Général Amin Hoteit: Quels sont les buts de la mise en scène de l’invasion de l’Irak par l’EIIL ?
1. Général Hoteit, ne craignez-vous pas que Daech [EIIL : État Islamique en Irak et au levant] se déplace au Liban ?
Quels sont les buts de la mise en scène de l’invasion de l’Irak par l’EIIL ?
1. Général Hoteit, ne craignez-vous pas que Daech [EIIL : État Islamique en Irak et au levant] se déplace au Liban ?
Considérons les événements tels qu’ils sont et ne tombons pas dans les pièges des médias occidentaux qui nous laissent à penser que Daech est ce géant nanti d’une force contre laquelle nous ne pourrions résister. Ce n’est pas vrai.
2. Comment cela ?
Nous disposons de suffisamment de renseignements sur les forces de cette organisation. Les évènements qui se sont succédés m’ont conduit à rédiger, il y a quelques jours, un article que j’ai intitulé « Mossoul : une mise en scène daechienne » [1]. Car nous avons bel et bien assisté à une mise en scène !
Savez-vous que 25 000 hommes de la police et de l’armée de l’État irakien étaient présents à Mossoul et que Daech ne comptait que 500 combattants ? Par conséquent, ce qui s’est passé à Mossoul n’était pas une guerre, mais un cas de trahison et de capitulation associé à une guerre médiatique menée par les chaines TV Al-Jazeera [qatarie] et Al-Arabiya [saoudienne], lesquelles chaines ont annoncé la capitulation de Mossoul six heures avant sa chute réelle ! Ceci, exactement comme elles avaient procédé pour Bab al-aziziya en Libye, annonçant la défaite de Mouammar Kadhafi trois jours avant qu’il ne tombe et sa mort trois jours avant qu’il ne soit assassiné.
Il faut savoir qu’en cas de « guerre psychologique », la règle veut qu’une bonne partie de la population, plongée dans le «brouillard médiatique», attend de savoir qui est le plus fort pour décider de quel côté se ranger. Il était donc évident que si les Irakiens des régions à prédominance sunnite des quatre provinces concernées [Ninawa, Salah Ad Din, Diyala, et Al-Anbar] avaient su que les forces attaquantes de Daech ne comptaient que 500 éléments face à 25 000, ils ne se seraient jamais résignés à leur servir de « couveuse ». Il fallait donc « exagérer » les forces de Daech pour en arriver à la situation souhaitée avant que le brouillard des médias complices ne se dissipe.
Daech, en tant qu’organisation, a été créée en Irak en 2004. Lorsque l’« incendie arabe » a été déclenché en Tunisie fin 2010, elle est restée cantonnée en Irak où elle a fini par compter, au grand maximum, 5200 éléments. Daech n’a été expédiée en Syrie qu’après le premier véto sino-russe d’Octobre 2011 et une fois que « Jabhat al-Nosra », créée spécialement pour alimenter la crise syrienne, s’est révélée incapable de renverser le gouvernement en place.
Il est de notoriété publique que Daech et Jabhat al-Nosra sont liées à l’organisation Al-Qaïda, elle-même créée par l’administration américaine, de l’aveu même de Mme Hilary Clinton [2]. C’est en Syrie que Daech est passée de 5200 à 7000 éléments en 2012, alors qu’elle en compte aujourd’hui 15 000 contre 10 000 en Irak, d’où 25 000 combattants au total.
3. Et voilà que Daech et Jabhat al-Nosra se battent en Syrie !
Non… tout cela relève de la « tactique » du maestro qui mène le jeu. Ainsi, nous avons appris ce midi [25 Juin] qu’à Abu Kamal [localité frontalière entre la Syrie et l'Irak] Al-Nosra a été obligée de déclarer son allégeance à Daech [3], pour la doter d’une « puissance cumulée » et faciliter sa besogne dans les provinces irakiennes. Et ceci, parce que le terrain principal de cette guerre s’est déplacé en Irak.
4. Qui commande Daech ?
C’est toujours le même maestro qui pense que le « contrat sécuritaire américano-irakien » qu’il a conçu [4][5], fera de l’Irak une colonie américaine qu’il dirigerait à distance depuis Washington. Mais il se trouve que trois ans après le retrait américain, l’Irak a cherché sa route, dictée par sa condition géopolitique ; autrement dit, celle qui le mène à une certaine harmonisation avec l’Iran et la Syrie. Résultat : les Américains sont furieux que l’Irak se rapproche de l’axe qui lui résiste, et les Pays du Golfe sont encore plus furieux contre Al-Maliki qui refuse de se plier à leurs diktats.
Ce qui s’est passé en Irak, est la conséquence de leur échec en Syrie ; surtout qu’Obama a sonné le glas de la prétendue opposition syrienne [sur CBS], en admettant publiquement qu’« il n’y a pas d’opposition syrienne capable de renverser le Président Al-Assad » [6].
