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L’ex-ministre de l’énergie, Belkacem Nabi, nous quitte- Parcours atypique d’un politique controversé

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  • L’ex-ministre de l’énergie, Belkacem Nabi, nous quitte- Parcours atypique d’un politique controversé

    Un homme s’en va. Plus qu’un témoin, un acteur de la création de l’industrie pétrolière algérienne s’en va en silence. Un départ qui sonne une fois de plus le glas d’une époque.


    Nulle oraison funèbre, nul hommage officiel ne viennent pourtant saluer le parcours atypique de Belkacem Nabi, qui a présidé aux destinées du secteur de l’énergie durant presque une décennie. Si peu d’entre les jeunes générations le connaissent, il faut dire que bien plus que l’homme, le politique est controversé. Nommé ministre de l’Energie et des Industries pétrochimiques en mars 1979, poste qu’il occupa jusqu’en 1988 avant de céder sa place à Sadek Boussena, Belkacem Nabi a surtout porté le fardeau d’une nomination à la tête d’un secteur-clé dans le sillage d’une période trouble, marquée par de violentes purges au sein même du sérail, à la mort du président Houari Boumediène et à l’avènement de Chadli Bendjedid. Si sur le plan politique, la purge a touché certains ténors à l’image de Kasdi Merbah, Abdelaziz Bouteflika et Mohamed Salah Yahiaoui, sur le plan de l’économie, une profonde «déboumediénisation» a été entamée.
    Les actions de Abdelhamid Brahimi dès sa nomination au ministère de la Planification et, par la suite, à la chefferie du gouvernement abondaient justement dans ce sens.

    Belkacem Nabi fut, à tort ou à raison, associé à cette démarche. Le fait est que dès son arrivée à la tête du secteur, de profonds changements ont marqué l’organisation de Sonatrach, se traduisant par des limogeages en série, d’abord de Sid Ahmed Ghozali, connu à l’époque comme étant l’artisan des réussites de Sonatrach et celui ayant sorti de l’anonymat des dizaines de pionniers de l’industrie pétrolière algérienne.Et puis, de nombreux cadres de Sonatrach à la compétence avérée, à l’image de Nourredine Aït Laoussine, sacrifiés aux nouveaux dieux du sérail, dont le pouvoir ne saurait s’affirmer sans couper des têtes pour en faire émerger de nouvelles.

    Des témoins de l’époque affirment aussi que, bien que doté de qualités certaines, l’homme n’est nullement infaillible. Belkacem Nabi aurait d’ailleurs été victime de la haine viscérale qu’il vouait à son prédécesseur, Belaïd Abdeslam. Ce dernier ne s’est d’ailleurs pas gêné pour lui organiser une propagande autour des erreurs ayant émaillé le parcours de Belkacem Nabi.

    Celui qui a connu une période faste l’ayant conduit à prendre certaines décisions a dû, par la suite, faire face au retournement du marché après le choc pétrolier de 1986. Ses détracteurs lui reprochaient d’ailleurs le gel du plan Valhyd et par la même occasion certains investissements dans l’exploration et l’exploitation, à tel point qu’au retournement du marché, les ressources manquaient pour pallier à la chute vertigineuse des prix. Ils lui reprochaient aussi la remise en cause de certains contrats gaziers notamment celui d’El Paso qui, sous le couvert d’une bataille gazière, aurait débouché sur une «débâcle gazière».

    Accusations dont l’ancien ministre a eu à se défendre il y a quelques années, dans une lettre publiée par El Watan et dans laquelle il expliquait que, contrairement à ce qui est colporté, «Sonatrach a gagné des centaines de millions de dollars dans les procès qu’elle a intentés à certains clients de GNL étrangers défaillants».Et d’ajouter que la remise en cause du plan Valhyd était justifiée par le souci de préserver les ressources en hydrocarbures pour les générations futures et limiter l’endettement extérieur du pays.

    Cela ne fait aucun doute, Belkacem Nabi, tout comme Belaïd Abdeslam, a marqué les esprits. Se proches préfèrent, eux, s’attarder sur les qualités de l’homme et du haut fonctionnaire qu’il était. Ils retiendront de lui cet homme ayant développé la fibre artistique et cultivait l’amour de la peinture, réalisant des toiles à ses moments perdus.

    Accomplissements et faiblesses

    Cet homme de positions fortes ayant toujours refusé de se renier ou de renier les membres de sa famille ciblés par les attaques les plus virulentes sur certains de leurs choix de vie jugés sulfureux.
    Belkacem Nabi, détenteur d’un diplôme d’ingénieur, ayant troqué des postes de responsabilité dans l’industrie pétrolière en France pour rejoindre la fédération de France, avant de participer au Maroc à l’élaboration du dossier de négociations pétrolières dans le cadre des Accords d’Evian. Celui qui a eu à présider dès 1965 la Société nationale de recherche et d’exploitation pétrolière en Algérie, a contribué, sous la présidence de Ben Bella, à la création de nombreuses institutions et organismes comme Sonatrach, le Centre algérien des hydrocarbures et du textile et la raffinerie d’Alger.

    Ses compétences lui ont permis d’occuper de nombreuses fonctions en prenant, dès 1968, le dossier du financement du premier plan quadriennal, avant de devenir entre 1970 et 1974 wali de Tlemcen. Il occupa même les fonctions de conseiller à la présidence de la République du temps de Boumediène. Aussi, si certains lui reprochent une approche pro-française durant son passage à la tête du département de l’Energie, il a surtout brillé, selon certains témoignages, par son approche anti-américaine. Des témoins voient en Belkacem Nabi un négociateur chevronné qui ne se sera jamais fait avoir au sein de l’OPEP par les manœuvres saoudiennes.

    C’est ainsi que grâce à lui, le condensat n’a pas été comptabilisé dans les quotas de l’OPEP et l’Algérie peut bénéficier aujourd’hui de quotas plus importants. Il a aussi contribué et travaillé, dans le cadre de l’OPAEP, à l’indexation des prix du gaz sur ceux du pétrole et des produits pétroliers. Il a aussi et surtout été l’artisan de la loi 86-14 ayant introduit les contrats de partage de production et a relancé les investissements dans le secteur, au moment où il pâtissait du retournement du marché.

    Enfin, dès son arrivée à la tête du département de l’Energie, Belkacem Nabi a contribué à la subdivision du domaine minier en blocs et non plus en permis, ce qui permit aux autorités algériennes de définir de manière précise la gestion du domaine minier national et de ne plus dépendre des desiderata des partenaires potentiels. De même que c’est durant l’ère Nabi que la fiscalité pétrolière a été redéfinie selon des limites géographiques, empêchant ainsi toute renégociation de l’impôt pétrolier et des redevances dans des contrats d’association.
    Un décret a d’ailleurs été publié à ce sujet, lequel est en vigueur jusqu’à aujourd’hui.

    Roumadi Melissa
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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