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MAROC :Agrumes La contrebande exploite le filon africain

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  • MAROC :Agrumes La contrebande exploite le filon africain

    400 tonnes d’oranges sont expédiées chaque jour
    Des sacs bondés de billets de banque rapatriés
    Le trafic porte sur les écarts de triage
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    LES professionnels soupçonnaient le phénomène, mais n’en mesuraient pas l’ampleur. Le trafic illicite des fruits et légumes vers l’Afrique a pris en effet des proportions inquiétantes.
    Dans le sillage, les chiffres officiels ignorent bien évidemment ce trafic. Mais relèvent néanmoins l’explosion de 70% du volume global de l’export des fruits et légumes frais et transformés sur les quatre dernières années. Il est ainsi passé de 9.400 tonnes en 2009 à plus de 16.000 en 2013 selon les statistiques de l’Etablissement autonome de contrôle et de coordination des exportations (Eacce). Sur ce volume, les conserves de produits agricoles représentent les trois quarts qui restent destinés à cinq pays: la Mauritanie, la Côte d’Ivoire le Sénégal, le Mali et le Burkina Faso. Mais le nœud du problème se situe plutôt au niveau des fruits et légumes à l’état frais.

    En l’espace de quatre années, leur export est passé de 260 à 2.000 tonnes. Et ce n’est que la partie visible de l’iceberg, puisque le gros des expéditions passe par les circuits de la contrebande, avec à la clé des produits non normalisés. L’alerte a été donnée récemment par l’Association des conditionneurs d’agrumes du Maroc. Des centaines de tonnes d’oranges sont en effet expédiées chaque jour vers l’Afrique subsaharienne via la Mauritanie. Des volumes constitués des écarts de triage. Ce qui est théoriquement interdit à l’exportation. Car même les lots d’oranges exportés ailleurs en Europe sous la désignation «à usage industriel» sont soumis aux règles de calibrage…

    Comment expliquer alors le laisser-aller affiché par l’Eacce? Avec toutes les conséquences que cela engendre sur l’image de marque de l’origine Maroc. Les chiffres qu’il publie occultent-ils sciemment le phénomène? En tout cas, l’organisme de contrôle met dans le même panier tous les produits végétaux frais et transformés alors que, de source professionnelle, pas moins de 400 tonnes partent chaque jour de la région d’Agadir à destination du continent. En retour, ce sont des sacs de billets de banque, toutes devises confondues, qui sont rapatriés.
    Comment aussi expliquer le peu de vigilance des services de douane face à ce trafic qui se réalise par de longs poids lourds?

    Quoi qu’il en soit, l’informel est monté beaucoup plus en puissance par rapport aux circuits structurés. A tel point que nombreux sont les trafiquants qui s’approvisionnent désormais directement auprès des producteurs via l’achat de récoltes sur pieds, alors qu’ils se contentaient auparavant des écarts de triage achetés auprès des stations de conditionnement. «C’est peut-être le facteur décisif qui a fait sortir de leurs gonds les conditionneurs qui crient aujourd’hui au scandale, vu le manque à gagner», ironise un producteur.

    En tous cas, les agrumiculteurs sont maintenant fixés sur le sort des volumes faramineux censés être «absorbés» par le marché local. Sur les trois dernières années, la part exportée n’a guère dépassé le quart de la production. Ce qui dégage des quantités se situant entre 1,2 et 1,6 million de tonnes pour la consommation intérieure. «C’est trop»! estiment les producteurs qui n’hésitaient pas à exprimer des doutes sur la fiabilité des statistiques de production des agrumes établies par le ministère de l’Agriculture.

    Car, malgré l’importance des volumes, les prix de vente ont tendance à se stabiliser à des niveaux élevés. Sans commune mesure avec un disponible pléthorique. A titre d’exemple, cette année, ce disponible s’élève à 1,65 million de tonnes contre 1 million la campagne précédente. Mais la tendance des prix est restée orientée à la hausse. Ce qui est aussi prohibitif pour l’approvisionnement des usines de jus. Et cela ne date pas d’aujourd’hui. A tel point que le Maroc importe chaque année l’équivalent de 50.000 tonnes d’agrumes sous forme de concentré et de jus. Un grand pas en arrière pour un pays qui exportait, il y a à peine deux décennies, entre 60.000 et 100.000 tonnes de concentré d’agrumes! -

    l'économiste
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