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Foot, islamisme et vidéo

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  • Foot, islamisme et vidéo

    L’entraîneur et l’équipe algérienne ont perdu avec les honneurs. Dans les prolongations des huitièmes de finale. Elle revient avec un résultat “historique”, pour reprendre cette qualification galvaudée, qui ne manquera pas d’être logiquement fêtée. Mais qui permettra aussi au pouvoir de se distribuer les dividendes politiques. Avec le Ramadhan comme contexte de cette glorieuse défaite, l’islamisme aura eu droit à sa part de propagande.
    C’est une coïncidence, mais, avant-hier, le monde musulman s’est justement donné un calife, littéralement “successeur… du prophète”. Pour le coup, l’événement est bien “historique”. L’islamisme confirme qu’il est affecté par les mêmes velléités expansionnistes transfrontalières que le panarabisme syrien (au Liban) et irakien (au Koweït) qu’il veut chasser.
    La précarité politique des États du Moyen-Orient était contenue dans la méthode qui a conduit à leur naissance. En établissant le découpage territorial de la région, en 1926, les Britanniques et les Français n’ont guère pris en compte les réalités culturelles diverses. Les accords Sykes-Picot sont d’abord de “petits arrangements entre amis”. La méthode et son résultat préfiguraient leur remise en cause ultérieure.

    Pour dérisoire et virtuelle que soit la mise sur pied d’une théocratie islamique par une armée de légionnaires fanatisés, l’événement en soi illustre l’état de délabrement culturel du monde arabe. Comme tous les pays “arabes” et musulmans, l’Algérie est représentée dans l’armée du califat.
    Avec quelque cinq cents éléments. Là, on peut, à raison, parler d’une équipe représentant le monde arabe et musulman ! Tous les pays y comptent leurs légionnaires.

    Signe des temps, et qui montre que rien, en “histoire”, n’est le fait du hasard : c’est la première fois, dans le monde, qu’une équipe nationale de football est accompagnée d’un prêcheur.

    Ainsi – disait-on – jusqu’à hier, l’imam de Staouéli, et donc du Club-des-Pins, en mission au Brésil, n’arrivait-il pas à imposer une position unique sur le rapport entre le jeûne et le foot.

    En 1986, la Coupe du monde organisée par le Mexique s’était passée dans les mêmes conditions que celles, actuelles, au Brésil. Mais la question du jeûne des joueurs ne s’y posa point.

    Et les Algériens ne se préoccupaient pas alors de savoir si les performances de leur équipe étaient halal ou pas. La médiatisation de la foi des personnes publiques est une invention de la propagande intégriste. Elle vient concurrencer la manipulation politicienne du sport de compétition.

    Avec force images et séquences de joueurs se prosternant après le but, accroupis attentifs aux orientations de l’imam ou dans la posture qui convient à l’intense recueillement, le concepteur du message suggère aux jeunes supporters de faire le lien entre l’image de nos pieux chevaliers de la balle et la réussite.

    Sauf que la vidéo ne recrute pas que de futurs footballeurs. Après la Coupe du monde, le califat, lui, poursuivra sa promotion numérique.
    Pour revenir à nos représentants en Coupe du monde, disons-leur : même si votre performance ne reflète pas le lamentable état du football et du sport en général, bravo les Verts !

    Mustapha Hammouche- Liberté
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