L’administration américaine a donc admis son échec en Syrie, mais n’a pas abandonné son plan initial. Nuance ! Elle s’est donc déplacée vers l’Irak où ses intérêts se sont recoupés avec ceux de l’Arabie saoudite d’une part, du Qatar et de la Turquie d’autre part ; lesquels ont mis leurs désaccords de côté car ils se sont tous trouvés confrontés à une même catastrophe et à une même urgence : empêcher l’Irak de rejoindre le front du refus et donc, l’axe de la Résistance.
La question est : comment ont-ils procédé pour l’en empêcher ? Al-Maliki faisant partie de l’« Alliance nationale irakienne » habilitée, selon la Constitution, à former le gouvernement, ils lui ont mis en scène l’invasion daechienne ! Mais, aujourd’hui, nos renseignements disent que plus du tiers des sunnites de Mossoul et d’ailleurs se sont retournés, en à peine 24 heures, contre cette engeance qui a déplacé 750 000 des leurs ; ce qui correspond à un sunnite sur sept, le nombre de sunnites irakiens oscillant entre 5,5 et 6 millions.
Cette mise en scène daechienne a donc deux raisons : l’échec subi en Syrie, et aussi la lutte pour le pouvoir. Terroriser Al-Maliki ainsi que les membres de la coalition autorisée à décider de la Constitution et du Gouvernement, devrait permettre de proposer un gouvernement qui négligerait les résultats des dernières élections législatives. D’où la proposition d’un « Gouvernement de salut national » présentée par John Kerry [7][8].
Ce que suppose la proposition de John Kerry c’est, en effet, de mettre de côté les résultats des dernières élections législatives remportées par le bloc Al-Maliki et de distribuer le pouvoir à égalité entre les chiites, les sunnites et les kurdes; donc, sur une base confessionnelle et ethnique ! Ce qui reviendrait à un tiers pour les chiites [60 à 65% de la population], un tiers pour les sunnites [15 à 18% de la population], et un tiers pour les Kurdes [< 20% de la population]. Résultat : les deux-tiers sunnite et kurde sont aux mains des Pays du Golfe et des USA. Et, c’est le but de cette mise en scène en Irak !
reseauinternational
Sources : Synthèse de 2 interventions
25/06/2014 : Vidéo TV libanaise ANB
26/06/ 2014 : Article Al-Binaa
Transcription et Traduction par Mouna Alno-Nakhal
1. Général Hoteit, ne craignez-vous pas que Daech [EIIL : État Islamique en Irak et au levant] se déplace au Liban ?
Quels sont les buts de la mise en scène de l’invasion de l’Irak par l’EIIL ?
1. Général Hoteit, ne craignez-vous pas que Daech [EIIL : État Islamique en Irak et au levant] se déplace au Liban ?
Considérons les événements tels qu’ils sont et ne tombons pas dans les pièges des médias occidentaux qui nous laissent à penser que Daech est ce géant nanti d’une force contre laquelle nous ne pourrions résister. Ce n’est pas vrai.
2. Comment cela ?
Nous disposons de suffisamment de renseignements sur les forces de cette organisation. Les évènements qui se sont succédés m’ont conduit à rédiger, il y a quelques jours, un article que j’ai intitulé « Mossoul : une mise en scène daechienne » [1]. Car nous avons bel et bien assisté à une mise en scène !
Savez-vous que 25 000 hommes de la police et de l’armée de l’État irakien étaient présents à Mossoul et que Daech ne comptait que 500 combattants ? Par conséquent, ce qui s’est passé à Mossoul n’était pas une guerre, mais un cas de trahison et de capitulation associé à une guerre médiatique menée par les chaines TV Al-Jazeera [qatarie] et Al-Arabiya [saoudienne], lesquelles chaines ont annoncé la capitulation de Mossoul six heures avant sa chute réelle ! Ceci, exactement comme elles avaient procédé pour Bab al-aziziya en Libye, annonçant la défaite de Mouammar Kadhafi trois jours avant qu’il ne tombe et sa mort trois jours avant qu’il ne soit assassiné.
Il faut savoir qu’en cas de « guerre psychologique », la règle veut qu’une bonne partie de la population, plongée dans le «brouillard médiatique», attend de savoir qui est le plus fort pour décider de quel côté se ranger. Il était donc évident que si les Irakiens des régions à prédominance sunnite des quatre provinces concernées [Ninawa, Salah Ad Din, Diyala, et Al-Anbar] avaient su que les forces attaquantes de Daech ne comptaient que 500 éléments face à 25 000, ils ne se seraient jamais résignés à leur servir de « couveuse ». Il fallait donc « exagérer » les forces de Daech pour en arriver à la situation souhaitée avant que le brouillard des médias complices ne se dissipe.
