a du mouvement", les langues se délient peu à peu et des sensations leur reviennent, affirme-t-elle.


    C'est avec la Grande Guerre et son déluge d'obus que les armées modernes ont été confrontées pour la première fois au problème des "pertes psychiques" : des soldats mis hors d'état de combattre, bien qu'indemnes de toute blessure physique. A l'époque en l'absence d'explication scientifique, ces hommes étaient souvent accusés de simuler.

    Des connaissances plus solides de ces troubles ont été établies par les psychiatres militaires soignant des soldats revenus d'Indochine et d'Algérie. En 1992 les pathologies psycho-traumatiques ont été reconnues en France comme des "blessures psychiques" ouvrant droit à réparation.

    Depuis 2011, un millier de cas d'états de stress post-traumatique (ESPT) ont été diagnostiqués et suivis au sein de l'armée française.

    Ils trouvent leurs origines dans un événement particulièrement violent auquel le soldat a été confronté, comme des combats ou des attentats. Pour un militaire blessé psychiquement lors d'une opération extérieure, les symptômes apparaissent souvent de manière différée, au retour au pays, lorsqu'il a quitté l'effet protecteur du groupe.

    "Coincés dans une expérience qui les isole, ces patients sont plongés dans l'indicible", selon le lieutenant Gaëlle Oberlé, psychologue à l'hôpital militaire Legouest.

    Des thérapies qui existent depuis une vingtaine d'années à l'étranger

    Les troubles peuvent prendre des formes variées : syndrome de répétition - quand le patient revit littéralement la scène, dans les mêmes conditions émotionnelles - hyper-vigilance, comportement d'évitement pour se protéger de réactions d'angoisse... Des symptômes anxio-dépressifs ou le développement d'addictions peuvent également masquer un ESPT, selon Céline Barthelemy-Vojacsek, médecin principal et psychiatre à l'hôpital Legouest.

    De nombreuses options existent pour prendre en charge ces pathologies. Cependant "souvent on se retrouvait limité par rapport aux possibilités thérapeutiques classiques" observe la psychiatre.

    C'est elle qui a eu l'idée, avec l'infirmière Lannois, de compléter l'offre existante au sein de l'hôpital par une thérapie avec les chevaux. Elles se sont formées auprès de la Fédération nationale des thérapies avec le cheval (Fentac) pour développer leur projet.

    Avec trois patients sur neuf séances dans la section équestre militaire de Metz, le projet est encore modeste alors que des thérapies similaires pour les soldats existent aux Etats-Unis ou en Israël depuis une vingtaine d'années.

    Mais au vu des premiers succès remarqués, les séances vont être prolongées et l'expérience pourrait être étendue à d'autres hôpitaux militaires. "Si cela éveille l'attention d'autres collègues, tant mieux", glisse le lieutenant Oberlé.



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