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Pourquoi il n'y aura pas de choc pétrolier malgré l'Irak

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  • Pourquoi il n'y aura pas de choc pétrolier malgré l'Irak

    Challenges.fr

    Même si la guerre en Irak fait flamber les prix du baril, un possible recours au pétrole saoudien permettrait aux Occidentaux de gérer leur situation économique fragilisée par leurs dettes. Démonstration.



    Une brutale hausse du cours du brent relancerait les anticipations d'inflation, contraignant du même coup la BCE à remonter son taux directeur. DR Une brutale hausse du cours du brent relancerait les anticipations d'inflation, contraignant du même coup la BCE à remonter son taux directeur. DR


    Depuis des décennies, les dettes occidentales ne cessent de s’accroître. Aux Etats-Unis, par exemple, si l’on additionne la dette publique à la dette privée (ménages et entreprises), le montant est passé de 140% du PIB en 1950, à 240% du PIB en 2014. Cas extrême, la dette totale du Japon qui atteignait déjà 150% du PIB en 1965 a explosé à 400% du PIB aujourd’hui. Pourquoi de tels niveaux sont-ils malgré tout soutenables ? Parce que dans tous les pays occidentaux, les taux d’intérêt à dix ans ont chuté. Aux Etats-Unis, ils ont diminué de 8% dans les années 1990, à 2% actuellement. Du coup, la dette a beau avoir fortement augmenté, elle est devenue bien moins lourde à supporter. Le Japon également a été sauvé par cette baisse des taux d’intérêt, à 0,7% cette année.

    Il n’y a aucune raison pour que les taux augmentent, car l’inflation reste faible. Même dans les pays qui connaissent le plein-emploi, telle l’Allemagne, on n’observe aucune accélération des salaires. S’il n’y a nulle part de risque d’inflation domestique, une crise extérieure géopolitique peut entraîner une hausse des prix du pétrole. C’est le cas en Irak, envahi depuis le début du mois par les djihadistes de l’Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL). Mécaniquement, ce conflit va accroître le prix du baril, donc l’inflation, puis les taux d’intérêt et les difficultés pour les pays occidentaux à rembourser leurs dettes.

    Actuellement, l’Irak produit 3,5 millions de barils par jour : 2,3 millions dans les provinces du sud et 1,2 million au Kurdistan. Si la guerre s’amplifie et que le pays cesse toute production, le prix du baril de pétrole (brent), actuellement autour de 110 dollars, grimperait à 170 dollars. Si le Kurdistan devenait indépendant et continuait à produire, il ne monterait qu’à 150 dollars. La zone euro important 5 points de PIB en énergie – essentiellement du pétrole –, cette hausse du prix du baril entraînerait une augmentation de l’inflation de près de 3 points. Soit une hausse des prix qui atteindrait environ 4% dans la zone euro. La Banque centrale européenne (BCE) élèverait son principal taux directeur, comme elle l’a déjà fait en 2008 lors de l’augmentation du prix du brent. Etant donné les taux d’endettement européens, ce serait une catastrophe.

    Il existe un recours : l’Arabie saoudite. Le pays produit 10 millions de barils par jour, sans être au maximum de ses capacités. Il peut facilement en produire 2 millions de plus. Si l’Irak n’arrête pas totalement sa production, mais la diminue simplement, jusqu’à ce seuil de 2 millions de barils, la situation reste alors gérable pour les Occidentaux. La hausse du prix du pétrole ne fera alors pas exploser les dettes.

    Patrick Artus, directeur de la recherche économique de Natixis
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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