Daech, en tant qu’organisation, a été créée en Irak en 2004. Lorsque l’« incendie arabe » a été déclenché en Tunisie fin 2010, elle est restée cantonnée en Irak où elle a fini par compter, au grand maximum, 5200 éléments. Daech n’a été expédiée en Syrie qu’après le premier véto sino-russe d’Octobre 2011 et une fois que « Jabhat al-Nosra », créée spécialement pour alimenter la crise syrienne, s’est révélée incapable de renverser le gouvernement en place.
Il est de notoriété publique que Daech et Jabhat al-Nosra sont liées à l’organisation Al-Qaïda, elle-même créée par l’administration américaine, de l’aveu même de Mme Hilary Clinton [2]. C’est en Syrie que Daech est passée de 5200 à 7000 éléments en 2012, alors qu’elle en compte aujourd’hui 15 000 contre 10 000 en Irak, d’où 25 000 combattants au total.
3. Et voilà que Daech et Jabhat al-Nosra se battent en Syrie !
Non… tout cela relève de la « tactique » du maestro qui mène le jeu. Ainsi, nous avons appris ce midi [25 Juin] qu’à Abu Kamal [localité frontalière entre la Syrie et l'Irak] Al-Nosra a été obligée de déclarer son allégeance à Daech [3], pour la doter d’une « puissance cumulée » et faciliter sa besogne dans les provinces irakiennes. Et ceci, parce que le terrain principal de cette guerre s’est déplacé en Irak.
4. Qui commande Daech ?
C’est toujours le même maestro qui pense que le « contrat sécuritaire américano-irakien » qu’il a conçu [4][5], fera de l’Irak une colonie américaine qu’il dirigerait à distance depuis Washington. Mais il se trouve que trois ans après le retrait américain, l’Irak a cherché sa route, dictée par sa condition géopolitique ; autrement dit, celle qui le mène à une certaine harmonisation avec l’Iran et la Syrie. Résultat : les Américains sont furieux que l’Irak se rapproche de l’axe qui lui résiste, et les Pays du Golfe sont encore plus furieux contre Al-Maliki qui refuse de se plier à leurs diktats.
Ce qui s’est passé en Irak, est la conséquence de leur échec en Syrie ; surtout qu’Obama a sonné le glas de la prétendue opposition syrienne [sur CBS], en admettant publiquement qu’« il n’y a pas d’opposition syrienne capable de renverser le Président Al-Assad » [6].
L’administration américaine a donc admis son échec en Syrie, mais n’a pas abandonné son plan initial. Nuance ! Elle s’est donc déplacée vers l’Irak où ses intérêts se sont recoupés avec ceux de l’Arabie saoudite d’une part, du Qatar et de la Turquie d’autre part ; lesquels ont mis leurs désaccords de côté car ils se sont tous trouvés confrontés à une même catastrophe et à une même urgence : empêcher l’Irak de rejoindre le front du refus et donc, l’axe de la Résistance.
La question est : comment ont-ils procédé pour l’en empêcher ? Al-Maliki faisant partie de l’« Alliance nationale irakienne » habilitée, selon la Constitution, à former le gouvernement, ils lui ont mis en scène l’invasion daechienne ! Mais, aujourd’hui, nos renseignements disent que plus du tiers des sunnites de Mossoul et d’ailleurs se sont retournés, en à peine 24 heures, contre cette engeance qui a déplacé 750 000 des leurs ; ce qui correspond à un sunnite sur sept, le nombre de sunnites irakiens oscillant entre 5,5 et 6 millions.
Cette mise en scène daechienne a donc deux raisons : l’échec subi en Syrie, et aussi la lutte pour le pouvoir. Terroriser Al-Maliki ainsi que les membres de la coalition autorisée à décider de la Constitution et du Gouvernement, devrait permettre de proposer un gouvernement qui négligerait les résultats des dernières élections législatives. D’où la proposition d’un « Gouvernement de salut national » présentée par John Kerry [7][8].
Ce que suppose la proposition de John Kerry c’est, en effet, de mettre de côté les résultats des dernières élections législatives remportées par le bloc Al-Maliki et de distribuer le pouvoir à égalité entre les chiites, les sunnites et les kurdes; donc, sur une base confessionnelle et ethnique ! Ce qui reviendrait à un tiers pour les chiites [60 à 65% de la population], un tiers pour les sunnites [15 à 18% de la population], et un tiers pour les Kurdes [< 20% de la population]. Résultat : les deux-tiers sunnite et kurde sont aux mains des Pays du Golfe et des USA. Et, c’est le but de cette mise en scène en Irak !
reseauinternational
Sources : Synthèse de 2 interventions
25/06/2014 : Vidéo TV libanaise ANB
26/06/ 2014 : Article Al-Binaa
Transcription et Traduction par Mouna Alno-Nakhal
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